Le centre se classe 1er au niveau national en chirurgie ambulatoire. La récompense a été remise par la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer, le 14 novembre dernier. Ce développement spectaculaire du service a permis au centre Becquerel de créer un nouveau poste : les infirmiers et infirmières pivot.
C’est une innovation qui mérite distinction. Le centre de cancérologie Henri Becquerel à Rouen a reçu le premier prix national de l’innovation pour sa chirurgie ambulatoire. Les patients entrent et sortent le même jour de leur intervention. L’occasion de les mettre dans de meilleures conditions. Elizabeth Chappe est patiente du centre et confirme que « c’est mieux que de se dire qu’on va rester plusieurs jours. Au moins on revoit notre famille. Quand je rentre chez moi, je suis apaisée. »
Un apaisement signe de gain de confort. Et qui permet aussi d’éviter tous risques d’infections nosocomiales - infections contractées au cours d'un séjour dans un établissement de santé. Ici, une véritable relation de confiance s’établit entre les infirmiers et infirmières libéraux qui doivent assurer un suivi lorsque c’est nécessaire, et les infirmiers et infirmières pivot.
C’est vraiment un temps d’échange avec le patient, ça nous permet un retour à domicile en toute sécurité.
Marie Poulain, infirmière pivot
Création d’un poste dédié
Le statut d’infirmier pivot est une réponse au succès de la chirurgie ambulatoire. Si le centre Henri Becquerel est aujourd’hui récompensé, le dispositif lui, n’est pas nouveau. En 2015, le centre répond à un appel d’offres à projets de l’Institut national du cancer qui cherche alors des idées de prise en charge innovantes. Pour le Dr Frédérique Forestier, coordinatrice de l’unité de chirurgie ambulatoire, « il fallait oser. On est parti au Havre, à Dieppe, à Evreux, on a fait aussi une réunion à Rouen et on a touché presque 600 professionnels de santé, tous emballés par la perspective. » Plus d’un an de travail sur le terrain, pour une prise en charge pratiquée officiellement depuis 2017. Dans la structure aujourd'hui, 80% des opérations sont réalisées en ambulatoire.
Avec un recul de cinq années de pratique, le centre affirme que la chirurgie ambulatoire avec ce rôle d’infirmier pivot fonctionne très bien, de mieux en mieux même. Cela permet de tout organiser et tout prévoir. Avec un retour de satisfaction des patients à 100%. Marie Poulain, infirmière pivot, témoigne : « On voit tous les patients qui gravitent par la chirurgie ambulatoire pour reprendre avec eux tout ce qui est pré-, per-, et post-opératoire. C’est vraiment un temps d’échange avec le patient, ça nous permet un retour à domicile en toute sécurité. »
Mettre le malade au centre du dispositif
Pour le personnel médical, la chirurgie ambulatoire permet aussi de rendre plus douce l’annonce de la maladie. Savoir qu’on sera chez soi le soir, entouré de ses proches, rend la chose plus facile à digérer et à vivre. Ça demande aussi une nouvelle gestion pour le centre. Pour la coordinatrice, il y a un côté philosophique qui « demande à revoir toutes les organisations afin de repenser le malade au centre du dispositif », ainsi qu’un côté pratique « de travail en amont et d’harmonisation des pratiques avec une longue formation du personnel en interne. »
Le dispositif est devenu fondamental pour eux ; les patients gardés en hospitalisation sont maintenant devenus l’exception. Le centre assume donc fièrement sa récompense par ce mantra : « il faut oser et être à la hauteur de son audace. »