A moins d’un mois du coup d'envoi de l’Armada de Rouen, les défenseurs des 24 heures motonautiques reviennent sur l’argument écologique donné par la Mairie pour annuler cette course bien ancrée dans la mémoire des Rouennais.
Rouen se pare aux couleurs de l’Armada. Tout au long des quais, les stands et tentes fleurissent chaque jour pour que tout soit prêt le jeudi 8 juin 2023. L’effervescence autour de cet évènement ne s’amenuise pas, bien au contraire.
La nouvelle polémique créée autour de l’aspect écologique de l’Armada ne semble pas affecter la motivation des bénévoles. Pourtant, l’association « J'aime mes 24 » créée en 2010 pour défendre et promouvoir les 24 h motonautiques pousse un coup de gueule. Privée de manifestation sur décision municipale pour des raisons économiques et écologiques, l’association pointe une injustice face au rassemblement de grands voiliers qu’elle estime tout aussi polluante.
Une bonne et une mauvais pollution ?
Le président de l’association « J’aime mes 24h » et conseiller municipal d’opposition crie à la discrimination : « Nous sommes des fervents défenseurs de toutes les activités sportives publiques gratuites qui font vivre et rayonner notre ville de Rouen. Par contre, il ne faut pas être naïf : tous les bateaux qui naviguent sur la Seine, que ce soient des voiliers ou des bâtiments gris, c’est-à-dire des bâtiments de guerre comme il y aura à cette occasion, tous ces bateaux naviguent au fioul. Pour certains même au fioul lourd. Là où nous ne sommes pas tout à fait d’accord et même carrément contre la Mairie, c’est d’appliquer une politique écologique qui voudrait dire deux poids, deux mesures. Et en gros, nous faire comprendre qu’il y a une bonne pollution, celle de l’Armada et une mauvaise, celle des 24 heures » explique Franque-Emmanuel Coupard La Droitte, président de l'association "J'aime mes 24h" et conseiller municipal opposition (Centre-Droite).
Les 24 heures motonautiques "n’attirent plus grand monde"
Les 24 Heures Motonautiques auraient dû fêter cette année leurs 60 ans. La plus grande épreuve d’endurance motonautique au monde a été annulée sur décision municipale en août 2022. Depuis la mobilisation s’organise. Une pétition en ligne réclamant son retour atteint à ce jour plus de 5000 signatures. A l’occasion d’un conseil municipal l’association « J’aime mes 24h » s’est rassemblée devant l’hôtel de ville. Elle demande au Maire la transparence sur le bilan carbone de l’Armada et l’ouverture du dialogue pour une reprise des épreuves des 24h de Rouen en 2024.
La mairie de Rouen n'a pas souhaité répondre à notre demande d'interview. Interrogée par nos confrère de 76 actu, l'adjointe au maire, Sarah Vauzelle a indique que la Ville avait déjà tranché et qu'elle ne changerait pas d'avis. Selon elle, les deux événements ne sont pas comparables. "D'un côté, vous avez un événement avec un impact et un rayonnement international, et de l'autre vous avez des bateaux qui font le tour de l'île Lacroix et n'attirent plus grand monde."
Une Armada plus "verte"
Jean-Paul Rivière qui succède à Patrick Herr, à la tête de l'Armada de Rouen l'a assumé dès sa prise de fonction. Il souhaite une Armada plus "responsable écologiquement". Parmi les actions annoncées : la fin des bouteilles plastiques sur le site. « Il y aura des gourdes et des gobelets réutilisables et des fontaines à eau, c’est un sacré challenge de demander à tous les stands de ne pas avoir de bouteille plastique », a déclaré Jean-Paul Rivière, président de l'Armada. Les bateaux seront connectés, autant que possible, au réseau électrique des quais afin de limiter l’utilisation de groupes électrogènes.
Avec l’aide de ses partenaires, et notamment de l’Institut de l’océan de l’Alliance Sorbonne Université, première université marine en Europe, l’Armada 2023 proposera, le 8 juin prochain, une ambitieuse journée mondiale des océans. Une dizaine d’éminents chercheurs de l’Institut viendra parler au grand public, en termes simples, des abysses océaniques, des mammifères marins et de l’histoire maritime de Rouen et de la Seine.
Durant tout l’évènement, le public pourra également être accueilli au Pavillon des transitions (hangar H2o) pour découvrir deux expositions sur le thème de la lutte contre la pollution plastique et la protection des océans, et participer aux animations proposées gratuitement par la Métropole Rouen Normandie.