UPM choisit Samfi et Paprec pour reprendre la papeterie Chapelle Darblay de Grand-Couronne

Deux ans après sa mise en vente, le dernier site de recyclage de papier en France a enfin trouvé un repreneur. Le propriétaire finlandais a choisi Samfi et Paprec au grand dam des salariés. Le projet du binôme a été préféré à celui du groupe Véolia. La Métropole va user de son droit de préemption.

La décision est tombée à l’issue d’un conseil de surveillance ce vendredi 15 octobre 2021. Deux ans après la mise en vente de la papeterie Chapelle Darblay, le propriétaire finlandais UPM a retenu l’offre de reprise formulée par Samfi et Paprec. 

Le binôme souhaite développer une activité de tri de papiers et de carton usagers, sans recyclage, tout en souhaitant mettre en place d'ici trois à cinq ans une unité de production d'hydrogène. Le choix a de quoi surprendre. Si le projet était depuis plusieurs mois sur la table, il n'enchantait guère les salariés.

Le projet Véolia / Fibre Excellence soutenu par les syndicats et la Métropole

C'est un autre projet, arrivé sur la table au tout dernier moment, qui avait les faveurs des syndicats mais aussi de la Métropole de Rouen. Le groupe Véolia, associé au papetier Fibre Excellence, premier producteur français de pâte à papier marchande, avait fait connaître sa candidature à peine 48 heures avant la décision.

Selon les syndicats, le projet s'inscrivait dans la continuité de l'activité historique du dernier site de recyclage de papier en France. Il prévoyait de fabriquer du carton d'emballage à partir de papiers et de cartons recyclés. Après le licenciement de 228 salariés de l'usine en 2020, la relocalisation de 250 emplois était prévue par Véolia / Fibre Excellence contre seulement 150 dans le meilleur des cas par Samfi et Paprec. 150 emplois qui dépendront avant tout de l'évolution de la filière hydrogène ces prochaines années. Selon le Conseil français de l'énergie, la demande européenne d'hydrogène sera 6 fois supérieure à celle d'aujourd'hui en 2050. 

Dans un communiqué publié sur son site le mercredi 14 octobre 2021, la CGT saluait l'offre ferme de Véolia "industrielle et papetière, la seule adaptée aux atouts de Chapelle Darblay. Le projet de Véolia [...] répond en tous points au discours volontaire pour la réindustrialisation de la France du Président Macron"

"La plus mauvaise offre", selon la CGT

Quelques minutes seulement après la décision, les salariés encore sur place pour préserver l'outil industriel affichaient leur amertume. "UPM a décidé de partir sur la plus mauvaise offre. Les machines vont être démolies. On va passer d'une papeterie à un centre de tri et éventuellement, si on obtient des subventions européennes, on fabriquera de l'hydrogène dans cinq ans. Condamner ainsi l'usine pour avoir une promesse d'hydrogène, c'est un non-sens. Véolia, c'était la seule offre papetière d'envergure", a réagi Cyril Briffault, délégué CGT à l'issue du conseil de surveillance d'UPM France.

La Métropole va user de son droit de préemption

Les syndicats ne s'avouent pas pour autant vaincus car ils disposent d'un atout dans leur manche. La Métropole de Rouen a publié ce vendredi 15 octobre 2021 un communiqué pour indiquer que, conformément à la législation française, elle allait user de son droit de préemption pour favoriser une activité de recyclage papier et carton.

La Métropole rappelle que "l'usine dispose d’une puissance de recyclage de 480 000 t/an, soit le résultat du tri de 24 millions d’habitants –un tiers de la France. Elle rayonne dans un périmètre de 400 km et concerne notamment l’agglomération parisienne, Orléans, Dreux, Chartres, Le Mans, Nantes, Amiens, Rouen, Rennes, Caen, Cherbourg-en-Cotentin, Firminy, Béthune, Ardenne, Aisne, Dijon et bien d’autres villes".

Interrogé par France 3 Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, le Président PS de la Métropole Rouen-Normandie insiste sur le fait que "le site a de l'avenir. Quand vous avez un groupe comme Véolia qui arrive avec 100 millions sur la table, ça veut dire que le potentiel est là".

Le Ministère de l'Économie "regrette la décision prise par UPM"

L'annonce de la reprise de Chapelle Darblay par Samfi-Paprec a également fait réagir le Ministère de l'Économie. Dans un communiqué, il est précisé que le Ministre Bruno Le Maire et la Ministre déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher regrettent la décision prise par UPM "alors même que les deux offres n'ont pas pu bénéficier d'un examen suffisamment détaillé. [...]Nous menons depuis deux ans une action déterminée pour le site de Chapelle Darblay. Nous estimons que l’offre alternative de Veolia mérite d’être examinée dans le détails".

Toujours selon le communiqué, "les ministres s’entretiendront dans les prochaines heures avec les élus du bassin rouennais pour décider des prochaines actions à mener conjointement". Le feuilleton Chapelle Darblay est peut-être loin d'être terminé.

 

 

 

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