Malgré la colère actuelle du monde agricole, certains jeunes sont désireux de se lancer et de reprendre une exploitation. Ils sont à la recherche de financements. Ils utilisent parfois des moyens originaux. L'un d'entre eux travaille dans un verger écoresponsable d'Allassac. Portrait d'un jeune passionné par l'arboriculture.
Depuis quarante-deux ans, Jean-Jacques Bouisse, arboriculteur, s'occupe d'une exploitation familiale sur les hauteurs d'Allassac. Cette dernière comprend dix-huit hectares de pommiers dans l'AOP Pommes du Limousin, à cela s'ajoute un demi-hectare de pêchers et d'abricotiers. Entretenir toutes ces variétés requiert une sacrée expertise. "Les bourgeons sont sur le bois, il faut bien les dégager pour que la lumière entre dedans", détaille le pomiculteur.
Un jeune candidat à la succession
L'heure de la retraite a bientôt sonné pour l'arboriculteur. Il ne souhaite pas abandonner son exploitation et cherche donc un repreneur. "Ça me ferait mal au cœur de ne trouver personne. J'ai passé quarante ans à regrouper des parcelles, pour avoir une exploitation viable. Mes enfants ne les ont pas reprises. Ils ont choisi une autre orientation, mais je serai content d'installer un jeune. Si c'est Julien, c'est avec plaisir, confie-t-il. Je l'accompagnerai le plus longtemps possible."
Je serai content d'installer un jeune.
Jean-Jacques Bouissearboriculteur à Allassac
Julien Quéré travaille pour le pomiculteur. Issu du milieu agricole, il se destinait plutôt aux travaux publics, avant de tomber amoureux de l'arboriculture dans ce même lieu, en septembre dernier. À vingt-deux ans, le passionné se verrait bien reprendre l'exploitation. Pour espérer l'acquérir, il devra rassembler plus d'un million d'euros.
"Avant d'aller voir le banquier, il faut réfléchir dans son for intérieur : est-ce qu'on a envie de vivre aujourd'hui avec des crédits et des emprunts sur des dizaines d'années et ne pas tirer un salaire ou au contraire, on n'essayerait pas de trouver d'autre moyen, faire un peu différemment. On est jeune, on essaye d'innover, d'inventer", explique Julien Quéré, salarié agricole.
Cagnotte en ligne
Ce dernier a alors l'idée de lancer une cagnotte en ligne en s'appuyant sur la mobilisation du monde agricole. Le fait que 50% des arboriculteurs ont plus de cinquante-cinq ans pourrait jouer en sa faveur.
"D'ici cinq ou six ans, il y aura un virage majeur dans l'arboriculture française. Il faut donc des jeunes pour reprendre ces exploitations. Au vu de l'actualité, je trouve ça judicieux de lancer cette cagnotte à ce moment-là, pour que tous les citoyens se rendent compte de l'enjeu que sont les campagnes françaises", espère Julien Quéré.
D'ici cinq ou six ans, il y aura un virage majeur dans l'arboriculture française. Il faut donc des jeunes pour reprendre ces exploitations.
Julien Quérésalarié agricole à Allassac
Reste à savoir si ce type de financement alternatif pourrait être un moyen original d'aider le monde agricole.