Le gouvernement a choisi de jouer la carte de la sécurité en recourant au 49-3. Ce qui provoque la colère des syndicats. En Normandie, les organisations syndicales promettent de nouvelles mobilisations.
Après des semaines de débats animés, de mobilisations, de manifestations, de perturbations sur les routes, mais aussi à la SNCF, l'exécutif a décidé de jouer la sécurité en passant par la carte du 49.3. Le gouvernement n'était pas certain de parvenir a rassembler la majorité de députés nécessaire pour l'adoption du projet de loi sur la réforme des retraites.
Le recours à cet article de la Constitution permet d'adopter le texte sans vote, ce qui provoque la colère des syndicats en Normandie.
"C'est sidérant, on ne pensait pas que le gouvernement déclencherait le 49.3"
"C'est sidérant, on ne pensait pas que le gouvernement déclencherait le 49.3. Certes, c'est une décision constitutionnelle, mais les députés sont la voix du peuple. Je suis vraiment en colère. L'exécutif ne se rend pas compte de la colère qu'elle provoque chez les syndicats, mais aussi les citoyens" nous explique Michèle Barré, secrétaire générale CFDT de la Normandie. Elle ajoute :
"Le gouvernement déclenche une colère énorme ! Les manifestations se déroulaient dans la bonne ambiance jusqu'à présent mais là je crains que certains partent dans des colères incontrôlées".
Michèle Barré, secrétaire générale CFDT Normandie
La secrétaire générale de la CFDT Normandie annonce également que les mouvements en Normandie vont se poursuivre. "Nous n'étions pas totalement contre ce projet de réforme des retraites et si il était passé par la voie traditionnelle et politique normale, nous aurions manifesté une dernière fois symboliquement dans la rue, mais de là, avec le 49.3, on va continuer les mobilisations !"
Les syndicats vont continuer à se mobiliser
Les organisations syndicales ont décidé de mener une action symbolique dans le Calvados. C'est le cas à Merville-Franceville où 40 personnes sont postées devant la permanence de Christophe Blanchet, député MODEM de la 4ème circonscription du Calvados.
D'autres sont à Vire, face à la permanence du député de la 6ème circonscription du Calvados, Freddy Sertin (Horizons) qui est également le fief d'Elisabeth Borne. Et à Bayeux, là où siège le député Renaissance, Bertrand Bouyx, de la 5ème circonscription du Calvados.
Allan Bertu, secrétaire CGT du Calvados, ne mâche pas ses mots : "Avec l'utilisation du 49.3, le gouvernement acte une défaite politique". Il se rallie à sa collègue de la CFDT :
"On va reprendre les mobilisations dès vendredi et samedi ! On va relancer par les grèves et une nouvelle manifestation la semaine prochaine pour exiger le retrait de cette réforme".
Allan Bertu, secrétaire CGT Calvados
"Je rappelle qu'on n'a pas été reçu, on n'a pas été écouté par le gouvernement" ajoute ce dernier.
L'intersyndicale en Normandie va se réunir ce soir pour décider de la suite des mouvements qu'ils vont mettre en place. Bruno Gilbert, membre du bureau de FO Calvados l'assure :
"On ne va rien lâcher, c'est un déni de démocratie ! On va durcir les mouvements. Je crains que ça dégénère dans la rue et ce sera de la responsabilité du gouvernement!"
François Gilbert, membre de FO Calvados
En Normandie, le syndicat FSU Calvados parle également d'un "déni de démocratie". Il ajoute :
"Le 49.3, ça confirme que cette loi n'a aucun soutien populaire mais aussi aucun soutien parlementaire ! Le combat continue!"
Jérôme Adell, Secrétaire FSU Calvados
Un regroupement d'environ 1000 personnes, selon les syndicats, a lieu ce soir, devant la préfecture à Caen.
La CGT 50 annonce des rassemblements du côté de Cherbourg et Coutances.
De nouvelles grèves en vue chez les cheminots
Autre réaction attendue, celle des cheminots de la SNCF. De ce côté-là aussi, les syndicats ne comptent pas se laisser faire :
"Le 49.3, c'était la meilleure chose qui pouvait nous arriver ! On est regonflé à bloc et on va de nouveau appeler les cheminots à faire grève!"
François Mayenaquiby, Cheminot FO
Les syndicats des cheminots annoncent que les actions vont repartir. Il faudra donc s'attendre à de nouvelles perturbations sur les lignes normandes dans les prochains jours.
Quelles réactions chez les députés de Seine-Maritime et de l'Eure ?
Des figures locales se sont empressées de réagir, d'aller sur le terrain pour accompagner les manifestations spontanées. A l'image d'Alma Dufour, députée France Insoumise de la 4e circonscription de Seine-Maritime.
De son côté, Sébastien Jumel a réagi immédiatement sur les réseaux sociaux. Le député de la 6e circonscription parle d'un "déni de démocratie" ainsi que d'un "peuple bafoué".
Dans un communiqué, Damien Adam, député Renaissance avoue que s'il avait eu le choix, lui-même aurait préféré "partir plus tôt à la retraite pour profiter du temps libre". Mais pour lui, pas d'autre solution que de compter sur la réforme.
Chez les Eurois, Philippe Brun, député socialiste de la 4e circonscription appelle déjà au rassemblement.