Agricultrices ou paysans, ils sont une centaine, issus de la France rurale, à espérer devenir la nouvelle icône de la France agricole. Parmi eux, nous avons rencontré Victor et Sarah, deux jeunes agriculteurs bien décidés à promouvoir une activité qu'ils exercent avec passion et ténacité en Creuse.
Victor
"J'aime bien faire plein de choses, le jardin, la mécanique, le travail du bois. En étant agriculteur, on fait un peu de tout et c'est ça qui me plaît." Originaire de Savoie, Victor est installé dans la Creuse depuis 2019.
Alors âgé de dix-huit ans, après quelques mois d'un BTS qui ne lui plaît pas, il décide de faire ce à quoi il aspire vraiment : l'agriculture, à Parsac, où son père et sa tante possèdent un terrain. "C'est là que j'ai développé mon activité. Il n'y avait rien. J'ai monté les bâtiments, et j'ai commencé les cultures. La Creuse, c'est plutôt une terre d'élevage, mais moi l'élevage ça ne me plaît pas trop. J'ai choisi de faire des légumes de plein champ et des cultures céréalières".
Sarah
Sarah, elle, a grandi à Bénévent-l'Abbaye dans le sud-ouest de la Creuse. "Il y avait des agriculteurs dans ma famille. Ma passion vient de là. J'ai toujours dit que je voulais faire ce métier".
À 21 ans, elle est employée à Bénévent dans un domaine où elle s'occupe d'élever des poulains jusqu'à ce qu'ils aient quatre ans et rejoignent le centre équestre de leur propriétaire, dans le Var. "La relation avec les animaux, le matériel, les tracteurs, les travaux dans les champs, j'aime tout ça. Et à côté, j'aimerais bien rentrer dans une coopérative pour faire du transport d'animaux vivants."
Une passion exigeante
Parsac-Rimondeix, à trente kilomètres à l'est de Guéret, est aussi à 400 km de la Savoie, où vivent toujours les parents de Victor, et où il vend la moitié de sa production. C'est son père qui s'occupe d'organiser le transport et la commercialisation là-bas.
L'autre moitié de sa production de légumes, pommes de terre, courges et oignons, Victor la vend à des magasins bio. Ses céréales partent à la coopérative.
"Ça va bientôt faire cinq ans que je suis installé. En partant de rien, au début, c'est beaucoup d'investissement. Là, je commence tout juste à me sortir un revenu normal, le SMIC. En vitesse de croisière, je vise un revenu convenable, pour subvenir à mes besoins qui ne sont pas énormes"
Victor habite dans la maison qui appartenait à son arrière-grand-père. "C'est à rénover, mais je ferai ça plus tard. Ma priorité, c'est la ferme."
"Je suis vraiment passionné par mon métier. C'est pas vraiment un métier d'ailleurs, c'est plutôt un mode de vie. J'ai toujours mon activité agricole dans un coin de ma tête, toujours des projets pour ma ferme".
Pas facile d'être une fille
Pour pouvoir transporter des animaux vivants, Sarah détient déjà son permis poids lourd, et passe actuellement le super-lourd. Elle est la seule fille parmi les cinq élèves en formation.
Aujourd'hui, ça lui est égal, mais il lui a fallu combattre pour arriver à se faire une place dans le secteur de l'élevage : "Honnêtement, j'ai galéré à trouver des maîtres d'apprentissage. Tout le monde me refusait parce que j'étais une fille, d'une corpulence assez mince, ils pensaient que je ne serais pas capable."
Avec ma taille et ma force je m'adapte, je fais autrement. Aujourd'hui, j'ai fait mes preuves.
Sarah KleppingGérante d'une exploitation agricole
Sarah a dû faire avec ceux qui "lui ont mis des bâtons dans les roues", et heureusement aussi, avec ceux qui l'ont soutenue. "Mon premier patron d'apprentissage a tout fait pour que ça se passe mal. Mais le dernier m'a fait confiance, il m'a poussée vers le haut".
Miss ou Mister, un défi
Privé de ski par la géographie, Victor s'est mis à la course à pied dans la Creuse, et participe à quelques épreuves locales. C'est ce goût de la compétition qui l'a motivé pour s'inscrire au concours de Mister France agricole. "J'aime bien les concours. Et c'est pour mettre en avant le métier d'agriculteur".
Pour Sarah, il s'agit avant tout à travers ce titre de "montrer que la femme a toute sa place dans le milieu agricole". Être élue serait "une satisfaction personnelle"qui viendrait saluer sa persévérance.
L'élection de Miss et Mister France agricole a lieu en deux temps : le public vote jusqu'au 8 décembre minuit en "likant" les photos des candidats sur facebook. Puis le jury composé de cinq professionnels de l'agriculture sélectionne les gagnants parmi les 20 candidats ayant totalisé le plus grand nombre de votes du public. Les résultats seront dévoilés le 16 décembre à 20h.