Ce sont les "Préparations Naturelles Peu Préoccupantes". Ces remèdes à base d'orties, d'ail et autres produits naturels font pourtant l'objet de réglementations contraignantes, quand elles ne sont pas interdites ! Depuis plus de 10 ans une association périgourdine se bat pour leur utilisation libre

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Il n'a jamais autant  été question d'écologie... et il n'a jamais semblé aussi difficile d'en faire ! Qui aurait dit, 20 ans en arrière, qu'un cultivateur risquait d'être hors-la-loi s'il utilisait des produits naturels, de l'argile ou des orties, pour fortifier ses cultures ?

C'est pourtant ce qui ce constate chaque jour l'ASPRO-PNPP, Association pour la Promotion des Préparations Naturelles Peu Préoccupantes. Derrière son Président Jean-François Lyphout, l'association de Rouffignac-St-Cernin organise ce mercredi et demain jeudi avec la Confédération Paysanne un colloque national Alternatives Naturelles aux Pesticides.

Ces PNPP, comme leur nom l'indique, sont des préparations naturelles qui permettent de limiter, et souvent d'arrêter l'utilisation de pesticides ou d'engrais chimiques. Des décoctions, infusions ou purins, des macérats, des huiles essentielles... 

On utilise du vinaigre, du lait, de l'argile, de la prêle, des orties, de l'ail, de la grande consoude. Des ingrédients appréciés des jardiniers depuis des générations comme autant de remèdes aux vertus reconnues pour chasser les insectes ravageurs, renforcer les cultures ou éviter les maladies.

Sauf que ces produits causaient visiblement des démangeaisons... au législateur. Ils ne faisaient pas l'objet d'une mise aux normes, d'une réglementation, d'études longues et coûteuses en laboratoire, d'homologation et ne sortaient pas d'usines internationales agrémentées. Bref, ils échappaient au contrôle comme autant de mauvaises herbes. Les mauvaises langues prétendent même qu'ils gênaient les lobbies... et ne rapportaient rien à personne, sauf à leur utilisateur.

La guerre de l'ortie, un irritant parcours du combattant 

  • Début 2006, la loi d'Orientation Agricole est votée : elle interdit tout produit phytopharmaceutique qui n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché ni d'homologation.
     
  • Quelques mois plus tard, Eric Petiot, un paysagiste qui veut diminuer les intrants phytosanitaires en cultivant un sol sain, reçoit la visite de la Direction Nationale des Enquêtes de Concurrence de Consommation et de Répression des Fraudes. Motif : dans ses cours et stages il fait la promotion de produits auxquels il attribue des propriétés fongicides insecticides ou acaricides. Des produits non-homologués comme le purin d’ortie par exemple. C'est le point de départ de la "Guerre de l'Ortie" qui oppose toujours les défenseurs des alternatives naturelles aux pesticides aux industriels et, parfois, aux législateurs.
     
  • En décembre 2006, un amendement exclut les PNPP des produits phytopharmaceutiques.
     
  • Avril 2008, le répit aura été de courte durée, un décret classe à nouveau les PNPP dans les produits phyto, une longue traversée du désert qui durera 6 ans
     
  • Octobre 2014, la Loi d'Avenir Agricole reconnaît les PNPP comme biostimulants
     
  • Avril 2016, un décret donne une première liste (trop restrictive selon leurs partisans) des 148 plantes autorisées PNPP
     
  • Octobre 2018,  la loi Egalim (la même qui interdit les néonicotinoïdes) met en place un dispositif pour l’autorisation de ces substances. Un dispositif que malheureusement l'ASPRO-PNPP déplore " lourd et inadapté"
Bref, après 13 ans de lutte, les militants et paysans qui souhaitent une utilisation généralisée et simplifiée de ces produits naturels ne sont toujours pas au bout de leur peine... 
 
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