Témoignage. "On fait comme on peut, on n'a pas le choix". Goderville, privée d'eau potable depuis cinq semaines

Publié le Écrit par Myriam Libert
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Les 3000 habitants de Goderville en Seine-Maritime sont privés d'eau potable depuis les fortes précipitations du 30 octobre dernier. Cinq longues semaines de restrictions, et peut-être enfin le bout du tunnel. Les élus réfléchissent à des alternatives pour pallier le manque d'eau : disposer d'un autre réseau, ou d'une unité mobile.

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"Une distribution, c'est 30 palettes, et on fait deux à trois distributions par semaine" comptabilise le maire de Goderville Frédéric Carlière. Trois bouteilles d'eau par jour et par personne, voilà de quoi subsister pour les 3000 habitants de cette petite commune du pays de Caux en Seine-Maritime, en attendant le rétablissement de la situation sanitaire. Depuis le 30 octobre dernier, dates des fortes précipitations et de la survenue de la turbidité de l'eau du robinet dans la région, les habitants de la communauté de communes Campagne de Caux étaient privés d'eau potable. Restrictions levées ces jours-ci par l'Agence Régionale de Santé pour l'ensemble des communes, à l'exception de Goderville qui entame sa cinquième semaine de privation.

"On fait comme on peut, on n'a pas le choix"

Les habitants et les commerçants s'organisent comme ils peuvent. À la boulangerie-pâtisserie "Aux Grands Gourmands", on ne baisse pas les bras. Chaque jour la communauté de communes leur livre 70 litres d'eau pour la confection du pain et autres pâtisseries. "On fait tout à l'eau minérale, on fait comme on peut, on n’a pas le choix. Mais on s'en sort bien !" explique calmement Julie Grancher la femme du boulanger. Même situation dans les écoles de la commune, où le personnel cuisine à l'eau de source. "Tous les fruits et légumes sont lavés et désinfectés avec de l'eau en bouteille, ce qui demande beaucoup de manutention. Au niveau de la cuisine aussi, quand on fait du riz ou des pâtes ça demande une quantité astronomique d'eau. Pour des pâtes, c'est 250 litres d'eau ! On utilise plus de deux palettes d'eau par semaine !" indique Jean-Michel Bouxin, chef de cuisine au collège André Gide de Goderville.
"Il commence tout de même à y avoir un petit ras-le-bol, poursuit Frédéric Carlière, quand on est dans l'urgence c'est compréhensible, là ça fait 5 semaines, les gens ont du mal à comprendre que ça dure aussi longtemps".

100 000 euros de dépenses en eau

La commune de Goderville est reliée au captage de Bec de Mortagne, un équipement vieillissant, et récemment endommagé par la tempête. Les filtres ont été bouchés par les torrents de boue, et leur changement va prendre un certain temps. Pourtant, les années passées, Goderville a toujours été épargnée par les épisodes de turbidité.
La communauté de communes Campagne de Caux cherche des solutions, d'autant que les distributions d'eau de source à la population ont déjà coûté 100 000 euros depuis le 30 octobre. 
David Fleury, vice-président en charge de l'eau et de l'assainissement, réfléchit depuis longtemps avec les autres élus, pour contrer les problèmes de turbidité de l'eau dans le secteur. Pour l'heure, il faut surtout gérer l'urgence. "Sur le très court terme, on travaille avec le syndicat de Fécamp Sud-Ouest pour qu'ils puissent nous secourir en eau potable pour la commune de Goderville, toujours impactée à ce jour. Nos délégataires respectifs parlementent sur les volumes, on espère avoir une réponse pour la fin de semaine avec un retour à la normale pour lundi".
À plus long terme, Campagne de Caux travaille avec Caux Seine Agglo sur un projet de construction, dans quatre ans, d'une usine de traitements de pesticides et de turbidité. Quatre ans, la durée peut sembler longue pour les habitants du secteur. C'est pourquoi la communauté de communes Campagne de Caux s'apprête à mettre en service une unité de traitements mobile et provisoire qui pourrait être installée d'ici à un trimestre.
Il y a urgence, selon David Fleury, qui n'imagine pas devoir, à chaque épisode de fortes pluies et de turbidité, distribuer des tonnes de litres d'eau en bouteilles à la population.

"L'eau paye l'eau" poursuit l'élu. La facture d'eau des abonnés devra payer tous les investissements et fonctionnements du service des eaux. Il faut donc s'attendre à une répercussion sur le prix de l'eau au mètre cube. Un prix qui est actuellement l'un des plus bas de la pointe de Caux.

En parallèle de ces projets, la communauté de communes travaille avec les agriculteurs pour planter des haies et installer des zones enherbées aux alentours des captages pour limiter les ruissellements. Mais l'impact de ces interventions est difficile à quantifier en raison des records de pluviométrie de ces dernières semaines. 

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