"On n'a jamais vu ça". Le taux d'incidence augmente de 220 % en une semaine notamment en Gironde. Santé Publique France fait état d'une évolution épidémique "très inquiétante" en Nouvelle-Aquitaine. Analyse de Sophie Larrieu, épidémiologiste à l'antenne régionale.
Le variant Delta est en très forte progression en Nouvelle-Aquitaine selon les derniers chiffres de l'Agence Régionale de Santé qui seront publiés demain vendredi 23 juillet, en particulier dans les départements du littoral aquitain : en Gironde, dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques qui connaissent un afflux de touristes en cette période estivale.
Taux d'incidence partout en forte augmentation
Sophie Larrieu se dit "très inquiète" à la lecture des derniers consolidés chiffres de l'ARS pour la semaine du 12 au 18 juillet. "C'est une explosion des indicateurs", selon l'épidémiologiste, même si "ces chiffres ne reflètent pas totalement la réalité car il faut tenir compte de la présence des touristes qui modifie la donne".
En Gironde, le taux d'incidence est passé à 137,3 cas pour 100 000 habitants en semaine 28 (12 au 18 juillet) soit une énorme augmentation de 220 % par rapport à la semaine précédente de référence (5 au 11 juillet).
Dans les Landes, le taux d'incidence est de 124,3 cas/100 000 hab, soit 220 % d'augementation également. Dans les Pyrénées-Atlantiques, ce taux est à 114,5/100 000 hab. soit une augmentation de 80 % mais "le taux d'incidence est beaucoup plus élevé sur la côte basque du côté du BAB que dans l'intérieur des terres", précise sophie Larrieu. En Lot-et-Garonne, le taux est de 52,4 cas /100 000 hab."c'est plus bas, mais il augmente de 246 % en une semaine seulement !" analyse-t-elle.
Enfin en Dordogne, le taux d'incidence la semaine du 12 juillet est de 40,6 cas/100 000 habitants soit 140% d'augmentation. "Juste pour info, La Charente-Maritime enregistre une hausse de 615% des cas avec un taux d'incidence qui est passé ede 26 à 185,6 en huit jours", rajoute Sophie Larrieu. Les zones touristiques sont donc plus impactées par la vitesse de propagation du virus.
Explosion chez les 15-44 ans
Le variant Delta est désormais majoritaire dans notre région. Il est très contagieux et le temps d'incubation est plus court ce qui explique sa dynamique. La classe d'âge la plus touchée est celle des jeunes adultes de 15 à 44 ans. Le taux d'incidence pour ces jeunes adultes est de 234 cas pour 100 000 habitants.
Le virus explose littéralement chez eux. Les chiffres sont presque aussi haut que lors de la troisième vague fin mars.
Chez les 45/65 ans, le taux d'incidence est en dessus de 50/100 000 habitants. "Ce qui est très inquiétant, c'est que la propagation ne se cantonne pas aux jeunes. En ce moment, ils sortent beaucoup, ils vont aux restaurants, et dans les réunions familiales donc ils propagent le virus. Et être vacciné, n'empêche pas les hospitalisations. Le risque à court terme est que le nombre d'hospitalisations augmentent d'un coup fin juillet début août", craint l'épidémiologiste de Santé publique France.
→ reportage : avec l'arrivée des touristes, l'hôpital d'Arcachon déjà plein alors que la quatrième vague s'amorce
Prise de conscience
Selon le Professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du conseil scientifique, et invité du JT de France Aquitaine le 20 juillet, le vaccin est "notre meilleur atout pour limiter la propagation de ce variant Delta qui très contagieux, 50 fois plus que le variant anglais. La vigilance est aussi importante. Il faut rétablir les gestes barrières".
Pour Sophie Larrieu, le vaccin reste la solution, mais à court terme, il faut une prise de conscience de la population et surtout des jeunes. On a tous envie de revivre comme avant et de se relâcher, mais là, on n'est pas assez vaccinés".
Il faut un gros effort collectif avant de retrouver une vie normale. Le masque et les gestes barrières restent primordiaux.
Sur l'ensemble de la Nouvelle-Aquitaine, l'épidémiologiste note "une petite tendance à la hausse des hospitalisations : ce qui nous laisse craindre que les chiffres vont rapidement augmentéer car y a un décalage des chiffres d'une semaine". En semaine 28, on décompte 45 nouvelles hospitalisations, contre 29 la semaine précédente. "Cela fait une augmentation de 50 % alors que çaa faisait dix semaines consécutives que la situation était à la baisse dans les hôpitaux de la région".
→ "Il y a un relâchement des gestes barrières", Véronique Billaud, directrice adjointe de l'ARS