En 70 ans, depuis que Météo France analyse la pluviométrie, il n'était jamais tombé autant de pluie lors des trois premières semaines de novembre en Normandie. Si l'ensemble de la région est copieusement arrosé, le Cotentin et les alentours de Vire tutoient ou dépassent les records.
Après la pluie vient le beau temps, et vice-versa. Alors que 2022 était placée sous le sceau de la sécheresse exceptionnelle, 2023 se pose comme l'une des années les plus pluvieuses de l'histoire en Normandie. En tout cas, pour ce qui est de la période d'après-guerre et le début des analyses de Météo France.
Le novembre le plus pluvieux de l'histoire ?
Dans la région, l'été avait déjà un avant-goût d'automne. Même si les températures ont souvent été bonnes, allant jusqu'à des périodes caniculaires, le ciel, lui, faisait grise mine. "La période juillet-août a été parmi les plus arrosées qu'on ait observées", avance d'emblée Olivier Gonzales, de la station Météo France de Carpiquet (14).
Quelques mois plus tard, "on est sur le chemin de l'automne le plus pluvieux de l'histoire depuis qu'on analyse la pluviométrie en Normandie", constate le prévisionniste. Si le mois d'octobre demeurait à peu près dans les standards, novembre bat peu à peu les records.
140.9mm de #pluie depuis le 1er Novembre à #Caen (+89% par rapport au mois complet)
— ☀️Chris de Météo Basse-Normandie☀️ (@NormandieMeteo) November 21, 2023
222.1mm de #pluie depuis le 1er Novembre à "Cherbourg (+96% par rapport au mois complet)
144.2mm de #pluie depuis le 1er Novembre à #Vire (+21% par rapport au mois complet)...
Si l'on considère les trois premières semaines de novembre, il n'a jamais autant plu en Normandie. À Cherbourg, il est tombé 220 mm, soit deux fois plus que la normale. À titre de comparaison, c'est le cumul de pluie total d'une année entière à Perpignan.
Olivier Gonzales, prévisionniste Météo France
Le record de l'an 2000 dans le viseur
Si la Seine-Maritime et l'Eure connaissent aussi un automne plus pluvieux que d'habitude (30% de plus que la norme de saison à Rouen), c'est surtout à l'ouest de la région que les plus forts cumuls sont recensés. Les zones les plus exposées sont le littoral manchois, le Cotentin et les collines de Normandie, autour de Vire. "On vient de dépasser les 1000 mm de pluie tombés sur le Cotentin", remarque Olivier Gonzales.
Les données observées par le prévisionniste lui font dire que l'on est sur les bases de l'automne 2000, recensé comme le plus pluvieux du siècle. "À la station de Gonneville (50), nous en sommes à 430 litres par mètre cube depuis le 1er novembre. Le record de l'an 2000 est de près de 500 litres".
Et il reste encore dix jours avant de finir le mois. Reste à espérer que le ciel ne soit pas calqué sur le début du millénaire car la période automne-hiver 2000-2001 fut la période la plus arrosée de l'histoire en Normandie "Il avait plu quasiment tous les jours d'octobre à avril", se remémore Olivier Gonzales.
"Toutefois, on n'en est pas encore là, ça ne veut pas dire que l'on est parti sur un cycle de pluie jusqu'au printemps", tempère-t-il. D'ailleurs, depuis lundi 20 novembre, on a changé de masse d’air, avec l'arrivée d'un flux de nord.
Cela signifie qu'une période sèche s'installe pendant une semaine, il devrait faire plus froid. "On passe en dessous des normales saisonnières, pour la première fois depuis début novembre".
Les risques d'inondations faibles pour l'instant
Paradoxalement, malgré ces forts cumuls de pluie, on ne dénombre pas d'inondations dans les zones de la région les plus pluvieuses, en ex-Basse-Normandie. "Les sols sont presque saturés, les marais sont remplis, les cours d'eau bien pleins, mais il n'y a pour l'heure pas de risque d'inondation", analyse Olivier Gonzales. Ce que confirme la carte de vigilance des cours d'eau dans la région.
Les pluies étant plutôt continues que violentes, les sols ont le temps nécessaire pour drainer l'afflux d'eau, ou l'évacuer vers la mer. En revanche, si des orages venaient à s'abattre sur certaines zones bien humides de la région dans les prochaines semaines, des inondations localisées pourraient se produire, comme ce fut le cas dans le nord du Pays de Caux après le passage de la tempête Ciaran.