Train Caen-Tours : pourquoi les usagers refusent-ils de prendre le bus ?

Trains supprimés, horaires modifiés, des bus à la place des trains... Les cheminots et les usagers disent « non » au projet de transformation de la ligne Caen-Argentan-Alençon-Le Mans-Tours. Rassemblés dans les gares concernées, ils mènent une action ce jeudi 4 juillet, pour alerter les usagers.
 

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Ils sont une petite douzaine réunis sur la voie D, en gare de Caen. Tracts, pétitions et autocollants CGT sur la poitrine, des cheminots et un collectif de citoyens se mobilisent ce jeudi 4 juillet. 

L’objectif ? Informer et alerter les usagers de l’avenir de la ligne Caen-Argentan-Alençon-Le Mans-Tours. Ces défenseurs du service public ferroviaire réunis dans les gares d'Argentan, de Caen, du Mans et d'Alençon ce jeudi, s'opposent au projet de suppression de 12 trains quotidiens dans les deux sens entre Caen et Tours. Selon le collectif, le projet de transformation devrait être mis en place à compter du 18 décembre prochain. 
 

Interview de David Cardin, CGT Cheminots de Caen


Des horaires incompatibles avec ceux des bureaux

"Au départ de Caen, l'usager qui se rendra à Alençon pour son travail n'arrivera qu'à 8h37. C'est impossible pour un employé d'être à son poste à 9 heures !", s'insurge Philippe Denolle, président du collectif citoyen de défense des axes Sud normands. Il analyse : "Tout est fait pour décourager les usagers de prendre le train. Les travailleurs vont demander leur mutation et les étudiants choisiront d'autres villes : c'est un coup porté à tous les territoires".

Les horaires ne sont pas conciliables avec le rythme des salariés, des lycéens et des étudiants qui empruntent la ligne entre Caen et Tours. Marie-Alice Fernandez, étudiante en arts du spectacle à Caen, prend le train une fois par semaine pour rentrer dans sa famille près du Mans. Après avoir signé la pétition, qui s'oppose à la suppression des trains, cette voyageuse assidue explique : "les co-voiturages coûtent beaucoup plus chers que les voyages en train. C'est plus long et moins agréable".
 

Et l’écologie ?

"Bonjour l'environnement !", s'étonne Philippe Denolle sur le quai de la gare, avant de sauter dans le train qui se rend au Mans, pour avertir les usagers des Pays de la Loire. Des bus devraient être mis en place en guise de moyens de transport de subsitution. Sensible aux problématiques écologiques, Marie-Alice - sac de voyage sur l'épaule - s'exclame : "le bus consomme plus que le train : je ne vois pas trop l'intérêt vu l'état actuel de notre planète !".

Du rail à la route, les cheminots s’inquiètent. « Les suppressions de trains représentent au total 8460 km. […] C’est un choix en total contradiction avec la nécessité de combattre le réchauffement climatique en réduisant notamment l’émission de gaz à effet de serre et de façon plus globale en combattant toutes formes de pollution »,  souligne la CGT cheminots de Caen dans un communiqué du 25 juin. "L'impact carbone d'un train n'est pas du tout le même que celui d'un bus",  insiste le cégétiste David Cardin, pétitions sous le bras. 
 


Un service dégradé 

La conseillère régionale communiste Marie-Jeanne Gobert proteste elle aussi contre la mise en place de bus. Venue apporter son soutien aux usagers sur le quai, elle n'approuve pas "la dégradation du service rendu aux usagers". Sur le quai, la situation des personnes en situation de handicap est évoquée. Une voyageuse prend l'exemple de son fils en fauteuil roulant, habituellement accompagné à bord du train. Avec les bus, elle s'inquiète. Son fils pourrait ne plus être en mesure de voyager entre Caen et Tours.
 

"Le service public est en train de disparaître en France", David Cardin CGT cheminots de Caen


Le collectif de citoyens a formulé "des propositions avec plus de trains et avec des horaires plus adaptés aux besoins des usagers". David Cardin explique : "on attend que le Conseil régional prenne acte de la colère des usagers puis qu'il revienne sur sa décision et sa volonté de supprimer des trains sur l'axe Caen-Tours". Attaché aux acquis sociaux, il conclut désabusé : "on est en train de casser le service public plutôt que de le faire évoluer dans le bon sens".
 
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