Jeune immigrant de Guinée, Laye Fodé Traore va atteindre ses 18 ans. Dès lors, il n'est plus protégé par l'Etat français mais sous le coup d'une Ordonnance de quitter le territoire. Son patron Stéphane Ravacley va entamer une grève de la faim.
Il lui a appris à pétrir, découper, mouler, cuire...Le boulanger Stéphane Ravacley, installé rue Rivotte à Besançon a recruté Laye comme apprenti et en est ravi. "Il n'est jamais colérique, jamais un mot plus haut que l'autre, explique l'artisan. J'ai tout de suite vu son potentiel quand sa tutrice me l'a amené."
De fait, le jeune Guinéen s'épanouit dans la boulangerie. Formé d'abord à la plomberie, il n'a pas trouvé de stage. Mais une fois les mains trempées dans la pâte, il a été conquis. "J'ai choisi la boulangerie parce qu'on touche à tout, on peut bricoler des fois, s'enthousiasme-t-il. J'aime les croissants, le pain. Cela ne me dérange pas de me lever tôt, car je finis tôt aussi et je peux aller à l'entraînement de foot."
Mais le jeune homme, jusqu'ici pris en charge par le centre éducatif les Chennevières et le CFA Hilaire de Chardonnet, atteint la majorité. Sans titre de séjour, il n'est plus autorisé à travailler en France et se retrouve sous le coup d'une OQTF, une Obligation de quitter le territoire français.
"Je suis scandalisé, car l'Etat casse le contrat qu'il a passé avec lui, s'emporte le boulanger. Il le protège pendant des mois et puis plus du tout du jour au lendemain. Il a encore six mois de formation pour obtenir son CAP Boulangerie, une formation diplômante. Il pourrait au moins aller jusqu'au bout, mais non..."
Stéphane Ravacley propose une pétition à ses clients qui a déjà recueilli une centaine de signatures. Une autre pétition, racontant toute son histoire, a recueilli en ligne plus de mille soutiens. "Je ne pensais pas me mobiliser ainsi pour un apprenti, surtout après l'année très difficile que l'on a vécue, raconte l'artisan. Mais tant que l'on n'a pas rencontré une personne comme Laye, on ne se rend pas compte. Car s'il ne raconte rien, on sait quand même ce qu'il a vécu."
Le 2 janvier, l'apprenti quittera son patron qui perd ainsi 1/3 de ses effectifs, dans une profession où il est si difficile de recruter. Le 3, Stéphane Ravacley entamera une grève de la faim.