"Oubliés", "délaissés"… un peu partout en Aquitaine les commerçants dits "non essentiels" s'élèvent contre des décisions gouvernementales qu'ils jugent inégalitaires et organisent des actions de protestation.
"Nous voulons donner une voix aux oubliés, aux non essentiels", Elise Martimort est créatrice de robes de mariés sur mesure. Son atelier, situé rue Buhan à Bordeaux, est fermé depuis le reconfinement.Pourtant, elle qui "fait sa saison sur trois mois ", n'a pu bénéficier des aides pour le tourisme et l'événementiel.
Tous en noir pour une flash mob
"Nous vendons des robes l'hiver, pour des mariages qui ont lieu en été. 80 % de notre chiffre d'affaires se fait entre octobre et janvier. Nous savons déjà que notre année est cramée", déplore-t-elle.La créatrice fait partie des organisateurs d'une flash mob, prévue lundi 23 novembre et qui réunira tous ceux qui, comme elle, se sentent mis de côté par les décisions gouvernementales.
La mobilisation, qui se veut artistique et pacifique, veut associer une grande variété de professionnels : commerçants, artisans, intermittents du spectacle, le monde du sport, les brocanteurs…
"En échangeant, on se rend compte qu'au-delà de notre cas particulier, beaucoup de gens connaissent des difficultés. Nous sommes là, sans pouvoir travailler, pendant que les hypermarchés s'engraissent…
Nous ne sommes pas du tout contre le confinement, nous avons conscience de la crise sanitaire. Mais pourquoi les règles et les dispositifs ne sont pas les mêmes pour tous ?"
La mobilisation s'inspire de celle qui a rassemblé un millier de commerçants et artisans à Toulouse le 6 novembre.Nous sommes nombreux à nous sentir ignorés et abandonnés. Nous ne voulons plus nous battre tous seuls, on doit faire quelque chose.
Avec deux objectifs : sensibiliser l'opinion, "les gens s'imaginent que tous les chefs d'entreprises touchent 10 000 euros d'aides par mois, c'est faux! ", note Elise Martimort. Et faire bouger les pouvoirs publics, localement et à l'échelle nationale, afin de venir en aide à ces acteurs essentiels à la vie économique du pays.
Report du Black Friday
Jeudi soir, la société Amazon et plusieurs grands distributeurs annonçaient reporter la grande braderie du Black Friday, prévu le 27 novembre, au 4 décembre, si cela permet de rouvrir les commerces non essentiels à compter du 1er décembre.Insuffisant pour sauver les petits commerces, estime Christian Baulme, président de la Ronde des quartiers, l'association des commerçants et artisans de Bordeaux.
Quand le petit commerçant arrive, il fait une marge de 3% maximum, pendant que les autres font jusqu’à 12% de marge.
Soyons réalistes, ce genre d'opération ne profite pas spécialement au monde du commerce.
Ils veulent ouvrir le 1 er décembre
Un point de vue partagé au Pays basque par Cathy Gueguen, présidente de l'union commerciale de Bayonne. "Pour le gouvernement, c'est toujours plus facile de fermer les petits commerces plutôt que les grands. Quand on voit que Gifi est ouvert, on est en droit de se demander pourquoi.Nous ce que l'on veut, c'est ouvrir le 1 er décembre au plus tard. Et on va y arriver", poursuit-elle, se déclarant prête à braver une éventuelle interdiction.
La représentante des commerçants, elle-même dirigeante d'une boutique de soin et de beauté à Anglet, se dit encouragée en ce sens par ses clients. "Les gens sont avec nous. Des clients m'ont dit qu'ils veulent nous soutenir, nous les petits commerçants, qui nous battons au quotidien".
Manifestation samedi à Biarritz
Une grosse manifestation est organisée samedi matin à Biarritz à 11h30 place Clémenceau, rassemblant des commerçants de l'ensemble du Pays basque.Le 4 novembre, 400 commerçants réclamant la réouverture de leurs entreprises s'étaient rassemblés devant la préfecture de Bayonne.