26 novembre 2020 : une semaine après le rejet par le Conseil d'Etat des recours de plusieurs associations opposées au projet, le président du conseil régional de Normandie intervient en faveur du contournement de Rouen en annonçant des possibilités de financement pour des projets environnementaux.
Après le Conseil d'Etat qui a validé le contournement autoroutier de Rouen (en soulignant les bénéfices attendus de l'éloignement du trafic routier, notamment des poids lourds des zones densément peuplées) Hervé Morin, rappelle l'urgence et l'importance de la réalisation de cet axe routier surtout que depuis quelques mois le financement est enfin bouclé.
Un projet qui, au lendemain des dernières élections municipales n'est plus soutenu par Nicolas Mayer-Rossignol, le nouveau maire (PS) de Rouen et président (avec ses alliés écologistes) de la Métropole.
Face à cette situation inédite, le président du conseil régional de Normandie a annoncé ce jeudi 26 novembre, en direct dans le JT 19/20 de France 3 Normandie, qu'il faisait une proposition aux élus de la Métropole Rouen Normandie.
Contrepartie et compensations
En précisant qu'il a des dossiers en cours avec la métropole rouennaise et qu'il souhaite continuer à travailler avec Nicolas Mayer-Rossignol "sans entrer en polémique", Hervé Morin a détaillé en quoi consiste sa proposition :"Je dis simplement à la métropole de Rouen : construisons cet équipement d'1 milliard d'euros qu'on attend et qui va désengorger la ville et la Seine-Maritime (…) et en contrepartie, admettons qu'il puisse y avoir toute une série de compensations financières autour de l'environnement."
"Je suis en capacité d'aller chercher au moins une vingtaine de millions d'euros au titre des circulations douces, des transports du XXI siècle."
Faire en sorte que Rouen soit une ville référence grâce aux compensations environnementales que nous serions capables de mettre en place face aux oppositions autour du contournement de Rouen.
Et je dis que cet équilibre-là devrait permettre à tout le monde de s'y retrouver."
Utilité publique
Le Conseil d'Etat a rejeté jeudi 19 novembre des recours contre le projet de contournement autoroutier de Rouen de 41 km par l'Est dont l'objectif est de décongestionner la circulation dans l'agglomération rouennaise en détournant une partie du trafic.Les recours émanaient de plusieurs associations dont France nature environnement (FNE) et de plusieurs communes proches de Rouen. Ils visaient le décret du 14 novembre 2017 qui déclare d'utilité publique ce projet d'autoroute reliant l'A28 et l'A13.Compte tenu de l'importance du projet et eu égard aux mesures de prévention de compensation ou d'atténuation prévues (...), les inconvénients qu'il présente, pour importants qu'ils soient notamment en terme de coût, de conséquences ou de risques pour l'environnement (...) ne présentent pas un caractère excessif de nature à le priver de son caractère d'utilité publique
La plus haute juridiction administrative a reconnu le "coût très élevé" du projet qui s'élève à 886 millions d'euros. Cette somme s'explique surtout par les "nombreux investissements et mesures complémentaires que nécessitera la réduction de son incidence environnementale et des autres nuisances qu'il risquerait d'engendrer".
Des opposants regroupés en collectif
Un dossier qualifié d'intérêt général mais qui est contesté par des opposants au projet de construction de ce nouvel axe routier qui pointent du doigt la destruction de plusieurs centaines d'hectares de terres agricoles :"Nous, ce que nous disons, c'est que de toute façon, nous avons toujours eu trois fers au feu : le fer juridique, le fer politique et le fer citoyen."
Et nous ne sommes que dans une étape de l'évolution juridique du dossier.
La lutte est engagée, on verra le résultat, à la fin."
Budget, éloignement du trafic routier et péage
Mais l'étude d'impact conclut "à un impact net neutre voire positif en termes d'exposition des populations, compte tenu des bénéfices attendus de l'éloignement du trafic routier, notamment des poids lourds des zones densément peuplées", argumente-t-il.Les collectivités locales s'étaient engagées à hauteur de 245 millions d'euros. La métropole rouennaise, à hauteur de 66 millions d'euros selon France Nature Environnement.
Le maire centriste de Bihorel Pascal Houbron, le maire sans étiquette de Caudebec-lès-Elbeuf, Laurent Bonnaterre et la sénatrice centriste de Seine-Maritime, Catherine Morin Dessailly ont salué cette décision sur Twitter.
Une très bonne nouvelle au réveil ce matin, pour l’attractivité et la solidarité de notre territoire @MetropoleRouenN ! #contournementEst pic.twitter.com/68cyIzPAnI
— HOUBRON (@PASCALHOUBRON) November 20, 2020
Parmi les opposants au contournement, le nouveau président PS de la Métropole, Nicolas Mayer-Rossignol ne s'est pas encore exprimé. Lors des élections municipales, M. Mayer-Rossignol avait écarté ce projet.Ds @paris_normandie auj la confirmation que le contournement est de @Rouen n’a aucune raison de ne pas être réalisé, le @Conseil_Etat a rejeté la demande d’annulation de déclaration d’utilité publique faite par les opposants au projet, les financements étant par ailleurs bouclés pic.twitter.com/Gxieo3asnA
— C.Morin-Desailly (@C_MorinDesailly) November 20, 2020
"Aujourd'hui, le débat n'est plus autour d'un coutournement mais d'un péage à 12 euros pour 40 kilomètres. Son impact sur le report du trafic sur les quais est de 0% et sur le pont Flaubert de 20% de poids lourds en plus", avait-il indiqué lors du débat du second tour des élections municipales face au candidat divers-droite Jean-François Bures.
Le dossier est donc loin d'être clos...