À la recherche des propriétaires des tableaux volés par les nazis

Pendant la Seconde guerre mondiale et même avant, de nombreuses œuvres d'art ont été volées à des familles juives, dans toute l'Europe. Depuis 2022, le musée des Beaux-arts de Rouen est engagé dans une démarche globale de recherche sur sa collection. Lundi 22 janvier 2024, les conservateurs du musée et des chercheuses faisaient un point sur ce travail.

La Seconde guerre mondiale a été le théâtre de toutes les exactions. Le milieu artistique n'a pas été épargné. Et le monde culturel d'aujourd'hui essaie encore de redonner les œuvres d'art aux ayants droit, presque 80 ans après l'Armistice.

Entre 1933 et 1945, les persécutions antisémites survenues sous le régime nazi ont entraîné le vol de nombreuses œuvres d’art appartenant à des familles juives installées en France. Certaines de ces œuvres sont susceptibles d’avoir ensuite été acquises par les musées français, sans qu'ils ne sachent qu’elles avaient été volées.

Un audit de 3 000 peintures

Le musée des Beaux-Arts de la Métropole Rouen Normandie a donc lancé, en 2022, une démarche globale de recherche de provenance sur ses collections.

L’objectif est de reconstituer l’historique des œuvres, d’identifier leurs propriétaires successifs depuis les années 1930 pour déterminer si les collections ont pu être l’objet d’une spoliation dans le contexte des persécutions antisémites.

"On a fait appel à une équipe de chercheurs indépendants spécialisés dans la problématique de provenance de 1933 à la fin de la Seconde guerre mondiale", explique Diederik Bakhuys, le conservateur du musée des Beaux-Arts de Rouen. 

Le musée des Beaux-Arts de Rouen compte plus de 3 000 œuvres. Les recherches ne sont donc pas une mince affaire. 

Une dizaine de tableaux identifiés

"Quelques dizaines d'œuvres d’art ont été identifiées comme posant des questions sensibles sur leur origine. Les trois chercheuses ont approfondi les recherches", poursuit le conservateur.

Deux œuvres impressionnistes de Renoir et Guillaumain seraient des cas de spoliation avérée. Un portrait de l'épouse de Guilaumain en train de coudre est une toile volée à son propriétaire pendant la guerre 39/45.

"Le travail doit se poursuivre pour retrouver les héritiers des familles spoliées", indique Diederik Bakhuys.

Des tableaux exposés

Et alors qu'on arpente les couloirs du musée des Beaux-Arts de Rouen, on peut tomber sur plusieurs tableaux volés pendant la guerre, et depuis rendus à la France.

Une majorité de Monet, mais aussi un Géricault et un Lépine, exposés en permanence. Ils sont reconnaissables grâce à un panneau qui précise leur nature. 

100 000 œuvres volées

En 2020, déjà, le musée des Beaux-Arts de Rouen faisait des pieds et des mains pour retrouver les propriétaires et leurs éventuels successeurs. "On ne désespère pas d'en retrouver les légitimes propriétaires, même si les chances ont tendance à s'amenuiser d'année en année".

En France, on estime à 100 000 le nombre d'œuvres d’art volées pendant la Seconde guerre mondiale. À l'Armistice, l'Allemagne a restitué à la France près de 60 000 tableaux volés sous l'Occupation. 45 000 ont retrouvé leurs propriétaires. 

Si quelqu'un revendique un tableau, il faut qu'il apporte des preuves par des documents ou des photographies. Le musée s'occupera des procédures. Il y a aussi la possibilité de consulter le site du ministère où un portail est dédié aux œuvres spoliées.

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