Municipales à Rouen : les candidats interpellés sur la question des transports en commun par une association

Gratuité des transports en commun, contournement Est, nouvelle ligne de tramway, nouveaux arrêts de train, place de la voiture : le CPTC présente ses propositions aux futurs élus de la métropole de Rouen
 

A l'occasion des élections municipales 2020,  le CPTC (Comité pour les transports en commun) a publié ce lundi (24 février 2020) un document "qui donne une idée de ce que nos futurs élus devraient réaliser" pour que la Métropole Rouen Normandie  poursuive son engagement dans une COP21 locale. Pour les auteurs de ce texte, si la métropole rouennaise "a commencé à compléter son réseau de mobilité active et collective, beaucoup reste à faire pour être au minimum au niveau des métropoles françaises en pointe en ce domaine".
 

"Une urgence écologique"

Chiffres à l'appui, le CPTC s'adresse aux candidats aux municipales avec un objectif : tendre vers la mobilité durable sur la période 2020-2030. Partant du constat que le dérèglement climatique impose, et en urgence, "de profondes transformations", l'association défend l'idée selon laquelle que "malgré les progrès technologiques attendus, nous devrons par conséquent réduire au moins de moitié l’usage quotidien de nos voitures au cours des vingt prochaines années".
 
 

Des mesures anti-voitures

Le comité salue les actions entreprises ces dix dernières années par la métropole de Rouen pour "contraindre l'usage urbain de l'automobile" : réduction de l'offre de stationnement, requalification des espaces et création de parkings relais à l'extérieur de l'agglomération.
Ce à quoi on pourrait ajouter un rétrécissement à une seule voie de circulation des principaux axes et boulevards rouennais (ce qui a pour conséquence un grand allongement du temps de parcours) et une politique de verbalisation sans pitié du stationnement avec des "sulfateuses à PV" qui distribuent sans la moindre tolérance des FPS à 25 euros, même pour deux minutes d'arrêt. 
Mais ces actions sont jugées insuffisantes par le CPTC qui estime que les évolutions observées sont trop lentes pour atteindre les objectifs climatiques fixés. La solution étant, selon les auteurs de ce document,  de
  • diminuer de moitié le trafic automobile
  • multiplier par deux l'usage des transports en commun
  • développer très significativement l'usage du vélo
 

Agrandir encore le réseau

Pour réduire encore la place de la voiture, le CPTC préconise, tout en "réalisant d'excellents aménagements cyclables",  de développer en priorité l'actuel réseau de transport en commun avec comme "première priorité" le redimensionnement du réseau de bus TEOR .

"Conçu pour 40.000 voyageurs par jour, TEOR en transporte désormais près de 60.000. Le mode bus ne suffit plus. L’heure est donc venue de transformer TEOR en tramway, en commençant par la ligne T1, aujourd’hui saturée."
D’autres actions devront être promptement engagées :
  •  le bouclage Boulingrin – CHU par T4.
  •  la création de nouvelles lignes FAST (6, 40).
  •  le renforcement des fréquences des lignes de bus.
  • l’aménagement de nouvelles pistes cyclables.
  •  la mise en service, à l’échelle de chaque quartier, d’une agence locale d’autopartage, susceptible d’impulser un usage plus raisonné de l’automobile.

Et, en concertation avec la Région Normandie :
  • le renforcement des fréquences des TER.
  • la création de nouvelles haltes de proximité.
  •  le développement du réseau de bus périurbains.
  •  l’instauration d’une continuité tarifaire intermodale (titres ASTUCE utilisables sur les TER Rouen – Elbeuf, transports urbains accessibles avec un titre régional


Lire le document du CPTC

Plaquette CPTC /" Rouen 2020-2030 tendre vers la mobilité durable" (pdf)



Comme à Grenoble ou Strasbourg ?

Après ces premières actions, le CPTC de Rouen compte aller encore plus loin :  

"Il s’agira de progressivement construire un réseau dense et maillé de tramways, comparable à ceux de Grenoble, Strasbourg, Montpellier ou à ceux des villes germaniques. Dans ce cadre, il conviendra, en priorité :
  •  de transformer en tramway la ligne T2.
  • de découpler les deux lignes du métro de sorte à renforcer la fréquence sur chaque branche.
  • de créer 2 lignes de tram-train, vers Elbeuf et Buchy.
De nouveaux pôles d’échange devront être créés, et les correspondances entre trains, trams et bus optimisées."
 

Contre le contournement Est de Rouen et la gratuité des transports publics

Qualifiés de "fausses bonnes idées" ces deux sujets sont farouchement critiqués par le comité : "le CPTC, (comme la FNAUT), dans ce contexte d’investissements conséquents, est totalement opposé à la gratuité des transports en commun. Par ailleurs certaines lignes étant déjà saturées (T1) on ne voit pas comment accueillir de nouveaux usagers ! En outre, la gratuité a un coût : 30 M€ de recettes perdues. Où trouver l’argent ? Faudra-t-il sacrifier les petites lignes, qui acheminent les usagers socialement les plus défavorisés.
Faisons le bon choix : durant le prochain mandat municipal, la gratuité nous coûterait 200 M€. Il s’agit précisément du coût de la transformation de TEOR en tramway…"


Concernant le contournement de Rouen par une rocade autoroutière, le CPTC met en avant le "peu d’aptitude de cet ouvrage à désencombrer les entrées de ville : 20 % de trafic en moins à Saint Paul, 3% de voitures en moins dans le tunnel de la Grand Mare. En revanche sont annoncés de très lourdes retombées sur les milieux naturels, une relance de la périurbanisation et une très forte croissance de l’usage de l’automobile. D’où l’émission de 40 000 tonnes de CO2 supplémentaires."

Toujours selon l'association rouennaise, le coût de ce contournement devrait plutôt être engagé vers le rail :
"Ce projet est donc en contradiction absolue avec les engagements climatiques pris par la Métropole (COP 21). Il appartient au passé. La sagesse exige donc d’y renoncer, et de réorienter le milliard d’euros que sa construction aurait coûté vers le fret ferroviaire et les transports publics : un milliard d’euros = 40 kilomètres de lignes de tramway". 

Rouen Elbeuf par Petit Couronne ?

Parmi les propositions du CPTC, certaines concernent les habitants du sud de l'agglomération de Rouen avec le projet de refaire fonctionner l'ancienne ligne de chemin de fer qui va de Rouen à Elbeuf en passant par Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Petit-Couronne, Grand-Couronne et Moulineaux.

Longtemps oubliée, cette voie de chemin de fer traversait les installations de la raffinerie Shell (puis Pétroplus). L'arrêt de l'activité du site remet donc en avant les atouts de cette infrastructure qui a le mérite d'exister déjà. D'où le projet de "tram- train" (un tramway qui roule sur des rails de trains "normaux"), projet qui, curieusement, figure déjà au programme de certains candidats aux municipales 2020 dans les communes concernées…
 
 
Le CPTC défenseur des transports collectifs
Présentation de l'association :

Le CPTC est une association citoyenne  fondée en Mai 1994 autour de deux principaux objectifs : défendre les intérêts des usagers des transports collectifs dans la région rouennaise, formuler des propositions visant à développer les mobilités durables.

Le comité fait partie d’une fédération nationale d’associations d’usagers (la FNAUT) qui regroupe 150 associations locales poursuivant des objectifs analogues.
Nous sommes strictement indépendants de toute organisation syndicale ou politique, et n’entretenons aucune relation d’intérêt avec aucune entreprise de transport.
Notre association regroupe aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents dont une dizaine de membres très impliqués dans les actions de terrain, l’étude de dossiers et la participation à de nombreuses réunions de travail avec les institutions, les élus locaux et les acteurs du transport public.

Concrètement, notre rôle consiste en premier lieu à exercer une présence quotidienne sur le réseau, à repérer les dysfonctionnements, à interroger et écouter les usagers, puis à signaler les difficultés identifiées aux autorités compétentes et à contribuer à la recherche de solutions qui satisferont les usagers et contribueront au développement de notre territoire.
Mais avant même que des difficultés ne surviennent, nous prenons l’initiative de réaliser des études préalables afin d’élaborer des propositions porteuses d’évolutions de nos pratiques de déplacement.

Portée par les valeurs du développement durable, notre démarche est pragmatique et constructive. Il s’agit en effet de promouvoir des idées et d’impulser des projets qui permettront à notre territoire d’évoluer vers un fonctionnement à la fois plus équitable et plus respectueux de l’environnement.

Notre engagement, depuis plus de vingt ans, aura porté ses fruits : nous avons notamment obtenu TEOR et sa voie réservée en centre-ville, plusieurs autres sites propres, davantage de fréquences…

 
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