VIDÉO. Les ardoises de Travassac : un savoir-faire de Corrèze sur le toit du Mont Saint-Michel

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Les ardoises de Travassac sont réputées dans toute l'Europe pour leur qualité. Elles sont produites dans l'une des deux dernières carrières encore actives en France. Ces gardiens de la feuille d'ardoise corrézienne sont les derniers représentants d'une profession dont le savoir-faire a bien failli disparaître. ©Jules Boudier, Valérie Agut, France Télévisions

Les ardoises de Travassac sont réputées dans toute l'Europe pour leur qualité. Elles sont produites dans l'une des deux dernières carrières encore actives en France. Les gardiens de la feuille d'ardoise corrézienne sont les derniers représentants d'une profession dont le savoir-faire a bien failli disparaître.

Elles habillent le toit du Mont Saint-Michel. Les ardoises de Travassac sont très prisées. Le filon de la Fayotte dans la région est l'une des dernières carrières d'ardoise toujours exploitées en France. C'est en ces lieux que commence le savoir-faire ancestral des ardoisiers de Corrèze. Ils y trouvent une matière première aux qualités exceptionnelles.

Un travail de précision 

Arnauld Dubay, gérant des Ardoisières de Corrèze, explique les étapes : "On va utiliser de l'explosif. On va forer le bloc, tous les mètres sur huit...dix...douze mètres de profondeur, et avec l'explosif, ça va venir couper à la base, en gardant à peu près, quatre, cinq mètres de pierre au-dessus. Une fois que ce sera coupé, on va venir avec une pelle, arracher les blocs par le haut."

L'extraction de cette roche est un processus lourd et difficile. C'est un art qui, contrairement aux apparences, demande beaucoup de précision. Nicolas, son collègue, utilise une pelleteuse comme une main adaptée à la lourdeur du matériau : "C'est particulièrement fin, souligne Arnaud Dubay. Nicolas va chercher la pierre, la trier, récupérer ce qui va être fendable et taillable et laisser le reste pour le moment sur le côté."

Dans les mains des ardoisiers

Ces blocs d'ardoise se retrouvent ensuite entre les mains d'Adrien Donadini, un salarié de l'entreprise qui s'occupe du taillage de pierre. Il est la plus jeune recrue des six ardoisiers de Travassac, mais il lit déjà dans la pierre comme dans un livre ouvert.

"Faut savoir que la pierre, c'est comme le bois, il y a un fil, commente Adrien. On va toujours attaquer la pierre dans le sens du fil, comme ceci ou cela, et par moments, il est carrément en biais", montre-t-il en posant à différent endroit de la pierre son outil.

Transformer la roche en feuille d'ardoise, une par une à la main, est un travail fastidieux qui demande un sens du détail acéré et la mobilisation de tous les sens.

"Une fois que c'est taillé, on l'a refait sonner. Cette ardoise-là est bonne, ce sera dans le chariot. Adrien met cette dernière dans une pile. Lorsqu’elle fait un autre son, il tape l'ardoise contre une chaise. Le son n'est pas cristallin, il y a un défaut."

Ce savoir-faire a pratiquement disparu en France. Il survit uniquement grâce à la transmission orale. "C'est un apprentissage sur le tas, confie l'ardoisier. Ce sont les anciens qui nous transmettent et il faudra quatre ans pour être optimum, pour être un très bon fendeur, un très bon tailleur."

"On retrouve nos ardoises sur les plus grands monuments bretons "

Une tonne de pierre donne en moyenne 200 kilos de feuilles d'ardoise. Celles-ci couvrent ensuite les toits des bâtiments de Corrèze et d'ailleurs. "On retrouve nos ardoises sur les plus grands monuments bretons comme le mont Saint-Michel, la cathédrale du Dol-de-Bretagne et de Redon", souligne Arnaud Dubay.

Elles sont également présentes à quelques kilomètres de là, sur le chantier de restauration de l'Église de Turenne avec 1 300 m² de toiture, soit environ 80 000 feuilles d'ardoises corréziennes. Le matériau est particulièrement apprécié par les couvreurs.

"Sur les côtés, on voit bien que c'est fait manuellement. C'est beau parce que c'est artisanal, admire François Legendre, dirigeant de l'entreprise Socoba. On aurait du mal à les couper de façon très franche puisqu'elles sont épaisses et dures. C'est trois fois plus joli d'avoir ces petits coups qu'on appelle les épaufrures et qui font le charme de nos ardoises."

Dans cet atelier, on ne pose pas que des ardoises reconditionnées. Sur l'une des charpentes flambant neuve, la moitié des feuilles étaient déjà présentes il y a plusieurs siècles. Les autres proviennent de la démolition d'anciens bâtiments. Cette résistance au temps est une preuve de la solidité hors norme de la pierre de Travassac.

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