Thouars : annulation de la visite d'Olivier Véran à l'hôpital psychiatrique, les syndicats désabusés

Olivier Véran, ministre de la Santé, devait se rendre ce vendredi 12 février à Thouars. Il a dû écourter sa visite, se rendant seulement auprès des proches de l'infirmière psychiatrique tuée il y a un an. Les syndicats qui attendaient un échange avec lui sont désabusés. 

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"Une grosse déception", estime Sébastien Fouquet, secrétaire général de la CGT. "On est très en colère", renchérit Sandrine Fournier, secrétaire générale de l'Union syndicale départementale santé et action sociale des Deux-Sèvres. "On a été prévenus seulement hier soir à 21 h 30, on se sent totalement inconsidérés !"

Le ministre de la Santé, Olivier Véran avait prévu de se rendre à Thouars ce vendredi 12 février pour rendre hommage à l'infirmière tuée dans l'exercice de ses fonctions, il y a un an.

Seulement, il a écourté sa visite, faisant une impasse sur sa visite à l'hôpital psychiatrique. Selon le ministère, "un déplacement en urgence a dû être calé en Moselle où des clusters du variant anglais ont été détectés. Il était impératif que le ministre s'y rende pour se concerter avec les élus sur la situation épidémique dans le département."

Seul soulagement pour la syndicaliste USD, la présence du ministre de la Santé auprès de la famille et des collègues d'Elodie, infirmière psychiatrique, tuée dans l'exercice de ses fonctions le 12 février 2020. Un patient lui avait alors porté un coup de couteau mortel au thorax. 

Une journée d'hommage initialement prévue

C'était en son honneur, qu'une journée d'hommage avait été prévue : un premier moment chez sa famille où Elodie recevait la Légion d'honneur à titre posthume, et un second moment à l'hôpital psychiatrique de Thouars, où elle exerçait. 

Un moment attendu avec impatience par les syndicats, car ils espéraient faire entendre leurs revendications auprès du ministre de la Santé. "Recevoir Olivier Véran demande une organisation, on avait des choses à évoquer avec lui, notamment sur ce que la crise sanitaire nous montre comme primordial : le besoin de lits, de matériels et de personnels supplémentaires."

Des revendications que portent les syndicats depuis des années, et qui ont trouvé un écho d'autant plus fort depuis le décès de l'infirmière. "Il va falloir qu'ils ouvrent les yeux", tempête la syndicaliste. "La santé doit être une priorité. Mais dans le département, les infirmiers partent, vont faire un autre métier à cause de leurs conditions de travail. On dénonce la situation depuis 1995, année où il a été décidé que la santé devait devenir lucrative."

Des médecins de Poitiers en renfort

Mais depuis février 2020, des changements, il n'y en a pas eu selon la syndicaliste. "On voulait profiter de la visite du ministre pour nous faire entendre. On demande que l'Etat reprenne le déficit structurel de l'hôpital nord de Sèvre (estimé à 20 millions d'euros par la CGT), et que des postes soient créés dans les Ehpads et les hôpitaux pour proposer une vraie offre de soin."

Sébastien Fournier est moins critique. "Des médecins de Poitiers ont été appelés en renfort, ce qui satisfait nos collègues, ça leur a apporté une bouffée d'oxygène, un travail plus fluide."

Mais si la nouvelle est bonne au niveau local, il regrette qu'"il faille déshabiller Paul pour habiller Jacques. Cet apport que Poitiers nous donne, manque à Poitiers, car ce sont des médecins qui ont du temps en moins à accorder aux Poitevins."

Preuve selon les syndicalistes du manque d'attractivité du métier de soignants en service psychiatrique, un nouveau service va ouvrir, mais il peine à recruter. "C'est un service de crise de 9 lits, il nous manque une vingtaine d'infirmiers et d'aide-soignants.". Le service devait ouvrir fin février/début mars, une échéance qu'il lui semble désormais difficile à tenir. 

"On voulait simplement remettre un cahier de revendications au ministre et lui proposer de venir au ministère pour discuter de choses importantes et confidentielles", regrette le syndicaliste "Au final, on ne peut pas choisir la voie du dialogue. Alors on se pose la question, est-ce que la seule manière de faire avancer un sujet en France, c'est de descendre dans la rue ?

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