Le port a modifié les conditions financières d'accueil du navire dans le bassin des Chalutiers. Le couple propriétaire de Ze Boat dénonce une expulsion injuste.
C'est une histoire qui fait causer sur les pontons du port de La Rochelle. Ze Boat serait devenu indésirable. Ce bateau en acier de 160 tonnes et 30 mètres de long était amarré dans le bassin des Chalutiers depuis cinq ans.
Le couple, propriétaire du navire, y avait installé ses activités professionnelles. Un cabinet de massage japonais pour madame et une agence de photographie pour monsieur. Mais Philippe Mémeteau et sa compagne ont été prévenus il y a 6 mois qu'à compter du 1er janvier, le port mettrait fin à leur contrat annuel d'amarrage, tacitement reconduit jusqu'alors.
"C'est un projet de vie qui s'écroule" explique-t-il à notre équipe de reportage, Justine Sagot et Christophe Guinot. "C'est incompréhensible pour nous."
On se sent chassé de La Rochelle alors qu'on a eu l'impression de construire quelque chose ici. Quelque chose qui plaisait à plein de gens. On se retrouve expulsé.
Philippe Mémeteau, propriétaire de "Ze Boat"
Pour rester, le couple devrait s'acquitter du tarif réservé aux bateaux en escale : soit 4 000 € par mois en haute saison. Un tarif trois fois plus élevé que celui qu'il payait jusqu'alors : 1 300 € par mois.
Philippe Mémeteau et sa compagne ont donc pris la décision de partir. "On est triste, déçu et malheureux, confie-t-il, C'est sûr, notre bateau, c'est pas l'Hermione, il n'est pas en acajou, mais il a fait le tour du monde, il a 150 ans, il aurait toute sa place dans l'histoire du port de La Rochelle."
Trop moche ?
Les propriétaires de Ze Boat n'en démordent pas : ce qui pêche, c'est l'esthétique de leur bateau. Ils l'affirment : les responsables du port leur ont déjà signifié qu'il était "moche."
Faux, assure le directeur qui plaide une réorganisation nécessaire. "Pour accueillir des bateaux évènementiels, des grands voiliers, des bateaux de course, et la production locale de bateaux neufs, on a besoin de retrouver de la souplesse sur l'utilisation de ces linéaires" argumente Bertrand Moquay.
"On a permis à des gens de venir parce que c'était bien à l'époque, mais ce n'est plus dans nos orientations aujourd'hui, donc il faut bien trouver des solutions pour avancer" conclue-t-il.
À défaut d’avoir trouvé un autre port, Philippe Mémeteau lance un appel à tous les passionnés : il vend son bateau. Mise à prix : 210 000 euros.