Il y a le calendrier de l'Avent... et les lutins farceurs. Les parents sont de plus en plus nombreux à mettre en scène ces petites figurines pour divertir leurs enfants jusqu'au 24 décembre. Une tradition assez récente qui puise ses racines dans des contes populaires normands.
Un lutin caché dans le réfrigérateur, un autre suspendu au plafond par le pied d'un pantalon, un troisième en plein atelier cadeau... À la nuit tombée, Julie met en scène sa tribu de lutins farceurs dans les pièces de sa maison, à Ourville-en-Caux. "Il ne faut pas avoir peur du ménage. Pour le bouquet final du 24 décembre, je vais retourner tous les meubles du salon", plaisante la mère de famille.
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Tendance récente, contes anciens
C'est sur les réseaux sociaux que Julie a repéré la tendance. Le but ? Imaginer des farces chaque jour pour occuper les enfants avant Noël.
Alors depuis deux ans, la jeune femme étoffe sa collection de figurines. Elle possède désormais huit lutins, achetés en grande surface. "Ma motivation c'est de voir ma petite fille émerveillée au réveil. C'est une manière simple d'apporter de la gaieté dans notre quotidien", explique la maman de quatre enfants qui partage cette passion avec sa belle-sœur.
Sur internet, Julie poste régulièrement des photos de ses "bêtises" comme des centaines d'autres parents. Cette activité en vogue tire ses racines dans des traditions anciennes. En Normandie, ces récits de lutins farceurs ont été recueillis pour la première fois au XIXème siècle. Ils étaient à l'époque surnommés les gobelins, une espèce fantasmagorique très présente dans l'imaginaire populaire.
De tous temps, les lutins ont fait l'objet de croyances populaires et très répandues en Europe.
Rémi PézerilPrésident de la FALE
“On sait que traditionnellement les gobelins font des farces. Pendant la nuit, ils vont tirer les draps des gens ou salir la vaisselle dans la cuisine. On raconte parfois qu'ils gardent un trésor secret”, explique Rémi Pézeril, président de la Fédération des associations pour la langue normande.
Des créations "farfelues"
Dans la culture anglo-saxonne, ces lutins farceurs débarquent dans les maisons quelques jours avant la fête de Thanksgiving, fin novembre. Selon la tradition, ils seraient envoyés par le père Noël pour surveiller le comportement des enfants jusqu'au 24 décembre, date à laquelle les petits émissaires ont pour mission de retourner en Laponie. S'ils dorment la journée, ils occupent leur nuit à faire des farces.
"Les clients ont accroché dès la première année. À l’époque, on n'en trouvait pas encore dans les supermarchés. J'étais en rupture de stock", se souvient Marianne Lavigny, qui vend des lutins farceurs sur sa boutique en ligne "La fée cotentine". Trois ans plus tard, la vente de ces figurines s'est démocratisée dans les magasins de hard discount, relançant de plus belle la tendance en France.
Les lutins farceurs ajoutent une magie de plus à Noël. Les parents reviennent en acheter chaque année.
Marianne LavignyCommerçante
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"Les parents ont des envies parfois farfelues. J'ai déjà fabriqué des lits en bois, des skis ou encore des luges pour les lutins farceurs", témoigne la commerçante manchoise, qui a vendu une trentaine d'exemplaires cet hiver. Marianne accompagne les jouets d'une étiquette en bois personnalisée au nom de l'enfant. Une manière simple et ludique de réinventer "la magie de Noël" pour le plaisir des petits et des grands enfants.