Coronavirus : en Creuse les circuits courts s’organisent

Pour aider les petits producteurs à continuer à vivre et à écouler leur production, plusieurs plateformes, sites internet ou groupes sur les réseaux sociaux, leur permettent de se faire connaître.

 "Produits locaux Creuse", c’est la petite dernière des plateformes qui permettent aux consommateurs de localiser près de chez eux les producteurs locaux. Elle est née d’un constat : avec la fermeture de plusieurs marchés, beaucoup de petits producteurs se trouvent en difficulté économique avec, qui plus est, leur production sur les bras et la menace de devoir la jeter.

Dans cette optique, Eric Durand, ancien concierge de la quincaillerie numérique de Guéret, a mobilisé ses connaissances en réseaux sociaux, informatique, infographie et géographie et en association avec Sylvain Gengo du groupe "ça se passe en Creuse" a créé ce groupe Facebook et un site internet.

"L'idée est née en se disant comment je peux participer pendant le confinement et continuer à faire quelque chose d'utile" confie Eric Durand. "Nous avons vu en suivant les médias et les réseaux sociaux, notamment le compte du député Jean-Baptiste Moreau qu'il y avait un vrai problème pour les producteurs locaux. L'annonce de la suppression des marchés nous a fait réagir aussi. Nous nous sommes alors concertés avec Baptiste Ridoux de la Quincaillerie numérique, avec le groupement des agriculteurs biologiques de la Creuse pour voir comment apporter une solution"

A la clef  : la création d'un projet citoyen et solidaire. La plateforme ainsi créée est en effet totalement participative. Le crédo est triple : limiter les impacts négatifs du transport sur l'environnement, encourager les producteurs locaux et soutenir l'économie locale et enfin  privilégier l'alimentation locale en consommant des produits de saison.

 

Les producteurs peuvent s'inscrire gratuitement en remplissant un formulaire pour se faire connaître. Après inscription ils sont localisés sur une carte avec leurs coordonnées. Pour les consommateurs, il n'y a plus qu'à trouver celui qui est le plus près de chez eux et à passer commande. On trouve aussi la liste et la localisation des drives fermiers et des marchés de producteur encore autorisés.

"Les médias et la chambres consulaires font aussi ce travail, mais certaines personnes ont des difficultés d'accès à l'information. Nous avions envie de l'apporter de manière simple et claire en compilant ce qu'on peut trouver ailleurs. On part du principe qu'on n'en fera jamais assez. Nous souhaitons être dans la complémentarité avec les sources habituelles".

Un système qui a très vite séduit Pascal Boiron du GAEC des Mazeires basé à Saint-Eloi près de Guéret. Son exploitation comporte 150 bovins ; limousines et charolaises. Il dispose également d'un labo qui lui permet de faire la transformation sur place. Les participants au Check-In Party cet été ont pu déguster ses produits.

Dans le contexte nous sommes preneurs de tous les débouchés qui s'offrent à nous

La première semaine du confinement, Pascal qui faisait déjà de la vente directe, a eu quelques inquiétudes car les consommateurs ont déserté sa ferme. Ils se sont rués dans les supermarchés, pour la simplicité et pour acheter des produits de première nécessité comme le riz et les pâtes (sans oublier le PQ).
   

Nous sommes tellement reculés, c'est vrai que c'est difficile de venir chez nous. Depuis la semaine dernière nous avons cependant constaté qu'ils font l'effort de revenir.

Les plateformes qui aident à localiser les producteurs n'y sont certainement pas pour rien. "Cela vient bien compléter les autres dispositifs mis en place et notamment le point de vente relais de la chambre d'agriculture devant le hall de l'agriculture de Pommeil à Guéret les mardis et vendredi matin".
Car en plus de "Produits locaux Creuse" il existe des initiatives plus institutionnelles. La Chambre d'agriculture de la Creuse, sur son site internet en référence quelques-unes. Elle a également mis en ligne une liste des producteurs qui font de la vente directe.

La région Nouvelle Aquitaine a aussi mis sa pierre à l'édifice avec sa plateforme.
 

Pour l'équipe de "Produits locaux Creuse", L'idée est en tous les cas de donner une pérennité à cette initiative dans le temps.
"Nous avons envie de la faire évoluer, même après la fin du confinement. Nous avons notamment approché des chefs pour qu'ils fassent des recettes à base des produits locaux que l'on trouve sur le site. On envisage aussi de créer un calculateur/comparateur de la rentabilité pour une famille d'aller dans un supermarché ou directement chez le producteur pour qu'on se rende compte que ce n'est pas forcément plus cher " conclut Eric Durand.
Le coronavirus va-t-il faire évoluer nos pratiques vers quelque chose de plus écologique et vertueux ? En Creuse cela semble déjà bien parti !