La commune du Petit-Quevilly organisait le jeudi 27 avril une "cérémonie des Stolpersteine" en l'honneur d'une famille juive déportée lors de la Seconde Guerre Mondiale. Trois "pavés de la mémoire" ont été scellés. L'occasion aussi, pour les associations, de reconstituer le parcours de vie de ces personnes, et d'entretenir leur souvenir.
C'est un travail de mémoire essentiel. Celui de Gunter Demnig et de ses pavés de la mémoire. L'artiste allemand tente, depuis 1992, de cultiver le souvenir des familles déportées et tuées dans les camps de concentration, à travers la pose de ces pierres dorées.
Les "Stolpersteine" (pierres sur lesquelles on trébuche) ont, jeudi, été gravées de trois noms : Rose, Eugène et leur fils Jean-Pierre Weisz, tous trois arrêtés à leur domicile de la rue Jacquard, au Petit-Quevilly (Seine-Maritime) avant d’être déportés et tués dans le camp de concentration d’Auschwitz.
Découvrez le reportage de G. Archiapati et O. Flavien :
Reconstituer des fragments de vie
Organisée par la commune du Petit-Quevilly, la cérémonie des Stolpersteine était l'occasion, pour les associations, de reconstituer le parcours singulier de la famille Weisz... Une démarche rendue notamment possible grâce aux archives départementales.
"Nous avons les PV d'arrestation lors des différentes rafles", a cité Marie-Christine Hubert, attachée de conservation aux archives départementales de Seine-Maritime. "Il y en a eu plusieurs dans l'agglomération entre 1942 et 1943."
Des documents "exceptionnels" qui permettent "de reconstituer le parcours de ces familles", a souligné Corinne Bouillot, présidente de l’association Pavés de mémoire Rouen Métropole.
"Pas seulement leur parcours de persécution, mais aussi leur parcours de vie. Car il est important de ne pas les réduire à leur statut de victime, de leur redonner leur identité".
99 pavés de la mémoire près de Rouen
Pour ne pas oublier, mais aussi pour transmettre aux jeunes générations, des élèves de l'école primaire Méret, au Petit-Quevilly, étaient ainsi conviés à la cérémonie. Tous se sont dits sensibilisés.
"On doit devenir des citoyens pour aider et éviter les guerres", a estimé Mahalia, 10 ans. "J'ai su que c'était une guerre horrible, ça a marqué mon esprit", a lui commenté Mohamed, 10 ans également. "Au moins, on saura qu'il ne faudra jamais reproduire ce qui s'est produit."
Gunter Demnig avait posé la première pierre en 1997 à Berlin, en toute illégalité. Depuis, les pavés de la mémoire se sont multipliés. 99 ont déjà été scellés dans l'agglomération rouennaise.