Cercueils en carton, urnes biodégradables, corbillards électriques… les pompes funèbres aussi se tournent vers l’écologie. A Rouen, des pompes funèbres bio ont même ouvert leurs portes. Decryptages.
Faire un geste pour la planète, même après sa mort. En France, les pompes funèbres surfent sur la tendance de l'écologie. A Rouen, "Bio Funéraire" a ouvert ses portes le 12 avril 2021. A l'intérieur, pas de cercueil mais des plantes vertes et quelques tableaux artistiques pour “apaiser les proches”
Cyril Silvestri, ancien employé de pompes funèbres classiques, et sa femme Amandine proposent des services funéraires écoresponsables. "Tous nos cercueils en bois sont fabriqués en France, sans produits chimiques. Même chose pour les capitons."
D'ici la fin de l'année, nous aurons des corbillards électriques, plus silencieux et moins polluants.
Les fleurs artificielles, elles, sont remplacées par des bouquets naturels et des fleurs séchées créées par des artisans locaux.
Cercueils en carton, urnes biodégradables...
Les pompes funèbres ont décidé de se mettre au vert. La société rouennaise propose également des cercueils en carton. A Caen, Anna-Rita Adam, gérante des pompes funèbres Adam, propose des urnes biodégradables. "Ce sont des urnes composées de produits naturels, comme le sable. Elles se délitent au contact de l'eau de se décomposent au contact de la terre." Une alternative pour les défunts souhaitant reposer dans la nature.
Le carton, pas si écolo et plus coûteux
Néanmoins, Cyril Silvestri indique que "les cercueils en carton ne sont pas plus écolos que les cercueils en bois, en cas de crémation. Ces cercueils ne participant pas à leur propre combustion, il est nécessaire d’injecter du gaz pour que cette dernière soit complète. Ils sont donc finalement plus polluants."
De son côté, Anna-Rita Adam propose elle aussi des cercueils en carton, mais n'y est pas favorable pour autant. "Ils ne sont pas fabriqués en France, l'indice carbone est donc forcément élevé."
La composition et la fabrication du cercueil en carton demandent l'utilisation de colle pour les fabriquer, ce qui augmente la pollution atmosphérique du crématoire.
Autre surprise, les cercueils en carton ne sont pas moins coûteux que les cercueils classiques. "Le crématorium facture 150 euros en plus pour la crémation d'un cercueil en carton.", nous indique Anna-Rita Adam. "Certains cercueils en carton esthétique coûtent 25 à 30% plus cher qu'un cercueil classique en bois."
En France, des cimetières végétaux pour lutter contre la pollution
Les cimetières sont souvent les lieux les plus pollués d'une commune. Les corps détiennent des substances toxiques qui polluent les sols et l'atmosphère comme le formaldéhyde, substance très cancérigène utilisée presque systématiquement pour la conservation des dépouilles.
La ville de Niort, en Nouvelle Aquitaine, a imaginé un cimetière naturel, destiné à réduire l'empreinte écologique des défunts. Pas de marbre ni de fleurs artificielles, les corps reposent sous les arbres dans des cercueils ou en pleine terre, sans monuments. Les cendres peuvent aussi être dispersées et mélangées à des copeaux de bois.
Selon les services techniques de la ville, le cimetière serait même devenu un refuge pour la biodiversité. Créé en 2014, il est aujourd'hui une référence au niveau national.
Œuf funéraire, humusation…. les alternatives écolos à l'étranger
Pour préserver la planète, certains imaginent un nouveau type de funérailles. En Suède il est possible de plonger le corps du défunt dans un bain d’azote, refroidi à très basse température. Le corps est ensuite placé sur une table vibrante et réduit en particules très fines.
Au Canada, il est possible de pratiquer l'humusation, c'est-à-dire la transformation du corps d'un défunt en compost. La pratique consiste à envelopper le corps dans un linceul biodégradable, puis le déposer sur 50 centimètres de broyats de bois. On le recouvre ensuite de 3 mètres de copeaux de bois humidifiés. Au bout d'un an, le corps devient 1m³ d'humus, de quoi fertiliser une centaine d'arbres.
Plus loin encore, un oeuf funéraire pour se transformer en arbre après la mort. Cette idée insolite a été imaginée en 2003 par deux designers italien. Les cendres du défunt sont placés dans la capsule funéraire Capsula Mundi, une capsule organique et biodégradable en forme d’œuf. Cette dernière est ensuite enterrée comme une graine dans la terre.
Un arbre, choisi de son vivant par le défunt, est planté au-dessus et sert de mémorial pour les familles. "Capsula Mundi sauve un arbre en évitant la fabrication d'un cercueil et en fait pousser un autre.", peut-on lire sur le site officiel.
Cela contribuera aussi à créer de beaux endroits où on pourra se recueillir pour penser à nos proches disparus.
Mais ces pratiques ne sont pas prêtes de voir le jour dans l'Hexagone... d’après l’article 2213-15 du Code général des collectivités territoriales, tout défunt doit être placé dans un cercueil homologué. "On est obligé de conserver certaines profondeurs pour éviter les remontées de gaz de putréfaction", explique Anna-Rita Adam. En France, les deux seuls types de funérailles autorisés sont l'inhumation et la crémation. Reste à savoir laquelle des deux est la moins polluante ?
D'après une étude réalisée par la mairie de Paris, une inhumation rejette autant de gaz à effet de serre qu'une voiture qui parcourt 4 023 km. Pour la crémation, c'est un peu moins, cela représente un trajet de 1 024 km.