Ce jeudi matin, commerçants, entreprises et artisans se sont mobilisés face aux factures exorbitantes liées au coût de l'énergie à Limésy. Une initiative lancée par le coiffeur du village de Seine-Maritime et 300 professionnels en colère ont protesté, provoquant ainsi une opération "village mort".
Un cœur de village mort, des commerçants à l'arrêt total à Limésy, à côté de Pavilly en Seine-Maritime. Près de 300 personnes étaient mobilisées ce jeudi matin pour protester contre la hausse de leur facture énergétique.
Alors pour les habitués, pas de pain frais dans la matinée. Pendant trois heures, la boulangerie a gardé ses portes fermées. Une grande première, symbolique, en seize ans d'activité pour Aurélie Champignon, la gérante.
Je n'aurais jamais pensé ça, en seize ans de présence... On se bat tous les jours pour amener un bien-être, des bons repas, des bons gâteaux. Notre objectif est de donner du plaisir à nos clients, voilà comment on est remerciés.
Aurélie Champignon, boulangère
Un sourire pincé au coin de la bouche, elle ajoute. "Je ne sais pas comment on va pouvoir faire, c'est dur." Et Aurélie Champignon n'est pas la seule à avoir manifesté son mécontentement.
Des frais qui ne cessent d'augmenter
Dans la même boulangerie, une facture d'électricité qui a doublé, le prix du sucre en perpétuelle augmentation, tant d'arguments qui poussent Alexis Champignon à suivre le mouvement.
Pour cet artisan, avec la crise vient maintenant la crainte de ne plus pouvoir se verser un quelconque salaire.
Depuis un an, on s'est pris une hausse de 30% des matières premières. Elles pourraient encore augmenter de 10 à 15% d'ici avril. L'électricité s'est accompagnée de taxes supplémentaires, ça devient totalement ingérable. On baisse notre marge mais on ne s'y retrouve pas.
Alexis Champignon, boulanger
Personne n'a rechigné à cette opération "commerces morts". Le boucher et l'épicière sont eux aussi fermés. Limésy, 1500 habitants, se mobilise et suit l'initiative du coiffeur. Installé depuis 35 ans, Arnaud Fremont a peur pour la survie de son village.
Si on perd chaque commerce petit à petit, on va dégringoler. Chacun fait travailler l'autre, on est une équipe. On ne demande pas d'aide, on veut juste travailler et ne plus avoir le couteau sous la gorge.
Arnaud Fremont, coiffeur
L'appel est alors lancé, les commerçants de Limésy espèrent être entendus et comptent sur leurs voisins pour suivre ce mouvement de contestation.