"C'était mieux avant, vraiment ?" A Elbeuf (Seine-Maritime), nous avons posé nos caméras et nous vous avons écoutés. Et vous, qu'en pensez-vous ?
On regrette le passé parfois. On se dit parfois que "c'était mieux avant". Qu'est ce qui était mieux avant ? La question est ouverte, et les réponses vont contre toute attente avoir un point commun.
"Il n'y a plus de commerces"
Pour Christian, retraité de la Poste, "la vie dans les villes était mieux avant, avec des commerces, des boulangeries. Les centres commerciaux ont tué l'animation dans les villes. Il n'y a plus de commerces, il n'y a plus rien".
Il garde en mémoire les odeurs d'une charcuterie alsacienne, avec des gens qui venaient spécialement pour savourer ces préparations."Dans les centres commerciaux, il y a du monde, mais ce sont des gens qui viennent de kilomètres alentour, qui ne se connaissent pas et ne se connaîtront jamais." A 76 ans, Christian regrette à mots couverts le contact humain.
Isabelle, commerçante à la retraite de 63 ans, se souvient avec tendresse de son enfance, avec les sorties entre copains, avec les vélos, les mobylettes. "On se retrouvait à discuter. La jeunesse actuelle a essentiellement des amis virtuels et très peu de lien social."
Isolement et distance
"Au lieu de se rapprocher, on s'est éloigné en fait !", explique Oumar, conseiller en assurance. Le tout juste trentenaire a quitté Elbeuf, pour travailler en Alsace. "Avant, il n'y avait pas ça. Il n'y avait pas cette distance. Je ne sais pas si ce sont les réseaux, ou les technologies, mais avant les connexions étaient différentes. C'était d'humain à humain. Maintenant, c'est plus distant, plus difficile à gérer."
Christian raconte qu'avant les gens se rencontraient. Maintenant, ils restent chacun dans leur coin. "Il y a quelque temps, j'ai appelé une compagnie, ajoute Oumar. Je n'ai pu parler à personne. Il fallait tout faire par internet. Ça va être de pire en pire."
Pas de temps, une vie programmée
Audrey, vétérinaire de 27 ans, spontanément n'est pas sûre que les choses étaient mieux avant. L'Alsacienne venue exercer près d'Elbeuf, concède quand même qu'on prend un peu moins le temps. "Avant on n'avait pas de GPS, on se déplaçait au petit bonheur la chance, en suivant sur une carte éventuellement. Maintenant, on a des GPS, qui parfois recalcule l'itinéraire pour gagner quelques secondes !"
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"Qu'est-ce qu'on fait de ces secondes gagnées ? Pas de choses extraordinaires. On prend moins le temps. J'ai l'impression qu'on était plus insouciant, qu'il y avait plus de places pour l'imprévu, pour la vie. On était moins cadré. Aujourd'hui, on sait où on va, on est efficace !"
Pour Oumar, l'arrivée de l'Intelligence Artificielle est une angoisse. "Je ne sais pas comment on va s'en sortir !", confie-t-il avec un rire.
Le lien à l'autre, le rapport au temps, revient dans chaque réponse.