La commune cauchoise d'Allouville-Bellefosse doit faire face au danger d'effondrement d'une importante cavité souterraine.
Cette commune située au centre du Pays de Caux, à quelques kilomètres à l'ouest d'Yvetot, est connue pour son chêne millénaire renfermant deux chapelles, sa confrérie de l'ordre du gland et son centre d'hébergement d'animaux sauvages et d'étude de la nature, où sont notamment soignés les bébés phoques trouvés sur le littoral
Un danger pour les habitants
En ce début avril 2022, le maire d'Allouville-Bellefosse est très embêté et envisage l'avenir avec pessimisme. La raison n'est pas politique mais financière car une catastrophe est survenue et pourrait bien coûter le quart du budget communal, soit 300.000 euros !
"C'est vrai qu'on a une grosse épine dans le pied" a expliqué Didier Terrier, le maire (Horizons) d'Allouville-Bellefosse à notre journaliste Maxime Fourrier. La catastrophe, c'est la découverte d'une immense cavité souterraine qui présente un risque d'effondrement. Après des sondages effectués lors de la vente d'une maison, des experts ont détecté une marnière.
Une sorte de "mine" de calcaire qui servait, les siècles derniers, aux agriculteurs à amender leurs terres. Abandonnées, oubliées et surtout non répertoriées (car souvent non déclarées pour échapper aux taxes) les anciennes marnières constituent aujourd'hui un véritable fléau en Normandie où leur nombre est estimé à 120.000, essentiellement situées sur le plateau calcaire du Pays de Caux, en Seine-Maritime.
"Une vraie cathédrale"
Le souci du maire d'Allouville-Bellefosse c'est que la marnière ne se trouve pas uniquement sous la maison en vente mais s'étend bien plus loin, sous une route qu'il a fallu barrer et interdire à la circulation : "C'est une vraie cathédrale qui se trouve sous cette voie ! La route est impactée sur 1700 mètres carrés avec un vide colossal." Une gêne pour les habitants des environs qui doivent faire un grand détour. Cette situation risque de durer un moment car les trois solutions envisagées, celle de combler la marnière, celle de sécuriser une partie de la chaussée ou celle, radicale, d'un déplacement de la route pour contourner la marnière, nécessitent des études et des expertises.
Et comme le précise Didier Terrier, toutes ces solutions coûtent cher et dépassent les possibilités de la commune : "On n'a pas vraiment les moyens, aujourd'hui, et l'enveloppe financière risque d'être abyssale ! Et les finances de la commune c'est quoi ? Ce sont les impôts des gens, donc on ne peut pas faire n'importe quoi non plus. Et d'ailleurs je fais appel aux collectivités qui nous entourent qui sont soit le Département, la Région ou l'Etat de pouvoir nous aider."
La marnière découverte a été explorée en partie par une société spécialisée qui a réalisé une cartographie en 3D. Apparemment exploitée sur plusieurs époques successives, elle se révèle très importante selon Benjamin Troadec, ingénieur géologue d'"Explor-e" : "Ce sont des galeries qui font par endroit plus de 10 mètres de hauteur avec des volumes reconnus d'au moins 1500 m3 et une surface au sol de 700 m2, alors qu'on ne voit toujours pas l'extrémité de la cavité…"
Il faudra donc être patient pour pouvoir rouvrir la route.