Stationnement payant: jackpot en vue à Rouen ?

La ville de Rouen s’apprête à acheter des véhicules capables de dresser des amendes, pour non respect des règles de stationnement, aussi vite que 10 ou 15 agents à pied.

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Des recettes en hausse de 80 %

Il y a tout juste un an, la ville de Rouen modifiait le statut d’une centaine de places de stationnement, les transférant de la zone moyenne durée à la zone courte durée (voir encadré). Cette évolution mineure ne constituait qu’une étape dans le changement de grande envergure qui se profile pour le stationnement à Rouen.
En effet, depuis 2011, la ville travaille avec un cabinet d’urbanisme suisse qui l’aide à définir sa politique de stationnement. Lors de l’élaboration de son nouveau plan d’action en 2015, le cabinet Transitec avait ainsi planché sur une cartographie de la ville "reliant offre et recettes" du stationnement.

Une histoire de gros sous?

Le maire de Rouen se refuse à aborder la question sous cet angle. "La rotation est essentielle pour les commerçants et celle-ci ne peut exister que si les places sont payantes et contrôlées. Les 1.000 places en zone courte durée doivent changer de propriétaire cinq, six ou sept fois par jour pour être efficaces" estime Yvon Robert qui préside également la SPL(société publique locale) Rouen Normandie Stationnement.
C’est à cette société détenue à 60 % par la Métropole et à 40 % par la ville que revient la gestion du stationnement de la ville. Pour favoriser la rotation, la SPLse dotera dès l’année prochaine de deux véhicules équipés du système LAPI (lecture automatisée de plaques d’immatriculation) et capables de contrôler les voitures stationnées tout en roulant à 40 km/h.

Un système efficace

Ce système a déjà été mis en place dans quelques communes de la banlieue parisienne et se montre diablement efficace.
À Aubervilliers, un policier municipal l’avoue sans ambages : "C’est génial!, glisse-t-il. Et les résultats ne se sont pas fait attendre. Depuis sa mise en place mi-novembre, les places rapportent en moyenne 8 € par jour contre 1,6 € auparavant!".
Une technologie d’autant plus "géniale" que ces voitures collectent des données à grande échelle et permettent en théorie de créer des statistiques à n’en plus finir. "Nous ne conserverons aucune information", assure pour autant Yvon Robert, qui rappelle que les fichiers informatiques sont tous contrôlés par la CNIL.
À Aubervilliers pourtant, les services municipaux reconnaissent à demi-mot avoir accès à la base de données. "Mais elle se trouve sur un serveur qui dispose d’une connexion sécurisée", nous explique-t-on benoîtement.

Lutter contre les amendes impayées

70 % d’impayés Michael Sdika, directeur commercial d’AFS2R, une société lyonnaise qui vend des LAPI, ne tarit pas d’éloges sur sa technologie qu’il espère vendre à la ville de Rouen. "Un seul véhicule permet de remplacer 10 à 15 agents à pied et il coûte moins cher", explique-t-il. "Le déploiement d’un tel système est une décision politique qui n’est pas forcément simple à assumer. Mais lorsqu’elle est prise, il devient difficile de revenir en arrière tant ce système est efficace. Au Kremlin-Bicêtre par exemple, le taux de respect est passé de 15 % à 90 % en moins d’un an".

À Rouen, ce taux atteint 30%, seul un stationnement sur trois est donc régularisé. Si ce ratio paraît faible, il ne l’est pas tant que ça: "Paris est à 5 %, Toulouse à 7 %. En réalité Rouen fait figure d’exception en France, avec Grenoble et Valencienne. Si la ville est à 30 %, c’est parce qu’elle applique une vraie politique de contrôle. C’est la seule manière qui permette à une règle d’être appliquée", martèle encore Michael Sdika. "Contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas une question de civisme. En Italie, le taux de respect atteint 80%, tandis qu’en Norvège, pays réputé plus discipliné, il n’est que de 60%."

Pas de hausse des tarifs

À terme, Rouen espère donc faire grimper son taux de respect à 60 % et assurer une rotation satisfaisante pour ses commerçants. Mais cette hausse représentera également une manne financière pour les collectivités locales. La SPL prévoit en effet de faire bondir ses recettes de 80 % d’ici à 2023. À cette date, les automobilistes glisseront 7,6 millions d’euros par an dans les horodateurs, contre 4,3 millions d’euros à ce jour. "Nous n’aurons pas besoin d’appliquer de hausse de tarif", complète Yvon Robert.
À plus long terme, la ville réfléchit en revanche à l’élargissement de la zone payante. Le quartier Jouvenet semble être le prochain sur la liste, afin d’éviter "que ceux qui prennent le train le matin ne s’y garent et empêchent les résidents d’y stationner. Cette demande émane d’ailleurs souvent des riverains eux-mêmes", justifie enfin Yvon Robert.
Le maire de Rouen n’est pas près de refermer le dossier du stationnement. Les collectivités doivent en effet anticiper la dépénalisation des amendes qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2018
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