Lundi 2 septembre, une délégation de militants engagés contre les réserves de substitution s'élance du Marais Poitevin pour rallier Vicenza en Italie. Au cours de leur traversée de la France, ils feront escale en Auvergne dans la plaine de la Limagne, à Grenoble, dans les Alpes, jusqu'à l'Italie pour participer au Camp Climat de Venise.
Quelques semaines seulement après la grande mobilisation de juillet contre les mégabassines, Bassines Non Merci ! et les Soulèvements de la Terre reprennent la route pour lutter contre l'accaparement de l'eau. Du 2 au 5 septembre, leurs militants sillonnent la France pour se rendre en Italie depuis le Marais Poitevin dans le cadre de ce qu'ils appellent le Traversée des luttes pour l'eau.
Une trentaine de personnes doit quitter les Deux-Sèvres, et son effectif doit doubler au fil des étapes jusqu'à l'arrivée à Vicenza pour le Venice Climate Camp qui se tient jusqu'au 8 septembre.
Retrouvez le parcours de la traversée sur cette carte
L'eau à travers ses luttes
Au cours de ce voyage, les militants et militantes comptent aller à la rencontre de collectifs qui se mobilisent sur différentes thématiques autour de l'eau.
Dans un premier temps, le 2 septembre, BNM 86 se rend sur les terres de son homologue auvergnat, BNM 63, installé dans la plaine de la Limagne et opposé à la construction de deux réserves de substitution. Leur capacité cumulée représente 2,3 millions de m3 d'eau et implique d'artificialiser une surface de 32,2 hectares.
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Le lendemain, les militants et militantes font étape à l'université de Grenoble pour un déjeuner-débat autour de l'usage de l'eau par les usines locales de puces électroniques, SOITEC et STMicroelectronics, avec le collectif STopMicro. Le convoi se rend ensuite au Lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes Alpes pour retrouver le collectif No JO qui s'oppose à l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver en France en 2030 dans un contexte de réchauffement climatique et de raréfaction de l'enneigement naturel.
Le porte-parole du mouvement "Bassines non Merci !", Julien Le Guet, croit au collectif. "On se consacre sur le temps long à ces fraternisations. Est-ce qu'on va sur une internationalisation des luttes écologistes ?"
C'est évident, il faut que cette prise de conscience soit collective.
Julien Le GuetPorte-parole de Bassines Non Merci !
Mercredi 4 septembre, il doit rallier l'Italie par les Alpes avec la coordination de soutien aux exilé.e.s, afin de dénoncer le rétablissement du contrôle à la frontière franco-italienne. Le soir et le lendemain, une escale est prévue à Venaus dans la Vallée de Suse, avec les opposants et opposantes à la ligne ferroviaire à grande vitesse qui doit relier Lyon et Turin réunis dans le mouvement NoTAV.
Enfin, du jeudi au dimanche, les militants et militantes seront présents au Venice Climate Camp, installé à Vicenza dans le contexte de lutte contre le chantier de cette ligne ferroviaire.
Internationaliser le mouvement
Pour l'organisation de ce convoi, le choix de Venise n'a rien d'anodin. "Il y a des gros problèmes de flotte et des questions énormes qui se posent qui viennent beaucoup en écho avec ce qu'on vit sur le Marais poitevin, en termes de surtourisme, d'agriculture, d'accaparement de l'eau", affirme Julien Le Guet, du collectif BNM 86. "C'est tout un tas de raisons de fraterniser avec ces camarades." Batelier sur le marais, il compte transporter sa barque jusqu'à la cité des Doges pour naviguer sur la lagune.
Au cours des dernières mobilisations contre les réserves de substitution dans les Deux-Sèvres, les militants et militantes antibassines ont pu bénéficier de l'appui de manifestants venus de pays voisins, et notamment d'Italie.
"Notre ambition est double", explique Paola, membre des Soulèvements de la Terre présente pendant la traversée. "C'est d'abord de construire un récit sur l'eau et différents foyers de lutte, faire du lien entre les collectifs, et fonder une position internationaliste et une position de réciprocité."
Ce lien, construit petit à petit au fil des mobilisations, que ce soit en France, sur les mégabassines ou l'A69, mais aussi à l'étranger, est un moyen de médiatiser davantage les luttes, mais également de construire un mouvement écologiste plus globalisé et organisé. "On constate qu'à chaque fois que ces échanges internationaux ont lieu, on se renforce en expérience, avec les expériences que vivent les autres et en mutualisant les moyens de lutte", conclut Julien Le Guet.