Au tribunal de Bobigny, le procès du vaste trafic de stupéfiant à Canteleu s'était achevé ce jeudi 4 juillet 2024 avec la relaxe de Mélanie Boulanger. Le parquet avait fait appel de cette décision. Après réexamen du dossier, il s'est finalement rétracté, nous a appris lundi 9 décembre l'avocat de l'ex-édile. Une décision rarissime.
Mélanie Boulanger a été définitivement mise hors de cause dans l'affaire du vaste trafic de stupéfiants à Canteleu, impliquant l'ex-maire socialiste, son adjoint au commerce Hasbi Colak, et une quinzaine d'autres personnes. Son avocat, Me Arnaud de Saint-Rémy, s'est félicité de cette décision "remarquable" du parquet général de la cour d'appel de Paris, se désolant toutefois des "errements que ce dossier a connus".
"La justice en sort grandie"
"Par ce désistement, le Ministère public retient en définitive qu’aucune des charges qui avaient amené [Mélanie Boulanger] à être renvoyée devant le tribunal correctionnel de Bobigny ne tenait en vérité, mettant ainsi un terme à 38 mois d’une souffrance indicible [...]. La relaxe acquise devant le tribunal devient définitive. Ce dossier se termine ainsi pour ce qui nous concerne", a déclaré Me de Saint-Rémy.
L'avocat a cependant rappelé que le dossier avait connu des "errements" importants. Faisant de cette décision du parquet général de la cour d'appel un acte résolument symbolique : "Nous avions espéré qu’il en soit ainsi, en appelant de nos vœux ce désistement en juillet dernier. Nous avons été entendus."
La reconnaissance de son innocence triomphe enfin, mais elle est teintée d’une certaine amertume puisqu’il aura fallu un temps long qui aura coûté beaucoup à Mélanie Boulanger sur le plan personnel
Me Arnaud de Saint-Rémy, avocat de Mélanie Boulangerà France 3 Normandie
Ce choix serait ainsi celui de la "raison" : "Nous ne pouvons cacher, ma cliente et moi, notre joie bien sûr, notre soulagement aussi et, surtout, l’espérance que ce type d’errements ne se reproduise plus à l’avenir au détriment d’aucun de nos concitoyens. La justice en sort grandie."
Une décision "rarissime"
Me de Saint-Rémy souligne que Mélanie Boulanger est "bien plus que soulagée". L'ex-maire appréhendait de revivre un procès extrêmement pesant, même en appel : "Revivre éventuellement un procès à partir d'une relaxe, c'est toujours un exercice compliqué. L'audience avait été tellement douloureuse en termes de pressions de toutes natures qu'un nouveau procès aurait eu un impact important sur sa sérénité."
"Le parquet général d'une cour d'appel se désiste rarement, ajoute-t-il. S'il le fait, il le fait lors de l'audience. Là, la décision a été prise suffisamment à l'avance. Ils ont considéré qu'il n'y avait pas de raisons de faire appel de la relaxe. C'est une décision remarquable de ne pas aller plus loin, une décision suffisamment rare pour qu'elle soit saluée."