Le casse-tête des collégiens pour trouver un stage de troisième

En ce contexte de crise sanitaire, l'obtention d'un stage pour les élèves de classe de 3e se révèle ardue. Le ministère de l'Education nationale a bien proposé d'assouplir les règles, mais la dispense totale de stage doit rester "exceptionnelle", insiste le rectorat de Bordeaux.

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C'est un casse-tête qui concerne chaque année tous les collégiens en classe de 3e… et leurs parents. Où trouver ce stage d'observation de cinq jours en entreprise, obligatoire pour tous ? Pas facile de trouver une entreprise qui accepte d'accueillir un(e) adolescent(e), le plus souvent indécis sur son orientation, venu(e) "découvrir" et "regarder" à quoi ressemble le monde professionnel.

Peur du virus et télétravail

Cette année, le problème s'est corsé, crise sanitaire oblige. Les témoignages de parents inquiets se multiplient :  les entreprises  ne peuvent pas accueillir les élèves. Certains collégiens qui avaient anticipé plusieurs mois à l'avance et avaient déjà trouvé leur place, se voient contraints de retourner à la case départ après un volte-face de l'employeur.
"C'est un vrai problème, reconnaît Valérie Escoubet, présidente l'association de parents d'élèves la Peep  en Aquitaine. C'est encore plus compliqué cette année que les précédentes. Entre les salariés en télétravail, la crainte de la contamination, le manque de personnes  pour encadrer les élèves… Tout le monde appréhende et hésite à s'engager, même pour cinq jours".

Je peux comprendre leurs réticences. Imaginez qu'un jeune se rende en stage et contracte le virus dans l'entreprise.. Nous allons nous retrouver dans une situation inédite. Beaucoup d'élèves vont se retrouver sur le carreau.

Valérie Escoubet, président de la Peep Aquitaine


Comme Valérie Escoubet, Stéphanie Anfray, à la tête de la FCPE Gironde  a été saisie de la question  par des parents inquiets. " Les universités, les laboratoires, les grosses entreprises prenaient beaucoup de stagiaires. Ils venaient par salves et suivaient un parcours dédié. Elles disent aujourd'hui ne pas être en mesure d'accepter des stagiaires, assure-t-elle. C'est un problème que nous avons pointé du doigt dès la rentrée, mais on ne nous a pas apporté de solution" déplore-t-elle.

La "marge de manœuvre" du chef d'établissement

La solution, apportée dans un directive du ministère de l'Education nationale est assez vague. "Le chef d'établissement dispose d'une marge de manœuvre sur la période choisie. Au lieu de le programmer en novembre, il peut par exemple choisir de reporter de quelques mois", précise le rectorat de Bordeaux. Autre mesure : "à titre exceptionnel, pour des raisons dument justifiées et dans le cadre de restrictions sanitaires locales", il peut également décider que les élèves qui n'auront pas trouvé de stage n'en subisse pas le préjudice.
Est-ce à dire que les élèves Girondins, qui postulent dans un département "en alerte renforcée" sont concernés par cette dérogation? "Cela doit rester exceptionnel", répond le rectorat.

C'est le flou donc et une situation bien embarrassante pour tout le monde : " Pour le moment, c'est encore quelque chose à construire, ça ne veut pas dire que les établissements n'y réfléchissent pas. On n'a pas une réponse unique " avoue l'inspecteur d'académie de la Dordogne Jacques Caillaut ce mercredi matin 7 octobre. " Il n'y aura pas un schéma unique avec je pars cinq jours en entreprise. La réponse, ça peut être l'entreprise qui vient parler à l'école de ce qu'elle fait, quitte peut-être à envisager, si les jours sont meilleurs au printemps, d'autres jours à ce moment-là. " 

Des offres de stages en ligne

Depuis trois ans, le département de la Gironde propose une aide aux élèves en recherche de stage. Une plateforme en ligne qui propose aux élèves, quelques 2700 stages d'observation, contre 5 000 offres l'an passé. "Ça a été plus compliqué d'avoir des retours cette année, admet Typhaine Cornacchiari pour le Conseil départemental. Beaucoup de nos partenaires ont peur de rajouter une personne supplémentaire dans leurs locaux. Ou d'être contraints de devoir passer en télétravail et de ne pas être en mesure de l'accueillir".

Avec néanmoins quelques bonnes surprises, comme cette microferme de Bazas qui propose une cinquantaine de stages aux collégiens. "Avec cette plateforme, les collégiens ont accès à des offres venant de secteurs vers lesquels ils ne se seraient pas forcément tournés en premier lieu", assure Typhaine Cornacchiari. Les employeurs volontaires pour accueillir un ou une collégienne peuvent d'ailleurs toujours se signaler via la plateforme.

Inégalités sociales

Impossible de savoir sur les 5 000 offres proposées l'an passé combien ont été pourvues. Crise sanitaire ou non, l'obtention d'un stage reste un puissant marqueur des inégalités sociales, note Stéphanie Anfray. "Le champ des possibles n'est pas le même. Sans réseau, c'est très difficile de trouver un stage dans un cabinet d'architecte ou dans le numérique".

Pour les autres, l'objectif est souvent de valider ce stage et le remplir son rapport, quelque soit l'univers professionnel observé. La tradition veut que les rares élèves restés sur le carreau soient "recrutés" par leur établissement scolaire et se retrouvent à travailler dans la cantine ou l'administration.
"A titre personnel je considère ce stage dispensable, confie Valérie Escoubet. L'idée est très bonne, mais dans la pratique ce n'est pas ça. Ils ne voient pas vraiment le monde professionnel.
J'imaginerais bien volontiers un forum des métiers. Les professionnels pourraient se libérer plus facilement pour une journée, ils pourraient discuter avec les élèves et leur transmettre leur envie et leur vision du métier"

 
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