Les chiffres de l'Insee pour l'année 2021 montrent un net rebond de l'activité et de l'emploi.
L'embellie ne sera probablement pas la même en 2022, avec la guerre en Ukraine et l'envolée de l'inflation et des prix de l'énergie. En 2021, l'économie normande a tourné à plein, ce qui devrait permettre d'amortir les effets du premier trimestre 2022.
Un taux de chômage au plus bas depuis plus 40 ans
Selon l'Insee (Insitut national de la statistique et des études économiques), l'année 2021 est celle de la reprise économique en dépit de la mise en place de confinements locaux et d’un troisième confinement national au second trimestre. De nombreux indicateurs sur l’activité économique sont favorablement orientés. La croissance française a été plus forte qu’en Allemagne, en Italie ou en Espagne. L’emploi salarié, au plan national, a vivement progressé en 2021 et est nettement repassé fin 2021 au-dessus du niveau de la fin 2019. Le taux de chômage, quasiment stable pendant les trois premiers trimestres de 2021, à environ 8 % de la population active, a chuté à 7,4 % au quatrième trimestre. Ce rebond économique a été favorable à l’insertion professionnelle des jeunes dont le taux d’emploi a atteint un point haut depuis 1991, notamment sous l’effet des contrats en alternance.
Dans ce contexte, 25 500 emplois salariés ont été créés dans la région en 2021. Même si la Normandie se classe parmi les régions les moins dynamiques (14è place), la reprise de l’emploi salarié amorcée au second semestre 2020 se poursuit et dépasse même le niveau de fin 2019. En 2021, on dénombre 1 185 000 salariés dans la région. Ce rebond est principalement observé dans le secteur tertiaire marchand et la construction. Il est également porté par l’intérim dont les évolutions sont très liées à la conjoncture. L’industrie normande peine encore à retrouver son niveau d’avant-crise mais, globalement, l’emploi salarié y est en croissance modérée.
Ce dynamisme de l’emploi dans quasiment tous les secteurs de l’économie s’est accompagné d’une forte baisse du taux de chômage qui atteint en fin d’année 2021 son plus bas niveau depuis près de quarante ans (7 %). Depuis fin 2020, la décrue du chômage est plus forte en Normandie qu’en France métropolitaine.
La hausse des offres d’emploi conjuguée à la baisse des demandes génère des tensions sur le marché du travail dès le second semestre 2021 dans les métiers des secteurs du bâtiment, de l’industrie, du transport de marchandises et aussi du secteur sanitaire et social.
Les jeunes grands gagnants de la reprise en Normandie
Toutes catégories confondues, le nombre de demandeurs d’emploi recule de près de 20 000 personnes à la fin 2021 par rapport à fin 2020 et les premiers bénéficiaires de cette embellie sont les moins de 25 ans. Dans cette tranche d’âge, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi n’a jamais été aussi bas depuis 1982. Les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans et les personnes inscrites de longue durée profitent également de cette tendance très favorable. Il demeure néanmoins que ces derniers représentent encore un demandeur d’emploi sur deux dans la région.
Le développement de l’apprentissage, des embauches en contrats aidés et de l’accompagnement vers l’emploi sont aussi à mettre en lien avec ces résultats dans un contexte de reprise économique forte suite à la crise sanitaire. Le recours au dispositif d’indemnisation de l’activité partielle a été massif au premier semestre 2021, notamment dans le secteur de l’hébergement. Ce dispositif a été nettement moins sollicité après la levée des restrictions sanitaires.
Dans ce mouvement de reprise post crise sanitaire, les entrepreneurs de Normandie ont créé 36 500 entreprises en 2021, soit 5 000 de plus qu’en 2020. Le nombre de nouvelles micro-entreprises et aussi de sociétés connaît une croissance vigoureuse. Ce dynamisme entrepreneurial perdure et s’installe partout et en particulier dans les départements de l’Orne et du Calvados. L’industrie et les services aux particuliers sont les deux secteurs qui accueillent le plus de « jeunes pousses » en proportion. En lien avec ce contexte conjoncturel favorable et les mesures de soutien qui ont permis de « résister à la crise », les entreprises défaillantes sont moins nombreuses. Là aussi, il s’agit d’un mouvement de fond observé depuis plusieurs années.
Une reprise qui bénéficie à l'ensemble des secteurs d'activité normands
Presque tous les secteurs de l’économie régionale profitent de la reprise, à l’exception de l’activité touristique qui continue à subir les effets de la crise sanitaire. Les résultats de l’agriculture normande sont en progression sous l’effet d’une hausse des prix tant pour les produits végétaux que pour le lait ou la viande bovine.
Pour le secteur de la construction, cette année plus de 15 000 logements ont été mis en chantier. Cette reprise pourrait se poursuivre car les autorisations de construire s’inscrivent dans cette tendance à la hausse. Ce climat favorable et des taux d’intérêt encore relativement bas en 2021 favorisent la commercialisation des logements neufs qui est en très forte progression. Une poussée est aussi observée sur les prix de vente, notamment pour les maisons individuelles.
Dans le transport, les trafics maritimes de marchandises augmentent dans les principaux ports normands, qu’il s’agisse du trafic de conteneurs ou de pétrole brut. Le trafic transmanche profite d’une réorientation vers le port de Cherbourg du trafic routier entre l’Irlande et l’Union européenne. Le transport aérien de passagers est également en hausse dans les aéroports de Normandie, même si cette croissance ne permet pas de retrouver le niveau d’avant-crise.
Après le choc de 2020, les immatriculations de véhicules reprennent assez faiblement.
Les effets de la crise sanitaire ont continué à affecter l’activité touristique notamment au premier semestre 2021. La fréquentation touristique dans les hôtels et campings reste en dessous de son niveau d’avant-crise en 2021 même si la levée progressive des restrictions sanitaires a permis un retour des touristes à partir du mois de juillet 2021.
Les exportations au départ de la Normandie ont progressé de 20 % cette année, les importations sont en hausse de plus d’un tiers. Ce dynamisme des échanges commerciaux profite à tous les secteurs économiques. Le « déficit commercial » s’établit à plus de 6 milliards d’euros, il est plus soutenu qu’en 2020, en raison de l’évolution brutale des imports.
Un début 2022 plus mitigé
Les indicateurs les plus récents montrent que début 2022, l’activité économique dépasse nettement son niveau du début de l’année 2021 encore marqué par la crise sanitaire. En mars 2022, la progression de l’activité économique par rapport à mars 2021 est forte dans le tertiaire marchand en Normandie comme au niveau national (respectivement + 12 % et + 14 %). Elle est nettement plus modérée dans les autres secteurs (+ 2 % dans la construction et le tertiaire non marchand) et notamment dans l’industrie (+ 1 % dans la région et + 2 % au niveau national).
Cependant, la crise géopolitique qui s’est déclarée fin février avec la guerre en Ukraine impacte à nouveau l’économie nationale. Les difficultés d’approvisionnement en matières premières et en énergie se traduisent par une hausse des prix à la production et, en partie, à la consommation. La consommation des ménages, mesurée au niveau national, s’en ressent et recule au 1er trimestre 2022.
Les créations d’entreprises étaient en forte croissance jusqu’en mars (+ 25 % par rapport au mois précédent en Normandie), mais le nombre de créations d’entreprises baisse significativement en avril 2022 en Normandie (- 11 %) comme au niveau national (- 14 %). Ce recul concerne tous les départements normands (de - 6 % dans l’Orne et la Manche à - 21 % dans le Calvados). Le nombre d’entreprises normandes en difficulté connaît une certaine recrudescence au début de l’année conformément à ce qui est observé au plan national.
En ce début d’année 2022, l’activité touristique ne subit plus les effets des confinements connus en 2021 ; le nombre de nuitées dans les hôtels normands est le double de celui observé en mars 2021.