"Ceux qui trop supportent - Le combat des ex-GM&S (2017-2021)", chez Verticales d’Arno Bertina sort jeudi 14 octobre 2021. L’ouvrage retrace la lutte des anciens employés de GM&S rachetés en 2017 par GMD. Ce rachat a conduit à la suppression de 157 postes sur 277 salariés.
La lutte des salariés de GM&S, entreprise située à la Souterraine en Creuse, inspire les artistes. Benjamin Carle et David Lopez ont publié le 18 mars 2021 une bande dessinée, "Sortie d’usine", qui retrace la lutte des employés de l’usine GM&S et évoque la désindustrialisation du pays. En mai 2019, le film de Lech Kowalski qui retrace leur lutte,"On va tout péter", avait été présenté au festival de Cannes. Cette fois, l’écrivain Arno Bertina, publie le jeudi 14 octobre 2021, chez Vertiges, son ouvrage "Ceux qui trop supportent - Le combat des ex-GM&S (2017-2021)".
Dans ce livre, il donne la parole à des employés "fiers et attachés" à leur entreprise. Ces derniers luttent, à partir de 2017, pour la préservation de leur usine et de leur outil de travail. Durant quatre ans l’auteur a recueilli les témoignages de ces salariés, qui l’ont impressionné. "Il y a une obsession du collectif chez eux. C’est magnifique, confie Arno Bertina. (...) Ils ont été maltraités, accablés, méprisés par leurs interlocuteurs et ils sont ceux qui veulent entretenir un rapport doux aux autres, entre eux, à la nature, à d’autres professions."
Le combat des ex-GM&S
En 2016, GM&S, une des principales industries de Creuse, située à la Souterraine, est placée en redressement judiciaire. C’est à partir de là qu’une grande lutte des salariés s’opère pour défendre leurs emplois : le 11 mai 2017, ils décident d’occuper l’usine et effectuent des coups de force. Ils mettent le feu à des palettes et menacent de faire exploser l'usine avec des bombonnes de gaz qui se révèleront, en réalité, vides. Des actions coup de poing qui ont attiré élus locaux et ministres.
A l’époque, l’ancien président François Hollande s’était rendu sur place, ainsi que son Premier ministre Bernard Cazeneuve. Puis, nouvellement élu, le gouvernement d’Emmanuel Macron avait également indiqué que l’entreprise, menacée de fermeture, serait l'un de ses dossiers prioritaires.
Finalement, en septembre 2017 GMD, équipementier automobile, rachète GM&S, qui devient LSI. Sur les 277 salariés, il n’en reste alors plus que 120. Cent-cinquante-sept emplois sont supprimés.
Une reconstitution chronologique des faits
Dans son ouvrage, Arno Bertina reconstitue la chronologie de cette lutte en agençant les témoignages récoltés au fur et à mesure des années. "La littérature a son mot à dire, souligne l’auteur dans une interview accordée à nos confrères d’Arte. Il m’a fallu être une oreille." Dans ce livre, les récits bouleversants s’enchaînent, les colères aussi. "Leur boussole : rester juste et honnête, qu’on ne puisse pas dire qu’ils ne valent pas mieux que ceux qui se moquent de les réduire à une misère sans solution", écrit-il page 59 du livre.
En 2021, la lutte est toujours vive pour les 120 salariés restés sur le site qui défendent leur entreprise. Ceux qui ont été licenciés continuent à faire reconnaître leurs droits. Le 24 septembre 2021, le conseil des Prud'hommes de Guéret a rendu son jugement : 58 ex-salariés de GM&S toucheront des indemnités pour licenciement illégal, en fonction de leur ancienneté et du préjudice subi.
Cette décision de justice intervient comme une nouvelle victoire pour les ex-GM&S, 4 ans après leur licenciement, et après un long combat juridique pour faire reconnaître l'illégalité du plan social. A ce jour, sur les 157 licenciés, une cinquantaine n'a toujours pas retrouvé d'emploi et se trouve en grande difficulté.
"Ceux qui trop supportent Ceux qui trop supportent. Le combat des ex-GM&S (2017-2021)", Collection Verticales, Gallimard, 19 euros. Disponible en ligne et dans les librairies.