La statue édifiée devant l'hôtel de ville de Rouen refait parler d'elle, des mois après son démontage.
A Rouen, Napoléon a été "déboulonné" l'été dernier. Fragilisée par des fissures dans le métal des pattes du cheval et imbibée d'eau suite aux infiltrations de la pluie, la statue de bronze présentait un danger potentiel pour les passants et les automobilistes.
Son poids, sous-estimé, a obligé les spécialistes du grutage à procéder en deux fois. C'est finalement le 2 juillet 2020 que la statue a été descendue de son socle de pierre puis transportée par camion dans les locaux d'une entreprise spécialisée pour y être restaurée.
Une découverte et des mois de secret
Six mois. C'est le temps qu'il aura fallu à la mairie de Rouen pour révéler ce qui s'est passé le 2 juillet, au moment où la statue de Napoléon a été levée par la grue.
Quel est donc ce secret gardé si longtemps ? La découverte, sous la statue, d'un coffre en métal. Que contient-il ? Les services municipaux ont attendu le mois de décembre pour l'ouvrir. Et ce n'est que début février 2021 que la ville de Rouen a communiqué sur les richesses contenues à l'intérieur de ce coffre métallique caché sous la statue.
Un trésor historique
C'est donc près de deux mois après l'ouverture de la mystérieuse boite métallique que l'on apprend qu'elle a été réalisée en présence d'experts et en lien avec la direction régionale des Affaires culturelles.
Et comme dans une chanson de Charles Trenet ("Une noix") la question est : "Qu'y a-t-il à l'intérieur ? " Qu'est-ce qu'on y voit ?
Réponse : trois piles de papiers et un petit tube en laiton. La boîte rectangulaire n'était apparemment pas étanche puisque les papiers sont très humides. Pas question dans ces conditions de toucher à ces feuillets datant de 1865 : ce sera le travail de spécialistes en parchemin. Quant au petit tube il sera lui aussi confié à des restaurateurs qui se chargeront de l'ouvrir avec toutes les précautions requises.
En attendant ces travaux, les responsables des archives départementales de Seine-Maritime sont impatients de lire le contenu de ces documents historiques, précieux témoins de la vie locale à la fin du XIXe siècle.
La statue de Napoléon à #Rouen cachait une sacrée surprise https://t.co/SBUTvKKFur via @paris_normandie
— thierry rabiller (@ThierryRabiller) February 1, 2021
Pas une surprise
Les historiens ne sont pas surpris par la découverte faite sous la statue rouennaise de Napoléon. Il était en effet courant autrefois d'associer les donateurs (le financement participatif de l'époque) à l'érection d'une statue en mettant leurs noms à l'intérieur. Un peu comme aujourd'hui, lors des cérémonies de pose de la première pierre d'un édifice, quand on scelle une petite capsule commémorative avec le nom des édiles et notables présents.
C'est ainsi qu'en 2016, lors des travaux de restauration de la statue de Napoléon de Cherbourg, on a trouvé une cassette de métal hermétiquement close contenant un parchemin (intact) avec la liste des noms des souscripteurs et des médailles à la gloire des conquêtes et batailles napoléoniennes.
Napoléon de retour à Rouen, mais où ?
En attendant la fin des travaux de restauration de la statue, la mairie de Rouen va lancer un "débat citoyen" et une consultation des habitants. Il s'agit de savoir si Napoléon doit revenir place de l'Hôtel de ville ou si la statue doit être installée ailleurs. Comme, par exemple, à la pointe de l'île Lacroix, là où était avant-guerre la statue de Corneille qui est actuellement devant le théâtre des Arts.
Il s'agira aussi de savoir s'il faut remplacer la statue de Napoléon par celle d'une femme (Gisèle Halimi ?) et de débattre sur un projet de réaménagement complet de la place.