La coordination rurale de Creuse encourage ses adhérents à faire disparaître l'animal discrètement. La secrétaire d'Etat à la biodiversité ordonne l'ouverture d'une enquête.
A la fin du mois de décembre 2021, des attaques répétées de brebis ont été constatées sur la commune de Féniers et certains villages voisins.
L’office français de la biodiversité a confirmé qu’un ou plusieurs loups étaient probablement à l’origine de ces prédations.
Tirs d’effarouchement
Le 20 janvier 2022, la préfecture de la Creuse a pris un arrêté autorisant les tirs d'effarouchement pratiqués exclusivement par 5 lieutenants de louveterie sur la commune de Féniers.
Il ne s’agit en aucun cas de tuer un spécimen de cette espèce protégée par la convention de Berne, ratifiée par la France en 1990.
Cet arrêté préfectoral est valable 1 mois et pourra être renouvelé si d’autres cas de prédations sont constatés.
Tirs de défense
Face à la présence de loups depuis peu en Creuse et Corrèze, les éleveurs de brebis sont vent debout.
Pour Christian Arvis, président de la FDSEA Creuse, “Cet arrêté est d'un ridicule exemplaire. Il faut que la bête soit immobile et qu'on soit à sa disposition pour lui faire peur. La profession demande à avoir droit à des tirs de défense”
Pour le syndicat, les indemnisations proposées en cas de prédation sont loin d’être suffisantes.
Certes, le loup est un animal protégé. Qu’il soit dans un parc comme celui de Chabrière ne me gène pas du tout. Qu’il vienne par contre dévorer mes animaux, je ne peux pas le concevoir. Je pense qu’on a assez de misères comme ça dans le métier.
Christian Arvis, président de la FDSEA Creuse
Solution radicale … mais illégale
Le 2 décembre 2021, la coordination rurale de la Haute-Vienne a publié un communiqué de presse sur la présence du loup et n’y est pas allé par quatre chemins : “En Haute-Vienne, nous avons du plomb et du poison et nous régulerons par nous-même !”
Florian Tournade, président de ce syndicat en Creuse, tiens le même discours : “Pour nous la solution, c’est le poison et le plomb. On invite les agriculteurs à prendre leur fusil de chasse et à tuer le loup sans rien dire. Il faut faire ça discrètement pour faire disparaître les cadavres. La coordination rurale remboursera le plomb et le sac de chaux”
Pour rappel, le loup est une espèce protégée. Son braconnage est passible d’une peine délictuelle maximale de trois ans de prison et 150 000 euros d’amende. L’incitation à commettre un délit est elle aussi punie par la loi.
Une enquête demandée
A la suite de la diffusion de ce témoignage, le journaliste et activiste écologiste Hugo Clément a demandé aux autorités de "réagir face à ce délinquant qui appelle publiquement à commettre des actes illégaux."
Bérangère Abba, secrétaire d'Etat à la biodiversité, a immédiatement annoncé qu'elle demandait l'ouverture d'une enquête :"Au delà de l’image surréaliste d’un représentant syndical prônant l’usage des armes et la dissimulation de preuves pour s’affranchir des règles de droit, tuer ou appeler à tuer une espèce protégée est illégal et constitue un délit."
L'association écologiste One Voice annonce quant à elle qu'elle a décidé de déposer une plainte pour incitation à commettre une destruction d’espèce protégée.