Deux-Sèvres : David Fèvre ou la générosité sans frontière d'un boulanger au grand cœur

Dans sa boulangerie du village du Tallud, David se bat pour les artisans en milieu rural et dans le monde entier. Il participe à un projet de centre de formation à Lome au Togo.

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"Le pain, c'est la vie" ; David Fèvre sait de quoi il parle, lui qui a bien failli perdre la sienne des suites d'une méchante maladie. "A 33 ans, on m’a découvert une tumeur au cerveau et la vie m’a rappelé qu’on était pas grand chose", explique-t-il, "alors maintenant, je n’ai plus peur de rien. J’aime les gens et j’ai envie de donner. C’est comme ça, c’est ma nature. Il faut toujours que j’ai des projets et je vais toujours vers le positif".

En ce lundi de rentrée pour beaucoup, Il s'est mis aux fourneaux dès quatre heures du matin, comme tous les jours. La veille pourtant, il revenait de Bruxelles où, avec d'autres camarades artisans, il avait transporté du matériel de boulangerie qui devait être embarqué dans un container à Anvers en destination du Togo. Une incroyable histoire de solidarité, une de plus dans l'étonnant parcours du boulanger deux-sévrien. 

Une Internationale Boulangère

Tout commence, comme souvent avec lui, sur les réseaux sociaux. En mai 2020, il crée un groupe privé sur Facebook, "techniques de boulangers à travers le monde". Très vite, les demandes d'adhésion affluent des quatre coins de la planète. Après un rapide et efficace ménage de premiers commentaires racistes et malveillants de certains membres indésirables, la page est rapidement devenue le portail d'une improbable internationale boulangère qui regroupe quelques 30 000 abonnés aujourd'hui. 

Parmi eux, un certain Marcel Gabfa, boulanger de Lome, envoie un message à David pour lui parler de son projet d'un centre de formation dans son pays qui en manque cruellement. Très vite les choses vont s'emballer grâce, notamment, au réseau des professionnels affiliés à La Charte de Saint-Honoré, des artisans qui défendent leur amour du métier. "La famille Saint Honoré, c’est mille boulangers en France qui prône le "fait maison". Avec cette charte, on s’engage à fabriquer tous nos produits de A à Z, avec des produits de qualité et en circuits courts" détaille David. Saint Honoré, c'est aussi une philosophie de l'entraide et de la solidarité.

En Vendée, deux jeunes en cours d'installation à Saint-Hilaire-des-Loges proposent de donner le vieux four qu'ils veulent remplacer. A Pordic dans les Côtes d'Armor, Jacques Chérel offre, lui, une diviseuse et une façonneuse, outils essentiels pour la fabrication des baguettes. Il met également son camion à disposition pour transporter tout ça jusqu'en Belgique où des contacts de Marcel Gabfa se charge de l'affrètement de la précieuse cargaison. Les offres se multiplient via la page Facebook de David qui relaie quotidiennement le déroulé de l'aventure dans de courtes vidéos.

"Le pain, c'est un symbole, c'est fort"

"Jacques est responsable du secteur Bretagne, moi en Poitou-Charentes et maintenant Marcel est le représentant Saint-Honoré au Togo. De fil en aiguille, on a lancé le projet sur les réseaux sociaux et, au final, on a recueilli plus de dix tonnes de matériel pour le projet de centre de formation", s'enthousiaste le Deux-Sévrien, "Marcel a obtenu un micro-crédit pour payer le transport maritime du container et une subvention de 14000 euros pour faire les travaux dans le centre de formation. Normalement, on fera le voyage à Lome pour l’inaugurer l’année prochaine pour la fête du pain".

Parallèlement, notre artisan boulanger poursuit son combat pour le maintien des petits commerces en milieu rural. En 2018, les médias nationaux s'étaient déjà intéressés à lui quand il avait envoyé un colis de ses spécialités patissières à Emmanuel Macron, le tout accompagné d'une lettre expliquant son projet d'un "pass commerce" pour encourager fiscalement les consommateurs à favoriser leus artisans de proximité.

Deux ans plus tard, il apportait sans réserve son soutien à son collège Stéphane Ravacley de Besançon qui entamait une grève de la fin pour aider son jeune apprenti Guinéen. David, lui, travaille avec un jeune syrien depuis quelques années. "Ça lui a changé la vie à ce gamin", nous raconte-t-il ému au téléphone, "je lui dis toujours que c’est un passeport mondial le pain. Tu peux aller où tu veux avec le pain. Le pain, c’est un symbole, c’est fort". Oui, "le pain, c'est la vie" et celle de David Fèvre est pleine de joie et d'espoir.

 

 

 

 

 

 

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