Maltraitance animale. Il avait laissé son chien sans eau ni nourriture pendant un mois, un homme condamné à des travaux d'intérêt général à Rouen

Ce lundi 28 août, un homme a été condamné au tribunal correctionnel de Rouen à 210 heures de travaux d'intérêt général et 5 ans d'interdiction de détention d'animal, pour abandon d'animal domestique. Entre novembre 2022 et février 2023, il avait peu à peu délaissé son chien, jusqu'à cesser de le nourrir et de l'abreuver. Cinq associations se sont portées parties civiles.

"Les travaux d'intérêt général, c'est plus approprié quand vous avez un petit jeune un peu agité qui va dégrader du matériel urbain. Je ne crois pas qu'ils le soient pour une personne qui ne considère pas son animal au point de le laisser vulgairement crever dans son appartement", a plaidé Nina Letoue, avocate de SANI, l'une des cinq associations de protection animale qui, au tribunal correctionnel de Rouen, ont défendu le chien Opium, un berger australien mort de faim et de soif en février dernier.

Ces associations (la Fondation Brigitte Bardot, la SPA, l'Association Stéphane Lamart, la Fondation 30 Millions d'Amis et SANI, Sauvetage des animaux naufragés d'internet), représentés par leurs cinq avocats, ont souligé le calvaire et l'agonie de l'animal. Sans aucune ressource, ce dernier avait même creusé le placo pour tenter de s'enfuir de l'appartement de Maromme (Seine-Maritime) où, volets clos, il était enfermé sans aucune nourriture ni eau depuis plusieurs semaines.

"Il a perdu pied"

Ce lundi, au palais de justice de Rouen, le prévenu, âgé de 26 ans et jusqu'alors inconnu de la justice, comparaissait sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) et bénéficiait ainsi d'un accord avec le procureur, minimisant sa peine.

A l'audience, l'homme a de nouveau reconnu les faits. A l'époque, il vivait, a-t-il précisé, dans un logement social endommagé par un dégât des eaux. Celle-ci avait été coupée par le bailleur le temps d'effectuer les travaux. Acculé de dettes, le prévenu était donc parti vivre chez sa compagne, elle-même propriétaire d'animaux... Laissant son propre chien sans surveillance.

C’est une personne jeune, avec une certaine immaturité. Il a eu des difficultés financières assez conséquentes, ça n’excuse en rien les faits qui lui ont été reprochés mais ça vient poser un contexte sur sa situation au moment des faits. Il a perdu pied.

Me Mylène Allo, avocate de la défense

à France 3 Normandie

"Dans un premier temps, je suis allé le voir tous les deux jours", a-t-il expliqué lors de son interrogatoire. Avant de se faire de plus en plus absent, pris, selon ses mots, "dans un engrenage, financier notamment". Il ne voulait pas abandonner son chien, le but n'était pas de le laisser mourir, a-t-il assuré, mais il avait fini par "fermer les yeux sur ce qui allait arriver".

Son avocate, Me Mylène Allo, a ajouté que son client était "marqué par le deuil". "Lorsqu’il s’est passé un sinistre dans son appartement, monsieur n’a plus été en mesure de faire face psychologiquement et moralement. Il n'a pas le profil d'un tortionnaire d’animal. Avant cet engrenage, c’était le profil classique d’une personne qui adopte un chien et qui s’en occupe."

"On n'a pas seulement une mort brutale, mais une mort par agonie"

En plus des 210 heures de travaux d'intérêt général (TIG) et de l'interdiction de détenir un animal pendant cinq ans, le prévenu devra s'acquitter de 5 000 euros d'indemnités versées au titre du préjudice moral (1 000 euros par association), et de 800 euros à chacune d'entre elles au titre des frais de représentation (article 475-1 du code de procédure pénale).

Mais pour les parties civiles, la peine est loin d'être à la hauteur de la gravité des faits. "Là, on n’a pas seulement une mort brutale, mais une mort par agonie. Tout un chacun peut s’imaginer la souffrance physique incontestable, mais aussi la détresse psychologique de cet animal. Son monde, c’était son propriétaire", a commenté Me Nina Letoue, venue représentée l'association SANI. 

Nous demandions une interdiction définitive de détention d’animal. Même les textes prévoient cette peine complémentaire. Il a 26 ans, on peut se dire qu’il aura d’autres animaux plus tard. Cet homme manquait de courage mais il pouvait tout à fait faire ce que d’autres peuvent faire en l’absence de moyens : confier cet animal à une association.

Me Nina Letoue, association SANI

à France 3 Normandie

"Il a des explications incohérentes, il n’a levé les yeux à aucun moment de l’audience. Il y a un manque d’empathie flagrant", a ajouté l'avocate. Rappelant que le prévenu, au moment de se débarrasser du cadavre de l'animal, "a pris soin de se couvrir (combinaison protectrice, lunettes de protection, masque, gants Mappa)". "Et aujourd'hui, cette même personne qui manque de moyens se présente devant nous en costume trois pièces."

"Cette peine, elle m’inquiète. En présence de cinq associations de défense animale, je suis quand même assez surprise. On l’a un peu en travers de la gorge", a conclu Nina Letoue.

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