La gendarmerie nationale n'est plus en mesure de payer ses loyers dans certains départements. Environ 20 communes seraient concernées dans l'Eure et en Seine-Maritime. Les maires qui accueillent des brigades dans des locaux municipaux s'inquiètent pour leurs finances.
Voilà une brigade de gendarmerie officiellement en situation irrégulière. Pour ce local ainsi que l’immeuble accueillant les militaires et leurs familles, aucun loyer n’a été payé depuis trois mois.
Une situation insolite mais surtout grave pour la propriétaire : la mairie de Montville (Seine-Maritime).
J'ai un courrier du ministère de l'Intérieur qui nous indique "le report de paiement de loyer des casernes de la gendarmerie nationale". C'est surréaliste, l'image de l'exemplarité de l'État est fortement égratignée.
Anne-Sophie Clabaut, maire (DVD) de Montville
Et la maire peut être choquée : en tout, on compte près de 144 000 euros de loyers impayés jusqu’à fin 2024.
"Je les mettrais dehors"
"C'est un trou dans le budget puisque cette somme a été inscrite, on la prévoit. Il faut le dire : ça nous sert à fonctionner, à payer nos agents et nos factures. En attendant, on va être obligés de faire des économies sur des travaux ou investissements qui étaient prévus", souligne Anne-Sophie Clabaut.
Une situation aberrante pour les habitants de la commune.
Les mairies sont déjà en souffrance, la nôtre fait de belles choses et de beaux réaménagements. Les conséquences vont être terribles pour tous en fait.
Habitante de Montville
Un homme, installé en terrasse, ajoute : "Si j'étais maire, je trancherais la chose et je les mettrais dehors comme on le ferait pour un particulier."
Montville, pas la seule ville concernée
Montville n’est pas un cas isolé avec des impayés de 95 000 euros à Terre de Caux et de 80 000 euros à Pacy-sur-Eure. Un gel des loyers a été décidé à l’échelle nationale par le ministère de l’Intérieur. En cause, des finances dans le rouge notamment suite aux émeutes en Nouvelle-Calédonie. Mais le ministre a voulu donner des garanties.
Je tiens à rassurer les uns et les autres, les engagements de l'État seront tenus.
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur
Pour Montville et toutes les autres communes concernées, une loi de finances rectificative sera donc promulguée. Le remboursement de ces loyers est prévu dans le courant du mois de décembre.
Regardez le reportage de M. Weber et S. L'Hôte :