Bassines. L'utilisation en Charente-Maritime rejetée par le Conseil d'État : "Les environnementalistes ont gagné, on va devoir tout arrêter."

Le Conseil d’État vient de rejeter le recours porté par les irrigants de Charente-Maritime. Ces derniers contestaient la décision de la cour administrative de Bordeaux leur interdisant l’utilisation de cinq "bassines". Entre déception et agacement, réaction du président de l'Association des irrigants.

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"Les environnementalistes ont gagné, on va devoir tout arrêter." Remonté et déçu, Thierry Boucard, président de l’Association syndicale autorisée d’irrigation des Roches, essuie le rejet du Conseil d’État. Le 3 février 2023, ce dernier a confirmé l’interdiction d’utiliser les cinq réserves de substitution destinées aux agriculteurs en Charente-Maritime.

Un avis qui confirme la décision de la Cour administrative d’appel de Bordeaux en mai 2022. Les agriculteurs des communes de La Laigne, Cramchaban et la Grève-sur-le-Mignon ne pourront donc pas prélever le bassin du Mignon pour remplir leurs "bassines". Le 17 mai 2022, la cour administrative d’appel de Bordeaux justifiait sa décision par l’absence ou l’insuffisance de données dans les études d’impact ainsi que l’absence de sources sur certaines données.

Une grosse désillusion pour les irrigants

En faisant appel au Conseil d’État, l’Association syndicale autorisée d’irrigation des Roches dénonçait une décision de la cour administrative d’appel insuffisamment motivée et fondée sur "des motifs hypothétiques" et pointait plusieurs "dénaturations des pièces du dossier", selon l’AFP. Des arguments que n’a pas entendus le Conseil d’État, qui précise qu’"aucun de ces moyens n'est de nature à permettre l'admission du pourvoi".

"C’est plus que de la déception, réagit Thierry Boucard auprès de France 3. On avait investi, on était persuadé de bien faire pour tout le monde et notamment pour l’environnement." Ces dernières années, les réserves de substitution ont fait naître une vague de contestation de la part d’organisations et de militants écologistes. Ceux-ci dénoncent le pompage des nappes phréatiques et l’inefficacité du dispositif.

Si on abandonne, c'est 5,5 millions d'euros perdus, dont 67% d'argent public.

Thierry Boucard, agriculteur et président de l’Association syndicale autorisée d’irrigation des Roches

à l'AFP

"Bien sûr que l’on pompe dans les nappes phréatiques, mais on le fait pour faire des réserves et ne pas avoir à le faire l’été, quand elles sont au plus bas. Eh bien maintenant, on le fera l’été, si c’est ce qu’ils veulent", s’agace l’agriculteur.

Et maintenant ?

Thierry Boucard peine à cacher sa colère. Il se dit inquiet pour le futur de l’agriculture. "Avec des décisions comme ça, on va finir par ne plus rien produire et devoir tout importer", s’exclame-t-il.

Si pour le moment la déception est trop grande pour se projeter vers une nouvelle demande d’exploitation des retenues d’eau, Thierry Boucard tient à rappeler : "Elles ne sont pas illégales, c’est simplement leur utilisation qu’il l’est ! Donc on ne peut pas se permettre de les dégrader comme le font certains."

Les irrigants tentent d’abord de digérer la nouvelle avant de se réunir pour potentiellement demander à nouveau l’exploitation des "bassines" controversées.

Contacté, le porte-parole du collectif Bassines Non Merci, Julien Le Guet, n'a pas répondu à nos sollicitations, à l'heure où nous écrivons ces lignes. 

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