Chaque matin, depuis le 12 mai, une partie des salariés de la CPAM débrayent durant 55 minutes. Avec cette grève, ils dénoncent un manque de personnel, une surcharge de travail et des tensions avec les assurés.
Les agents d’accueil de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) située avenue de Bretagne à Rouen (Seine-Maritime) sont en grève. Le préavis, lancé par le syndicat Sud et par Solidaires, s’étend du 12 au 27 mai 2022. Tous les jours, une dizaine d’entre eux débraient pendant 55 minutes, de 8h30 à 9h25, rendant inaccessible l’espace libre-service. Le syndicat dénonce une surcharge de travail depuis la pandémie du Covid. S’ajoute à cela un manque de personnel avec 1 départ à la retraite sur 3 non remplacé.
Le syndicat dénonce une baisse de 40% des effectifs au cours des 12 dernières années. Il demande donc des embauches : au moins 10 contrats à durée indéterminée pour l’accueil des assurés. C’est la seule condition pour lever ce mouvement social.
Une tension constante répercutée sur les assurés
Je suis déjà venue deux fois avec une heure et demi d'attente, à l'extérieur et en dépit des conditions météo
Une assurée
A côté d’elle, un assuré nous explique qu’il reste de longues minutes à tenter de les joindre par téléphone …. Sans succès : « en plus ce sont des numéros à 4 chiffres, donc c’est payant ! Ça m’a couté 10 euros de téléphone. C’est aberrant, c’est une honte ! »
Une attente moyenne de 20 à 30 minutes est obligatoire pour joindre un conseiller. C’est ce qui est aussi arrivé à Romain qui avait perdu sa carte vitale : "j’ai perdu tous mes papiers et ma carte vitale et je me suis heurté pour la refaire à tout un tas de difficultés : le site Ameli buggait et j’ai été bloqué. La plateforme téléphonique ne fonctionnait pas, j’ai dû attendre plusieurs fois jusqu’à 40 minutes. Donc je me suis rendu avenue de Bretagne, et là j’ai attendu une heure sous le cagnard. Je n’ai pas encore récupéré ma nouvelle carte vitale et surtout je ne perçois plus mes indemnités journalières depuis plus d’un mois. "
Des propos confirmés par Barbara Blanc déléguée syndicale SUD protection sociale : « Avant la crise sanitaire on était à 11000 dossiers par jour pour les arrêts de travail, aujourd’hui on est plutôt à 24.000. La situation actuelle pour les assurés sociaux c’est qu’on ne les paye plus en temps et en heure. Ils finissent par nous appeler, et ils ont moins d’une chance sur deux pour que leur appel soit pris en charge. Quand ils se présentent, on est en sous-effectif pour les accueillir. L’assurance maladie n’assure plus ses missions et est devenue malheureusement acteur de leur précarité. »
4 bureaux sur 10 occupés par des agents d’accueil
« En termes de personnel, on a habituellement 10 bureaux pour les accueils sur rendez-vous qui sont plutôt occupés en général par 4 agents. On a aussi une zone en libre-service où les assurés sont censés être en autonomie mais là on se confronte à la fracture numérique, à la barrière de la langue, aux personnes âgées ou en situation de précarité sociale. Ces gens-là ont besoin d’être accompagnés et aujourd’hui on leur demande de rester livrés à eux-mêmes. On défend le service public de proximité et on voudrait prendre en charge au mieux ces personnes-là. Mais au lieu d’embaucher, on préfère supprimer des missions quitte à dégrader les services et l’accompagnement des populations les plus précaires".
Contactée par un journaliste de la rédaction, la direction de la Caisse Primaire Assurance Maladie de Rouen n'a pas souhaité communiquer à ce sujet.