Le président de la FDSEA de la Creuse a été entendu par la police le vendredi 16 juin 2023 à la suite d'une lettre envoyée au procureur de la République, par la députée NUPES Catherine Couturier, à la suite de la dégradation de sa permanence. Les agriculteurs et l'élue semblent irréconciliables.
L'information a été rendue publique par l'intermédiaire de la page facebook de la FDSEA de la Creuse. Christian Arvis, président départemental du syndicat agricole, a été entendu vendredi 16 juin par la police à la suite de plusieurs dégradations des locaux de Catherine Couturier, députée Nupes de la Creuse.
Lundi prochain, c'est le président des jeunes agriculteurs du département qui sera auditionné.
En décembre 2022, l'élue a saisi le procureur de la République de Guéret. Ses locaux auraient été abîmés à cinq reprises en plusieurs mois. Selon Catherine Couturier, "les faits se sont déroulés sous le regard de la police et les personnes qui agissaient étaient connues. Je n'ai pas déposé une plainte, mais saisi le parquet sur des faits qui ont été portés à ma connaissance".
Situation tendue
Christian Arvis se rappelle que la situation s'est tendue avant les élections législatives avec Catherine Couturier : "Lors d'un débat public avec l'ensemble des candidats, elle nous a expliqué que l'on ne défendait pas le bon modèle agricole, et que nous étions des pollueurs".
Après cela, la députée commis quelques maladresses. En décembre 2022, elle s'est exprimée dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale au sujet des méthaniseurs en ces termes : "On en arrive à des situations où les agriculteurs, pour des questions de rentabilité, envoient leurs fourrages dans la méthanisation, au-lieu de les donner à leurs bêtes, qui crèvent dans les champs."
Elle a par la suite regretté ses propos sur la forme. Plusieurs syndicats agricoles ont déposé plainte contre elle. Sa permanence a de nouveau été murée. Selon Christian Arvis, "Quand on manifeste, on ramène toujours quelques produits du terroir avec nous. On l'a toujours fait avec tous les députés et il n'y a pas de mal à ça"
Nous sommes très remontés. On n'a plus d'interlocuteur depuis qu'elle est élue. Avec ses prédécesseurs, on s'est littéralement écharpés, ce qui ne nous a jamais empêché de travailler ensemble. Elle n'est bonne qu'à manifester avec une écharpe et un sifflet. Au bout d'un moment, c'est pas ça le rôle d'un député.
Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse
Renouer le dialogue
Il y a quelques jours, Catherine Couturier devait se rendre au comice agricole d'Auzances. Pour des raisons d'agenda, elle n'a pas pu faire le déplacement, mais nous avoue toutefois : "je sais que les agriculteurs avaient programmé un accueil qui n'a rien de Républicain. Il ne m'est plus possible de discuter avec des gens comme Fabien Périgaud (NDLR : 2d vice-président de jeunes agriculteurs de la Creuse) qui passe son temps à m'insulter."
Le dialogue ne se fera pas sous la menace. Quand on mure ma porte, je ne vois pas comment je peux recevoir qui que ce soit. Ces pratiques-là ne sont plus possibles. Je ne demande pas que l'on soit d'accord avec mes positions. Je veux qu'on me respecte.
Catherine Couturier, députée Nupes de la Creuse
Reste que la Creuse est un département rural, et que sa députée se doit parler avec les agriculteurs, et notamment les représentants des principaux syndicats. À cela, Catherine Couturier répond : "Sur ce territoire, il y a un grand nombre d'agriculteurs. J'ai entamé un agricole tour et visité beaucoup d'exploitations. Christian Arvis a mon téléphone portable et peut me joindre quand il le souhaite. Mais, depuis décembre, personne n'a sollicité de nouveau rendez-vous".
Jean-Baptiste Moreau, ex-député Renaissance de la Creuse devenu lobbyiste, en prend aussi pour son grade : "Il n'a encore pas digéré qu'il avait perdu cette élection et passe son temps à attiser les tensions sur les réseaux sociaux."
Qui arrivera à dénouer cette situation très tendue Ni Catherine Couturier, ni les agriculteurs, ne semblent prêts à baisser la garde.