Y a-t-il péril imminent pour une quarantaine d'habitants et quatre commerces ? Les habitants qui ont dû tout quitter le 10 avril 2024 sur le boulevard des Belges à Rouen (Seine-Maritime) sont déboussolés et inquiets. Ce 19 avril, un expert nommé à la demande de la ville a visité les cinq immeubles. Des locataires ont pu venir chercher des effets personnels.
Une plante verte, un aquarium (avec des poissons toujours frétillants), une guitare, une télévision...ce vendredi 19 avril au matin, des parents sont venus charger ce qu'ils pouvaient dans leur voiture. Leurs enfants étaient locataires d'un des immeubles évacués neuf jours auparavant.
Un serrurier...fermé, des habitants à l'hôtel ou en location saisonnière
Un jeune homme, lui, vient seul. Il est étudiant ingénieur. Il repart avec une grosse valise. Pour lui, c'est pour l'instant l'hôtel. Son propriétaire règle les frais de relogement.
La représentante de l'agence immobilière rassure les jeunes locataires "vous n'avez pas de préavis à donner, pas d'état des lieux".
Mais le jeune homme ne peut plus confectionner ses repas et l'hôtel est loin de la ligne de bus T4 qui l'amenait directement sur le campus du Madrillet.
Un peu plus bas, le grand commerce de centre-ville du serrurier Thoumyre est fermé. Des clientes lisent les indications affichées sur la vitrine pour se rendre dans l'autre magasin rive gauche.
L'expert a fort à faire. Équipé d'un appareil photo et d'un niveau à bulle (instrument de mesure), il doit scruter tous les logements et parties communes (du numéro 35 à 45 du boulevard des Belges).
Dans la contre-allée, un habitant observe. Il fait partie d'une amicale de locataires et aimait son appartement dans un ancien hôtel particulier XVIIIe à l'élégante façade depuis 9 ans.
Lui aussi a dû partir à l'hôtel le 10 avril. Il espère qu'après la venue de l'expert, son bailleur Rouen Habitat organisera des tours de rôle pour venir chercher des affaires.
Des fissures inquiétantes et une énorme fuite d'eau dans les sous-sols
Beaucoup d'habitants présents ce 19 avril décrivent des fissures dans les logements ou les cages d'escalier. L'arrêté de Police générale affiché sur chaque porte d'immeuble y fait référence.
Les constats visuels effectués le 10 avril [...] desquels il ressort que la sécurité n'est pas pleinement assurée en raison de fissures importantes, remettant en cause la stabilité du bâtiment.
Arrêté de Police généraleVille de Rouen
Le 12 avril, la ville a réuni tous les propriétaires, occupants et bailleurs. Dans un communiqué, elle explique qu'elle avait été informée de fissures pour deux des immeubles. Des "mesures de surveillance" étaient en œuvre.
Lors de cette réunion, il est apparu que d'autres maisons avaient aussi des fissures.
Un habitant avait signalé un point inquiétant à son bailleur social. En descendant à la cave, il avait constaté qu'il devait se pencher plus que d'habitude pour passer.
L'été 2023, une grande quantité d'eau avait envahi plusieurs sous-sols suite à une rupture de canalisation. L'équivalent de plusieurs piscines olympiques selon plusieurs habitants.
L'inondation pourrait avoir déstabilisé le sous-sol et les immeubles. L'un d'eux, au numéro 45, avait déjà auparavant des façades en mauvais état.
Le précédent de la source Gaalor quartier gare
La situation de ces habitants du bas du boulevard des Belges en rappelle une autre. Il y a 12 ans, le débordement de la source médiévale Gaalor suite à un accident de chantier (près de la gare) avait entraîné des conséquences très lourdes.
Les conclusions de l'expert mandaté par le tribunal administratif sont attendues d'ici la fin du mois. C'est lui qui dira si un arrêté de péril doit être pris pour certains des immeubles.