La Souterraine (Creuse) : quel avenir pour l'usine LSI ?

Un peu plus de deux ans après la reprise de GM&S par la groupe GMD, force est de constater que l’activité du site de la Souterraine est très loin d’être florissante. Les constructeurs Renault et PSA avaient pourtant pris des engagements. Mais les salariés craignent un scénario du pire.
 

Au dehors, dans l’atmosphère plombée et venteuse de ce mois de décembre 2019, il manque quelque chose. Ceux qui ne sont pas familiers du site ne le remarqueraient pas, mais un bruit sourd et répétitif fait défaut : le martèlement des presses. Il est indissociable de l’identité sonore l’usine.  Ça et le bruit des rebuts métalliques qui sont expulsés au dehors par un tapis roulant.


 

Décembre 2019


Sur des images tournées à l’intérieur, on constate qu’à peine la moitié des presses sont en action. Un constat amer pour les 120 salariés qui restent. Dans le local du CE, les visages sont graves et tendus. Les murs de la pièce défraichie sont tapissés des traces des années de lutte. Les caricatures de Michel Janvier, les tracts, les photographies en noir et blanc des salariés prises par le journal Libération. 

Yann Augras, comme souvent est le plus volubile. Son langage fleuri et imagé a l’avantage d’être limpide.

Nous sommes en décembre et cette année il va manquer 2,5 millions de la part de Renault et 6 millions de PSA, presque 9 millions d’euros de chiffre d’affaire. Les engagements signés n’étaient que de la poudre aux yeux. Les constructeurs laissent crever la boîte !

Il y a deux ans la reprise par le groupe GMD s’accompagnait de l’assurance des constructeurs Renault et PSA de fournir un volume de commande équivalent à 22 millions de chiffre d’affaire par an sur 5 ans. On est loin du compte.
 
Pourtant des nouveaux outils ont été déployés et le chiffre d’affaire est en augmentation par rapport à l’an dernier. Mais Yann n’en démord pas : 

Ces nouveaux outils sont des outils doublés. C'est-à-dire qu’au moins une autre usine en Europe ou ailleurs dans le monde fabrique les mêmes pièces. Et la logique on la connaît : petit à petit quand les constructeurs l’auront décidé un transfert de la production de ces pièces va se faire vers cette autre usine et chez nous il y aura baisse de quantité, baisse du chiffre d’affaire et baisse de la trésorerie. Ça signera la fin de l’usine. C’est ce qui a entraîné la chute de GM&S en 2017.


Depuis la vente du site par le fondateur historique de la Socomec Bernard Godefroy en 1991  ce n’est pas la première fois que les ouvriers du sous-traitant automobile sentent le vent tourner. Ils commencent à y être cruellement habitués. Ils tirent donc une nouvelle fois la sonnette d’alarme.
 


Nous demandons à la préfète et aux élus de se bouger. Il faut secouer Bruno Le Maire pour qu’il somme les constructeurs de respecter leurs engagements. Et Jean-Baptiste Moreau qui fait partie d’En Marche devrait lui aussi secouer ses petits-copains du gouvernement. [ Yann Augras]

Message apparemment reçu. Fin novembre la préfète est venue sur le site pour le visiter et se rendre compte par elle-même du peu d’activité. Elle était accompagnée de plusieurs élus. Le député Moreau, Etienne Lejeune président de la communauté de communes et Geneviève Barrat vice-présidente de la région. A la sortie, le constat d’un manquement de la parole des constructeurs est unanimement partagé.

On ne va pas se mentir, c’était l’objet de la visite de voir à quel point l’usine tourne au ralenti. Mais j’essaie de voir les choses positivement : le plan de charge augmente doucement et le nouveau directeur a l’air motivé ». Magali Debatte

Madame la Préfète avait, quelques semaines plus tôt, pris sur elle d’envoyer une lettre au ministère des finances pour qu’une initiative soit menée en direction des constructeurs.

J’ai eu l’assurance lors de la visite d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie, que notre alerte avait été bien reçue en haut lieu. Elle a été transmise au délégué interministériel à la restructuration industrielle qui continue à faire pression sur les constructeurs pour assurer un plan de charge digne de ce nom et respectueux de ce qui avait été convenu à l’époque de la reprise.

Même écho du côté du député Moreau :

J’ai rencontré pas mal de monde en haut lieu et je sais que PSA a été interpellé par le délégué interministériel pour qu’il y ait une montée en puissance sur le site. Renault de son côté joue davantage le jeu. Dans cette affaire nous avons tous le même intérêt : il faut que ce site marche et soit pérennisé. On fera tout pour que l’usine soit toujours là dans deux ans.


Un optimisme assez vite tempéré par Alain Martineau le patron du groupe GMD. Interrogé par nos confrères de France Bleu Creuse, il s’est montré nettement plus circonspect vis-à-vis de l’avenir de LSI.
Des propos très mal reçus par les représentants des salariés.

Pour Yann Augras, "Monsieur Martineau n’a pas appris hier que l’usine fait 36.000 m² couverts. Il était bien content de la trouver puisqu’elle ne lui a pas coûté un radis. Il ne peut pas dire non plus qu’elle est mal placée : on a la N145 à côté et on peut aller partout. Et puis quand on a une usine Motocom en Slovaquie qui produit des pièces pour l’usine Renault de Cléon, on est quand même plus près, donc faut arrêter ! "

En fait Monsieur Martineau est un vieux routier, il a fait ces déclarations pour agacer les salariés et faire en sorte qu’on fasse son boulot et qu’on secoue le cocotier pour que les constructeurs tiennent leurs engagements. On va continuer à se battre pour l’entreprise et pousser l’Etat et les élus. 


En 2020, 5 salariés vont partir en retraite. Seront-ils remplacés par des intérimaires ou des CDI ? La réponse fournira peut-être un indice quant à la volonté de faire perdurer ou non le site.  A l’époque de la reprise, on pouvait s’étonner de la moyenne d’âge assez élevée des 120 salariés repris. Autre indicateur, plusieurs modèles dont les pièces sont produites à la Souterraine vont progressivement être arrêtés : le Captur, la Clio, la 2008. De nouvelles pièces vont-elles se substituer ? Si oui dans quelle proportion ? Pour quel Chiffre d’affaire ? L’avenir semble assez flou. Les salariés de LSI n’ont pas fini de se faire du souci.  

 
NOTRE DOSSIER GM&S - LSI


 
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