A partir de 17h ce mercredi, François lance un mouvement citoyen contre Amazon. En plein centre de Rouen, il s’installera chaque semaine en silence, tracts à la main. Seul, pour commencer, en attendant d’être rejoint.
"C’est une action qui commence petitement volontairement". Petit, c’est peu dire. François sera seul, tout seul, à la sortie du métro Théâtre des Arts, à Rouen (Seine-Maritime). Après David contre Goliath, François contre Amazon. Seul, contre un géant du e-commerce. Mais François en est persuadé : "Je suis seul, puis on sera 10, puis 100, et plus encore chaque mercredi".
Dès 17h aujourd’hui, les passants croiseront donc un homme avec des cartons sur le dos et des tracts dans les mains. Tel un homme-sandwich du monde d'avant, qui refuse le monde d'après que propose Amazon. "J’insiste, ce n’est pas une manifestation : je serai immobile, silencieux. C’est une action non-violente, sans injure".
Pas d’insultes, mais de solides arguments anti-Amazon. Sur ses tracts, François les énumère : "Amazon est champion de l’évasion fiscale ! 1 emploi créé par Amazon détruit plus de 2,2 emplois ailleurs. Amazon livre, les petits commerces ferment". François nous donne la source de chacun de ses chiffres : de l’étude de l’ex-secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi sur la destruction des emplois par Amazon, à des documents concernant l’implantation du futur entrepôt, à Petit-Couronne (Seine-Maritime).
?Résultat de ma nouvelle étude :
— Mounir Mahjoubi (@mounir) November 21, 2019
Pour 1 emploi crée chez Amazon France Logistique, 2,2 sont potentiellement perdus dans nos commerces de proximité.
Le #blackfriday ne doit pas devenir un vendredi noir pour nos PME. @CPMEnationalehttps://t.co/04rRW7OXnk
"Amazon veut s’installer à Petit-Couronne, mais on en veut pas. Amazon pollue, nuit au climat, transforme les salarié en robot avec des rémunérations de misères", assène François.
L’installation d’un grand centre logistique est en effet prévu sur l’ancien site de la raffinerie Petroplus. Des arrétés préfectoraux favorables au projet on été signés. Le maire de Petit-Couronne, Joël Bigot, également pour, avance cet argument : 600 à 1800 emplois pourraient être créés.
Ternir l'image d'Amazon
Des associations comme Stop Amazon 76 ont déposé des recours pour empêcher cet entrepôt de sortir de terre. Son mouvement, François ne le souhaite pas associatif, mais citoyen. Il souhaite convaincre un maximum de personnes de boycotter Amazon. "C’est la solution, car ce type d’entreprise est attachée à son image. En Espagne, son image est ternie, par exemple. En ce moment, son image est aussi bancale en France". Et il compte en profiter en faisant naître une prise de conscience.
"Moi-même, j’achetais beaucoup de livres d’occasion sur Amazon, il y a encore 3, 4 ans. Puis une amie m’a fait comprendre ce que ça impliquait." La prise de conscience d’abord, puis la prise de position. François contre Amazon, seul pour commencer, "parce qu’il faut bien un début à ce type d’action".