Will Simpson, l’œil et la main derrière Game of Thrones

A l'occasion du Festival This is England qui se tient en novembre à Rouen (Seine Maritime), Will Simpson, storyboarder de Game of Thrones, a rencontré des étudiants de Lanimea, école d'arts graphiques animés. Il leur a partagé son parcours et ses secrets de fabrication.

Will Simpson, storyboarder de la série à succès Game of Thrones, s'est rendu jeudi 16 novembre 2023 auprès d'étudiants de l'école des arts graphiques animés Lanimea, à Caudebec-lès-Elbeuf en Seine Maritime. Un invité d'exception qui a partagé devant un parterre d'étudiants son parcours et ses secrets de fabrication. Rencontre.

"J’ai donné un visage aux personnages"

À peine entrés dans la salle de conférences, quasi tous les étudiants de l’école Lanimea se penchent sur une petite table.

Will Simpson y a étalé plusieurs de ses storyboards, ces dessins qui permettent de visualiser sur papier les scènes, pour une série ou un film, avant qu’elles ne prennent vie devant la caméra. Et les storyboards présents sont légendaires : ce sont les premiers de la série multiprimée « Game of Thrones ».  « J’ai donné un visage aux personnages qui allaient nous marquer durant toute la série, les Marcheurs Blancs » explique le dessinateur nord-irlandais de comic books, âgé de 63 ans. Voilà pour l’évocation de sa ligne de CV la plus prestigieuse.

Elle permet de faire le lien avec les étudiants de cette école d’où sortiront, peut-être, de futurs storyboarders ou scénaristes et réalisateurs de films d’animation. Ils connaissent tous la série, un peu moins le reste de son travail. Cette rencontre est faite pour ça mais surtout pour que Will Simpson partage son expérience. « Beaucoup de bonnes choses dans ma vie sont arrivées grâce à des erreurs ! » confie-t-il. Des erreurs qu’il a provoquées en poussant les portes, souvent. Comme ce jour où, pour décrocher l’un de ses premiers jobs, il a quitté son Irlande du Nord pour se rendre à Dublin, en République d’Irlande. « Si je ne m’étais pas déplacé, je n’aurais jamais eu ce job ! » assure-t-il.

Une masterclass basée sur la transmission

« Le fait qu’il dise ‘allez-y’, ‘poussez la porte’, ‘déplacez-vous’... c’est vraiment très important » confirme Hélène Moinerie, la directrice de Lanimea. «  En tant que jeunes, ils n’ont pas confiance en eux, avoir cette parole-là d’une figure très connue, ça compte », précise-t-elle.

Après les étapes de son parcours, l’approche devient encore plus concrète pour les étudiants. Will Simpson projette le storyboard du film « The Northman », sorti en 2022.

Quelques mains se lèvent dans l’assistance quand il demande si quelqu’un a vu ce film d’aventures américano-britannique. Évidemment, être storyboarder, c’est du travail. Mais ça peut aussi occasionner de la frustration.

Quand on finit de dessiner une séquence, le réalisateur peut changer d’avis. Donc vous pouvez être amené à tout recommencer.

Will Simpson, storyboarder

Louis Callens est prévenu. Il fait partie des étudiants qui ont vu « The Northman » et suit assidûment le travail de Will Simpson. Lui aussi aimerait devenir storyboarder ou se lancer dans la mise en scène. De cet échange, il s’est nourri des aspects techniques. « Le fait que la caméra soit toujours centrée sur le personnage, c’est quelque chose que j’ignorais. Ce sont des détails et astuces qui servent vraiment pour donner des idées de mise en scène pour plus tard », s’enthousiasme l’artiste en herbe.

Storyboard en live

Avec ses plus de quarante ans d’expérience, le Nord-Irlandais, à la barbe et aux cheveux blancs, s’installe naturellement à un pupitre mis à sa disposition . Pendant que ses propos sont traduits par un ami et concitoyen, Will Simpson dessine en direct. Sa création est projetée sur l’écran.

L’IA en question

Bien que l’inspiration débute souvent sur le papier dans le monde de l’animation, impossible de ne pas parler de l’intelligence artificielle. Le dessinateur demande si certains y ont déjà eu recours. Quelques jeunes lèvent timidement la main, avec quelques rires gênés. « Vous l’avez vu naître donc c’est normal ! » les rassure Will Simpson. « Il faut juste savoir l’utiliser avec modération. Rester maître de l’idée et garder l’IA comme une machine », conseille-t-il.

À l’issue de cette masterclass, les étudiants ont fait le plein de conseils, de quoi les surmotiver. « Je vais peut-être même lui laisser mon CV » nous confie l’étudiant Louis Callens.

L’illustre invité rencontrera le grand public en fin de journée, vendredi 17 novembre au cinéma l’Omnia, dans le cadre du festival « This is England », consacré au court métrage britannique.