L'abbé Pierre visé par 17 nouvelles accusations de violences sexuelles : le lieu de mémoire d'Esteville ferme, l'école va changer de nom

Après les accusations rendues publiques mi-juillet, le mouvement Emmaüs publie de nouveaux témoignages visant l'abbé Pierre. Le lieu de mémoire à Esteville ferme officiellement.

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Presque deux mois après les premières accusations visant l'abbé Pierre, le fondateur d'Emmaüs est à nouveau accusé par 17 personnes, selon l'AFP. 

Des témoignages de violences sexuelles qui auraient été commis entre les années 1950 et les années 2000, la plupart du temps en France mais aussi aux États-Unis, au Maroc ou encore en Suisse, selon le rapport du cabinet spécialisé Egaé transmis à l'AFP.

Violences sexuelles sur une enfant 

Ces nouveaux témoignages évoquent des contacts "non sollicités sur les seins", des "baisers forcés", des "fellations forcées", des "contacts sexuels répétés sur une personne vulnérable", "d'actes répétés de pénétration sexuelle" ou encore de "contacts sexuels sur une enfant".

Le groupe Egaé, en charge du rapport, indique avoir rassemblé 17 témoignages (12 directs et cinq indirects) qui font état de violences sexuelles commises sur des femmes mineures et majeures, s'ajoutant aux sept témoignages rendus publics en juillet 2024.

Des personnes qui ont côtoyé l'abbé Pierre

Le cabinet Egaé, chargé mi-juillet par Emmaüs et la Fondation abbé Pierre de recueillir de possibles nouveaux témoignages, affirme avoir reçu, en quelques semaines, une cinquantaine de mails et une vingtaine de messages téléphoniques. 

Ces personnes qui ont témoigné sont ou ont été bénévoles d'Emmaüs, salariées de lieux dans lesquels l'abbé Pierre a séjourné, membres de familles proches du prêtre ou encore des personnes rencontrées lors d'événements publics.

Dans un communiqué commun, les organisations indiquent qu’elles vont constituer une commission d’experts indépendants pour « comprendre et expliquer les dysfonctionnements qui ont permis à l’abbé Pierre d’agir comme il l’a fait pendant plus de 50 ans. »

Le lieu de mémoire à Esteville ferme, l'école débaptisée

Comme nous l'avions indiqué dans cet article, le lieu de mémoire dédié à l'abbé Pierre à Esteville en Seine-Maritime ferme ses portes. C'est d'ailleurs dans ce village que le prêtre, décédé en 2007, est enterré. 

Quant au groupe scolaire qui porte toujours son nom à Esteville en Seine-Maritime, une association de lutte contre les violences faites aux enfants et aux adolescents, demande qu’il soit rebaptisé.

"Trois sujets devront être traités au sein d’Esteville. Le nom de notre école et des barrières de sécurité où il est inscrit 'Groupe Scolaire Abbé Pierre' ainsi que la fresque à l’effigie de ce dernier sur notre terrain multisports, réagit le maire d'Esteville, Manuel Grente. À la lumière des nouvelles révélations, et en solidarité avec les victimes, il n’est pas envisageable de conserver ces trois éléments en l’état."

Cependant, le maire met sur la table l'aspect financier. "Ces modifications n’ont pas été prévues à notre budget et nous devrons procéder à toutes les démarches administratives pour effectuer ces changements."

Dans son communiqué de presse, le maire interpelle le nouveau Premier ministre. "Ces aspects financiers et administratifs m’amènent, à l’aube de la constitution d’un nouveau gouvernement, à interpeller notre nouveau premier ministre, Monsieur Michel Barnier, quant à la santé de nos villages. Esteville n’est pas une exception et nous voyons en l’état que ces préoccupations interviennent dans une situation plus qu’importante."

Parallèlement, la Fondation abbé Pierre a réaffirmé son "soutien total" aux victimes, et a annoncé vouloir changer de nom.

Avec la publication de ces nouveaux témoignages, les différentes associations redisent leur souhait de mener un travail sur "l'héritage de l'Abbé Pierre" et "sa place au sein des organisations" : "notre mouvement sait ce qu'il doit à l'Abbé Pierre", mais est désormais "confronté à la douleur insupportable qu'il a fait subir".

L'Église dit son "effroi"

La Conférence des évêques de France (CEF) a réagi après la publication de ces 17 nouvelles accusations. Elle promet de coopérer avec Emmaüs et exprime "sa profonde compassion envers toutes les personnes victimes de ces agissements".

Pour la Conférence des évêques de France, ces témoignages sont "extrêmement graves", d'autant plus qu'ils font état "d'agressions sexuelles sur des jeunes filles mineures."

La CEF tient également à redire "sa disponibilité et celle de l'ensemble des diocèses de l'Église en France" à "mettre leurs archives et les moyens nécessaires à disposition de la justice". 

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