Après une année de procédure de sauvegarde, le tribunal de commerce de Rouen a prononcé le redressement judiciaire du groupe Luval et ses 12 boulangeries à Rouen et au Havre. Précisions.
"Je suis une habituée, je viens souvent sur ma pause du midi donc j'avoue que je suis assez étonnée." À la sortie de la boutique Luval en centre-ville de Rouen (Seine-Maritime), les clients sont surpris d'apprendre que l'enseigne a été placé en redressement judiciaire.
En effet, d'après une information de Paris-Normandie, le groupe Luval a été placé en redressement judiciaire fin décembre 2023 après une année de procédure de sauvegarde. Les boulangeries Luval ont vu le jour en mars 2022 à Rouen et au Havre et se sont installées à la place des boulangeries de l'enseigne Paul.
"Un état de cessation des paiements"
"Il résulte des explications fournies et des pièces versées que, malgré la maîtrise des charges de personnel (réduction de l'effectif), une amélioration de la marge et des charges externes stables la SAS LUVAL a enregistré une perte de 309 000 d'euros au premier semestre 2023", peut-on lire sur le jugement du tribunal de commerce de Rouen, que France 3 Normandie a pu consulter.
Mi-décembre, une partie de retard de règlement a été rattrapé par la société, ce que souligne le tribunal. Pour autant, selon le même jugement, "il est démontré que la SAS LUVAL est dans l'impossibilité de présenter un plan de sauvegarde et son état de cessation des paiements est caractérisé".
Une succession de crises
Fabrice Antoncic, président des Vitrines de Rouen et ancien franchisé Paul est à l'origine de ces récentes boulangeries normandes.
Aujourd'hui, le groupe Luval compte 130 salariés ainsi que 12 boulangeries : huit à Rouen, trois au Havre et une au centre commercial La Vatine.
J'ai voulu faire le choix du local, réduire mon empreinte carbone, choisir des produits de proximité, comme le beurre, mais forcément, ce sont des choix qui coûtent plus cher.
Fabrice Antoncic, gérant de la société Luvalà France 3 Normandie
Il explique avoir investi beaucoup d'argent pour lancer sa nouvelle marque et avoir subi par la suite, des crises successives. La guerre en Ukraine, l'inflation et notamment l'envolée des prix des matières premières et de l'énergie - qui mettent en difficulté de nombreux boulangers de la région - n'ont pas épargné la jeune entreprise.
Mais pendant près d'un et demi, Fabrice Antoncic affirme avoir tenu bon pour garder le cap et ses valeurs : “Je n’ai jamais voulu fermer une boutique, je n’ai jamais fait de licenciement économique, ce sont mes valeurs.”
"Il y aura forcément une suite"
Fabrice Antoncic, propriétaire de la société Luval, explique que plusieurs solutions sont à l'étude. Pour l'instant, son activité continue et toutes ses boutiques restent ouvertes.
"Mon objectif, c'est vraiment de rester concentré sur mon activité, être présent avec mes salariés. On est dans une période de soldes, de galettes, c'est un moment qui compte beaucoup pour nous", explique-t-il.
Le chef d'entreprise invite tous ses clients à se rendre dans ses boulangeries : “J'appelle tous nos clients à venir nous soutenir pour garder ces 130 emplois. Les gens peuvent nous aider pour qu’il y ait une suite et il y aura forcément une suite.”