Ce sont des premiers résultats partiels et bruts. Mais ils ont de quoi inquiéter : toluène, éthylbenzène, xylène. Des molécules d'hydrocarbures ont été trouvées dans du lait maternel prélevé après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen. Plusieurs plaintes doivent être déposées.
A l'origine de la démarche, une avocate rouennaise, Saliha Blalouz. Dès le 2 octobre, soit une semaine après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, et face aux questionnements de la population, elle met en demeure l’Agence régionale de santé pour faire des analyses sur le lait maternel. Sans réponse, elle décide de faire réaliser ces tests individuellement avec neuf mères volontaires au CHU de Rouen en présence d'un huissier de justice.
On sait pertinemment que le lait maternel est un excellent indicateur de la pollution environnementale. On va pouvoir faire des comparaisons. Savoir ce qui relève de la pollution environnementale 'normale' et ce qui relève d'une pollution exceptionnelle liée à un accident de ce type. - Maître Saliha Blalouz, avocate au barreau de Rouen
Des prélèvements à prendre avec précaution
Ces prélèvements d'urine et de lait ont été analysés au CHU de Limoges, qui a révélé ses premières conclusions la semaine dernière. Ce sont des premiers résultats partiels et bruts, à prendre donc avec précaution. Mais ils révèlent d'ores et déjà une présence de molécules d’hydrocarbures (éthylbenzène, toluène, xylène).Attention, il reste donc des comparaisons à opérer avec du lait antérieur (stocké par congélation avant Lubrizol), ainsi qu'avec des prélèvements qui vont être effectués dans les prochains jours (à + 1 mois environ) puis à + 3 mois et + 6 mois.
Ils seront couplés à des prélèvements sur des mères d’autres villes industrielles comme Paris ou Grenoble. L'avocate rouennaise a activé un groupe de mères allaitantes qui sont volontaires pour recueillir leur lait. Le tout est de savoir si ces traces d’hydrocarbures sont liées à un environnement pollué chroniquement ou à l’exposition liée à Lubrizol.
Ces prélèvements sont couplés à des questionnaires de santé, hygiène et mode de vie.
Plaintes contre X
Pour rappel, la directrice de l'agence régionale de santé avait déclaré au lendemain de l'incendie qu'il n'était pas justifié de remettre l'allaitement en cause.#Lubrizol Il n'y a pas de risque pour les femmes qui allaitent.
— Préfet de la Seine-Maritime (@Prefet76) 4 octobre 2019
?️Le Préfet l'a rappelé lors des dernières conférences de presse accompagné par la directrice de l'@ars_normandie et du Dr Marpeau.
➡️Les résultats des nouvelles analyses seront bientôt publiés sur notre site. pic.twitter.com/FbKxVOdBz6
Les neuf mères concernées à Rouen déclarent vouloir porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui. Une quarantaine d'autres femmes sont entrées en contact avec l'avocate rouennaise, qui se dit prête à engager des poursuites judiciaires.
Le reportage de Bérangère Dunglas et Bruno Belamri (montage : Carole Lebret) :Ca me met en colère parce que ça me dit que j'ai peut-être donné des choses négatives à mon bébé. L'allaitement, c'est un engagement, c'est un investissement. Et le fait de savoir que ça aurait pu être souillé par un événement comme ça, c'est révoltant. - Julie Lebourgeois, maman d'un petit garçon de 9 mois.