Témoignages. "On a payé nos charges. On a besoin de chaleur" : ces locataires manifestent contre leur bailleur social

À Canteleu, près de Rouen, les habitants des résidences de la Cité rose ne décolèrent pas. Depuis le 15 octobre 2023, nombreux sont ceux qui n’ont pas ou peu de chauffage. Et d’après eux, ce n’est pas la première année.

17,8°C. C’est la température affichée par le thermomètre du salon de Raymond Gibon quand il fait près de 10 degrés dehors. "Pour nous, 17,8°C, c’est déjà beaucoup."

Le chauffage est censé fonctionner depuis octobre

Raymond habite ici avec Jocelyne, sa femme. Tous les deux sont retraités. Lui est arrivé à la Cité rose de Canteleu, près de Rouen (Seine-Maritime) en 2004, Jocelyne il y a 50 ans. À eux deux, ils payent 560 euros, charges d’eau et de chauffage comprises, pour leur appartement. Le chauffage est censé fonctionner depuis le 15 octobre, date à laquelle le bailleur l’a relancé pour l’hiver.

"On paie du chauffage tous les mois. J’estime qu’on a le droit d’avoir du chauffage. Et ça fait au moins trois ans qu’on n’a rien", tempête Jocelyne.

Et le couple n’est pas le seul concerné. Sur les 470 logements que compte la Cité rose, Raymond Gibon estime que 80% des appartements sont concernés.

 "Un radiateur électrique d’appoint"

À l’image de Martine Ratieuville. Locataire depuis cinq ans, elle vit ici avec ses trois filles de trois, 10 et 14 ans :  "Cet appartement a des répercussions sur la santé de mes enfants. Mon aînée n’avait pas fait de crise d’asthme depuis longtemps. Et là, il a fallu retourner chez le médecin pour de la Ventoline ®. Ma fille de trois ans est tombée malade également. Ça lui touche les bronches".

L’an dernier, Martine Ratieuville affirme avoir déboursé près de 600 euros de charges pour le chauffage. "Et je n’en ai pas eu de l’année, martèle-t-elle. J’ai été obligé de me chauffer avec un radiateur électrique d’appoint. C’est lassant. Je suis en colère parce que Logeo ne nous dit rien."

Et d’après cette locataire, les problèmes ne s’arrêtent pas au chauffage. "Les évacuations sont bouchées. Je suis obligée de mettre le tuyau d’évacuation de ma machine à laver dans la baignoire. Sans compter les moisissures qui se sont installées sous les dalles de lino dans le couloir à cause de l’humidité. Et la VMC qui fonctionne mal".

Reçus par le bailleur social...

Certains locataires ont même pris des photos pour attester de la présence de rats, de cafards et de punaises dans leur résidence.

Fatigués que les choses n’avancent pas, Martine, Raymond et une petite vingtaine de locataires se sont rendus ce jeudi 21 décembre 2023, au matin, devant les locaux de Logeo Seine, le bailleur social qui gère les résidences de la Cité rose.

... Ils ressortent déçus de la réunion

Ils ont été reçus mais tous sont ressortis déçus. "Eux, ils ont peut-être 20 degrés dans leur bureau. Mais moi, j’ai 16,8° degrés chez moi. J’ai froid. Et aujourd’hui, on n’a rien obtenu. Logeo Seine prétend ne pas être au courant de ces problèmes alors que tout cela est connu. Ils prétendent qu’ils vont venir chez nous pour voir ce qui se passe", annonce une locataire très agacée.

"Vous pensez qu’on n’a rien d’autre à faire que d’être là la veille de Noël, interpelle une autre habitante de la Cité rose. On a réclamé, réclamé, réclamé. Logeo renvoie sur la Cram, la société qui s’occupe des radiateurs. La Cram renvoie sur Logéo. Moi j’ai reçu des ouvriers qui sont venus inspecter mes radiateurs. Ils m’ont dit qu’ils étaient encrassés et qu’ils devaient être nettoyés l’été. Rien n’a été fait. Donc les radiateurs ne chauffent plus."

Plusieurs locataires envisageraient d’arrêter de payer leur loyer ou de le consigner sur un compte de la caisse des dépôts.

Sollicitée par notre rédaction, Logeo Seine n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.