Tensions entre la Chine les producteurs de Cognac qui craignent de nouvelles taxes

La Chine affirme qu'elle n'imposera pas, pour l'instant, de droits de douane au brandy européen bien qu'elle estime avoir trouvé des preuves de dumping. Le Bureau national interprofessionnel du Cognac se dit "la victime collatérale d'un conflit qui la dépasse" et appelle l'Union européenne à négocier.

Jusqu'où iront les tensions économiques entre la Chine et l'industrie du Cognac ? Alors que Pékin annonce qu'il n'imposera pas de droits de douane provisoires aux producteurs européens de brandy comme le Cognac français, même si le gouvernement a déclaré avoir trouvé des preuves de dumping, les producteurs charentais s'inquiètent de possibles mesures de rétorsions contre ses exportations.

Dans un contexte de tensions commerciales entre la Chine et l'Union européenne (UE), Pékin a lancé en janvier une enquête sur les eaux-de-vie à base de vin importées de l'Union européenne, quelques mois après que l'UE a entrepris, de son côté, une enquête sur les subventions chinoises aux véhicules électriques.

La procédure a été officiellement déclenchée après une plainte déposée en novembre par l'Association chinoise des alcools au nom de l'industrie nationale du brandy.

Selon des conclusions préliminaires, le brandy importé de l'Union européenne a bien fait l'objet de dumping en Chine, avec des ventes à des prix inférieurs à ceux du marché national et le secteur chinois du brandy est par conséquent "menacé de dommages substantiels", a affirmé le ministère du Commerce dans un communiqué.

S'ils étaient appliqués, de tels droits affecteraient lourdement le cognac dans ses exportations vers la Chine, marché qui représente à lui seul 25% de nos exportations

Communiqué de presse

Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC)

Mais "dans ce cas, aucune mesure antidumping provisoire ne sera adoptée pour le moment", ajoute le communiqué, tout en n'excluant pas de futurs droits de douane.

Les actions des fabricants français de spiritueux Rémy Cointreau et Pernod Ricard ont rebondi jeudi après l'annonce.

La Chine a importé plus de brandy que tout autre spiritueux en 2022, la plupart provenant de France, selon un rapport du groupe de recherche Daxue Consulting.

"Victime collatérale"

Le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), qui défend en France les intérêts des producteurs du spiritueux, insiste sur le fait que la procédure n'est pas terminée et que des taxes additionnelles, pouvant s'élever en moyenne à 34,8%, peuvent toujours être imposées.

"S'ils étaient appliqués, de tels droits affecteraient lourdement le cognac dans ses exportations vers la Chine, marché qui représente à lui seul 25% de nos exportations", écrit l'organisation dans un message transmis à l'AFP en regrettant que le secteur devienne "la victime collatérale d'un conflit qui la dépasse".
Elle appelle la France et l'Union européenne à négocier "immédiatement en vue d'une non-application et d'un abandon de ces droits" de douane.

Le groupe de spiritueux Rémy Cointreau, exposé à une éventuelle taxe additionnelle de 38,1% sur ses cognacs exportés vers la Chine, estime avoir pourtant démontré "la conformité de ses produits et de ses pratiques commerciales aux réglementations chinoises et internationales" et "l'absence de dumping".

Les droits de douane définitifs pourraient différer de ceux qui viennent d'être communiqués, voire ne pas être appliqués, précise l'entreprise dans un communiqué en soulignant ne pas être "en mesure d'évaluer les éventuels futurs impacts".

À l'occasion de la publication des résultats annuels de Pernod Ricard, son PDG, Alexandre Ricard, s'est de son côté dit "déçu" par les résultats préliminaires de l'enquête chinoise, car le groupe "ne fait pas de dumping".

Affrontement commercial

Dernier épisode de l'affrontement commercial entre les deux puissances économiques, Pékin a lancé le 21 août une enquête sur les subventions européennes à certains produits laitiers importés en Chine, le lendemain de l'annonce par l'UE de son intention d'imposer plus fortement pendant cinq ans les véhicules électriques provenant de Chine, avec des taxes pouvant aller jusqu'à 36%.

L'enquête portera sur une série de produits, notamment le fromage frais et le lait caillé, ainsi que certains types de lait et de crème.

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