Le Ban de la Distillation, prévu les 25 et 26 octobre, est un événement attendu par les professionnels du Cognac. Cette deuxième édition est marquée par les tensions douanières avec la Chine, qui a décidé de surtaxer l'alcool de 35 %. Une réponse aux surtaxes sur les véhicules électriques chinois, votées par l’Union européenne.
Les papilles et le nez sont en éveil alors que la distillation du cognac débute tout juste dans cet atelier. Maillon essentiel du processus de fabrication, elle permet de concentrer l'alcool dans un liquide fermenté en le séparant des autres composés chimiques.
Dévoiler la culture du cognac
Distillateur au sein de la distillerie de son père, Pierre Pinard observe attentivement la température. "Je regarde le TAV (titre alcoométrique volumique) : à 70 % d'alcool, je baisse l'intensité de gaz parce que l'on va se rapprocher du moment de la coupe. Je décide donc de ralentir le débit de coulage pour mieux capter le moment où il va falloir couper. C'est un élément essentiel de la distillation." Tant d'aspects très techniques autour de la fabrication, que seuls les producteurs connaissent.
À l'occasion du Ban de la distillation, prévu les 25 et 26 octobre, les amateurs de cognac pourront découvrir ces techniques ancestrales. Un évènement qui met les professionnels à l'honneur. "C'est l'intérêt de recevoir du public dans ce cadre-là : on souhaite transmettre nos savoirs-faire et tous les gestes techniques que l'on fait. On consomme d'autant mieux lorsque l'on connaît le produit.
C'est notre participation à la formation de notre public, de dévoiler notre culture française, notre culture cognaçaise de cette double distillation qui existe depuis 500 ans"
Éric PinardFérant de la Distillerie Pinard Frères
"Trouver des moyens de séduire les consommateurs"
D'autres acteurs incontournables de la distillation sont également à l'honneur durant cet évènement qui promeut le cognac, celle des tonneliers. C'est le cas de Noah Moreau, apprenti tonnelier : "moi le premier, quand je ne connaissais pas le métier, quand j’ai vu qu'une barrique pouvait se fermer avec de l’eau et du feu, j’étais choqué. C’était impressionnant donc ouais, ils sont contents de voir ce qu’on fait et ça fait plaisir aussi pour nous."
Cet événement est toutefois marqué par une récolte plus faible cette année, ainsi que des tensions commerciales avec la Chine qui vient d’appliquer des surtaxes douanières de 35 % sur le cognac. "L'impact de ces problèmes touche directement le moral. On avait l'habitude d'avoir une région florissante, qui marchait bien. Moins l'on va sortir de cognac, moins l'on va avoir de vignes à entretenir. Sinon, on va descendre les rendements et donc le volume de barriques va forcément descendre, estime Jean-Charles Vicard, tonnelier. Aujourd'hui, il faut trouver des moyens de séduire à nouveau les consommateurs, malgré ce que nous pondent les différents pays.
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C'est à nous aussi de nous réinventer, arriver à trouver un cognac qui correspond à un palais plus jeune, un palais changeant.
Jean-Charles VicardTonnelier
Voir notre reportage :
"On est très soumis à la géopolitique"
Se réinventer et fédérer selon Jérôme Sourisseau, le président de l'Agglomération de Grand-Cognac : "Quand on est un produit qui s'exporte à 98 %, on est très soumis à la géopolitique. On a besoin d’être défendus, dans ce contexte international et de géopolitique complexe, par l’ensemble des Français.
Il faut qu’ils se réapproprient ce produit tant aimé dans le monde et c’est aussi l’objectif de ce festival. Ça va être difficile, mais on se bat.
Jérôme SourisseauPrésident de l'Agglomération de Grand-Cognac
"Le contexte est particulier, mais nous redonne de l'énergie pour dire aux Français de redécouvrir ce qu'est le cognac et son histoire, poursuit Jérôme Sourisseau. Ce n'est pas uniquement celui d'une liqueur que l'on boit dans une chaise en cuir au coin d'une cheminée."
Le Ban de la distillation devrait attirer 3 000 personnes en fin de semaine, selon les organisateurs.